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Les oiseaux migrateurs privilégient la Tunisie
Redécouvertes
Publié dans Le Temps le 23 - 12 - 2007

Depuis plus de 2000 ans, les mosaïques de l'époque romaine racontent que la Tunisie est une terre d'accueil privilégiée des oiseaux migrateurs. Elles nous apprennent aussi que ces oiseaux ont toujours été recherchés par les populations locales. A l'heure où l'on parle beaucoup d'écotourisme et d'étalement des séjours touristiques, pourquoi ne pas présenter à des visiteurs étrangers, européens en particulier,
nos « touristes d'hiver » qui pourraient les intéresser aussi bien sur le plan écologique que sur celui de la gastronomie durant une saison au climat doux ici, alors que, au Nord de la Méditerranée, il ne reste plus rien à voir.
La caille des blés est le plus petit et certainement le plus anciennement connu des gallinacés. Certains chercheurs prétendent même que c'étaient des cailles qui composaient la « manne » : la nourriture miraculeuse alimentant les Hébreux dans le désert. Elles arrivent sur les rivages africains tout le long de l'automne, portées par des vents favorables. Leurs ailes rondes et courtes, comme celles des poules et des perdrix, en font de mauvais « voiliers ». Nous en avons vu arriver, aux alentours d'El Haouaria, au ras des flots, tellement épuisées qu'elles percutaient littéralement le sol, restaient quelques secondes immobiles, étourdies puis allaient se blottir dans les buissons voisins où on pouvait les attraper simplement en posant son chapeau sur elles.
Les pratiques agricoles modernes et les intrans : herbicides, pesticides, insecticides, leur sont très néfastes et cet oiseau, de la taille d'un petit poing, typiquement méditerranéen, doit être rigoureusement protégé, en Tunisie en particulier, car il tend à se raréfier rapidement.
Le « Roi des cailles » n'est pas un gallinacé mais un rallidé et doit être plutôt appelé le « Râle des genets ». Un peu plus gros qu'une caille, il est intégralement protégé en Tunisie. Il fait aussi l'objet d'une protection active en France car il devient de plus en plus rare. Il vit actuellement sur des terrains ouverts à cultures extensives et à végétation haute. Il affectionne les zones humides. Le mâle est l'archétype du mari volage. Alors que la femelle fécondée s'en va pondre une bonne douzaine d'œufs qu'elle couvera seule, le mâle s'élance vers de nouvelles conquêtes proches ou lointaines car il vole bien. Un mal bagué en hiver en Afrique, s'est accouplé en mai en Hollande et s'est fait tuer en août en Lettonie ! Il est vrai que la femelle se console vite et refait, dans l'été, une nouvelle couvée, avec un autre « mari ».
La ou les grives sont haïes par les oléiculteurs mais font l'objet d'un culte de la part des gastronomes qui couvrent leur tête et leur assiette d'une grande serviette, en les dégustant pour n'en rien perdre même pas le fumet. Quatre espèces de grives hivernent en Tunisie. La grive « musicienne » est la plus nombreuse. Elle a subi, pendant des années, une chasse intensive féroce, de la part des chasseurs locaux et des étrangers si bien que ses effectifs ont beaucoup diminué et que sa chasse est actuellement très réglementée. Ce délicieux petit oiseau, comme les espèces voisines : la « mauvis », la plus tardive annonçant le froid, la « draine » et la « litorne » les plus individualistes et les plus méfiantes, sont les « parures » des maquis touffus qui couvrent les collines au Nord de la Dorsale tunisienne.

Les plus malignes
Tous les professeurs vous diront, à quel point il est difficile de formuler un jugement de valeur, pourtant la bécasse et la bécassine, aux noms voisins bien qu'elles vivent très différemment, nous semblent être les plus malignes des oiseaux que nous connaissions.
La bécassine des marais, comme les espèces voisines : la bécassine double rarissime et la bécassine sourde de la taille d'un petit moineau, sont des oiseaux d'eau, de petits échassiers. La longueur de leur bec - 6 à 7 centimètres pour une longueur du corps de 25 centimètres et une envergure de 45 centimètres pour une bécassine des marais ! - est leur principale caractéristique. Indépendamment d'être très appréciées par certains gastronomes, elles ont un très beau plumage qui mêle les beiges aux bruns et aux roux, formant des tâches et des rayures. Nous les avons vues s'envoler presque sous nos pieds englués dans la boue, puis faire une série étourdissante de crochets courts et rapides, au point que nous avons vu des chasseurs être éclaboussés par l'eau du marais dans laquelle ils avaient tiré à quelques pas devant eux ! En France, un dicton affirme : « Regarde la bécassine dans ses crochets et tire après ». Mais la maligne doit le connaître car, très souvent, après les crochets, elle fonce droit en direction du soleil où elle disparaît aux yeux de l'observateur ébloui !
La « Dame des bois » : la bécasse des bois est un oiseau encore très mystérieux bien qu'il soit très étudié et qu'il fasse l'objet d'un véritable culte en Europe. On ne sait pas encore exactement d'où viennent les bécasses qui hivernent en Tunisie ni par où elles passent. Comme elles pèsent pratiquement le même poids, 310 à 320 grammes environ, à leur arrivée - où elles devraient être maigres et fatiguées par leur migration - et à leur départ - où elles devraient être grasses et avoir pris des forces, on pense qu'elles viendraient de Russie. Elles traverseraient l'Europe de l'Est, où elles trouvent de nombreux biotopes favorables, en diagonale vers l'Italie et la Tunisie, sans avoir à parcourir de grandes distances où elles ne pourraient pas refaire leurs forces.
Tous ceux qui admirent la dame au long bec - 7 centimètres pour 30 à 35 centimètres de longueur et 57 à 58 centimètres d'envergure - apprécient son plumage roux, brun et beige, sa tête ornée de trois barres de plumes brun foncé et l'extrémité blanc nacré brillant de ses sandales. Ses grands yeux noir brillant voudraient indiquer qu'elle voit bien la nuit durant laquelle elle se déplace souvent et dans la pénombre des sous-bois où elle vit. Mais nous savons qu'elle voit aussi parfaitement le jour. Demandez-le au chasseur, dépité, qui la regarde monter en spirale serrée autour du tronc d'un arbre jusqu'aux branches au travers desquelles elle disparaît en crochets courts sans toucher un rameau ni une feuille !
Pourquoi, en France, traite-t-on de « bécasse » une dame sotte ? La belle mordorée est une maligne. Certains l'ont vue transporter, un à un, ses petits menacés, en vol, coincés entre son ventre et ses pattes ! D'autres ont pris des oiseaux dont une patte était enveloppée d'un emplâtre fait de boue et de brins d'herbe. Il servait à « consolider » une fracture - parfois ressoudée ! - du membre : la bécasse serait médecin ! Alors, maligne ou non ?

Les plus belles
Il est en des goûts et des couleurs comme des amours : à chacun les siens ! Pour nous, parmi les « touristes » d'hiver, nous préférons les sarcelles et les canards tadornes.
Les sarcelles d'hiver dont les mâles portent un « Loup » de velours vert sombre cerné d'un liseré blanc sur des joues couleur de châtaigne, des flancs finement tavelés de petites tâches grises et un curieux croupion jaune bordé de noir, semblent être déguisées.
Les mâles des sarcelles d'été, très rares et intégralement protégées en Tunisie, ont un plumage plus discret mais tout aussi remarquable : elles portent un masque clair bordé de noir sur des joues et une poitrine rousses. De longues plumes, en faucille, descendent du dos vers les flancs tâchés de gris clair. Ces deux espèces partent du Nord de la Russie et de la Scandinavie, parfois volent jusqu'aux rivages atlantiques puis se ravisent, traversent l'Espagne et la Méditerranée pour venir orner nos plans d'eau douce. Ces miniatures de canards, à peine plus grosses qu'une tourterelle, volent à plus de 100 km / h et sont capables de crocheter à pleine vitesse.
Le canard tadorne, intégralement protégé, porte sans doute, le plumage le plus curieux que nous connaissions. A l'opposé de la plupart des canards, mâle et femelle tadorne ont la même « tenue » : un bec rouge vif termine une tête et un cou noir, comme les ailes. Le plumage du corps est blanc à part un large bandeau roux autour du corps à la naissance des ailes et d'une tâche brune avant la queue. Ces canards nichent dans un terrier ! La femelle est très entreprenante : elle choisit le terrain où nourrir ses petits en bord de mer, elle couve seule 8 à 12 œufs et elle mène le vol, parait-il ! Eux aussi nous viennent de la lointaine Scandinavie et des côtes du Nord de la Russie d'Europe.
L'avocette est la top - model des bords de mer avec son long bec fin recourbé vers le haut, ses longues pattes minces bleutées, et son plumage blanc maculé de noir profond sur la tête, les ailes et le croupion. Souple et flexible, le long bec « ratisse » à vivre allure, la vase fluide de l'estran, happant au passage une larve, un ver marin ou un minuscule crustacé.
Dès le mois de septembre, au moment où les estivants se font plus rares et où les européens âgés viendraient plus volontiers car ils n'auraient plus à craindre la canicule, des vagues d'oiseaux migrateurs arrivent en Tunisie : 119 espèces environ. Certains hivernent, d'autres ne font que se reposer quelque temps avant de poursuivre leur voyage. Tous les biotopes : zones humides, forêts, rivages marins, maquis reçoivent leurs locataires. Qu'est-ce qui est fait actuellement pour les présenter aux amateurs fort nombreux au Nord de la Méditerranée ?
A notre avis, il aurait été beaucoup plus judicieux d'installer les grandes éoliennes dans la région des Mogods proches de Bizerte et Tabarka, grandes consommatrices d'électricité ou au sommet du Jebel Ansarine voisin de Tunis plutôt que de les ériger à El Haouaria, sur une zone privilégiée d'atterrissage des oiseaux migrateurs. La nuit, les grandes pales des rotors, servent d'assommoirs à répétition. A voir les oliviers pliés en deux, dans les Mogods et au Jebel Ansarine, on constate que le vent y est aussi constant et aussi fort qu'à l'extrémité du Cap Bon.
Quel organisme se charge de former des « écoguides » compétents ? Ceux qui sortent de l'école de Tabarka nous ont paru peu informés et inadaptés car ils ne savaient s'exprimer qu'en arabe. Où sont les observatoires à oiseaux et les guides dans les Parcs Nationaux ? Nous avons suggéré que soient installés des « charniers », approvisionnés gratuitement par des déchets de boucherie qui vont aux décharges où ils « empestent », pour réintroduire, dans l'Ouest tunisien, le grand vautour fauve qui vit encore en Algérie orientale, comme cela s'est fait en Espagne et dans le Parc des Cévennes en France. Ces charniers procureraient, en outre, de la nourriture, non seulement aux autres rapaces opportunistes qui se multiplieraient, à la grande joie des visiteurs de la Tunisie, mais aussi à la hyène rayée, typique d'Afrique du Nord, en voie de disparition, faute de nourriture.
Les gîtes ruraux qui sont en train de s'installer actuellement pourraient servir de « bases » à un écotourisme automnal, hivernal et printanier dans lequel l'observation des très nombreux oiseaux qui passent et/ou s'installent en Tunisie tiendrait une large part très intéressante. Une seule toute petite entreprise existe. Elle est appelée « La Bécasse ». Quand le « faire » remplacera-t-il le « dire » ?


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