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Montée d'une force centriste-progressiste, et Bourguiba est tout près…
Publié dans Le Temps le 03 - 06 - 2020

L'audition, prévue pour aujourd'hui, 3 juin, du Président du Parlement, représente, à n'en pas douter, une première dans les annales de cette « jeune démocratie » tunisienne qui n'en finit pas de rechercher ses marques, tout autant qu'elle alimente les louvoiements de certaines forces étrangères. Pour positiver -puisque c'est le seul moyen de regarder le verre dans sa moitié pleine- il faudra bien admettre que cette séparation des pouvoirs sanctifiée par la constitution, et pourtant malmenées par les jeux d'influences occultes, représente le nœud gordien dont devront débattre les élus du peuple. A savoir, le Président du Parlement a-t-il outrepassé le champ de ses propres prérogatives parlementaires, en établissant des ponts diplomatiques, en dépit et en dehors des principes et des circuits officiels de la Tunisie, principes et circuits dont seul le Président de la République est garant ?
Que le Parlement tunisien, malgré un « Bureau » omnipotent, et qui restitue à Ghannouchi une force de frappe fragilisée à Montplaisir, consente à inscrire cette audition -crime de lèse-majesté, en fait- cela pourrait être mis sur le compte d'une « transparence » de façade. Car, si Rached Ghannouchi y a consenti, c'est qu'il est toujours convaincu de sa propre invulnérabilité. C'est que, par ailleurs, il sait qu'une procédure d'impeachment, n'est pas facilement applicable. Et, pour tout dire, il sait compter sur ses nombreux suppôts dans et en dehors de l'hémicycle : sa destitution ne se ferait pas. Et elle n'arrangerait personne. Pas plus le gouvernement Fakhfakh qui a déjà du mal à consolider sa ceinture gouvernementale, que Kaïs Saïed lui-même qui craint que le pays ne bascule dans le chaos.
Bataille,
et à chacun ses armes
En soi, cette audition, ardemment obtenue par Abir Moussi avec tous les moyens de ce qu'elle appelle « sa lutte » contre ce qu'elle appelle « l'omnipotence » de Rached Ghannouchi au Parlement, est destinée à lever le voile sur la désinvolture diplomatique du Président d'Ennahdha, à ses rapports étroits avec le gouvernement de Fayez El Sarraj, dans la pure logique de la constante allégeance à « La Sublime porte », fantasme d'un néocolonialisme ottoman, ce rêve que ne cesse de caresser Erdogan du creux de la main.
Dès son investiture Président de l'ARP, Ghannouchi avait promptement pris le vol pour Ankara, et cela a été annoncé par les médias turcs, et pas dans la page officielle du bureau de l'ARP. C'est le genre d'initiatives qui irritaient tant « son frère El Béji » aux premières années mielleuses de la bipolarité Nida/Ennahdha. Très diplomatiquement, le défunt Président de la République lui en a fait la remarque. Et, cela a fait que le chef d'Ennahdha s'est conformé à une certaine discipline : il s'est mis à demander l'autorisation auprès de BCE de se rendre à l'étranger. Une fois, sur une autorisation de se rendre à Doha, taquin et sarcastique, le défunt Président aurait eu cette réponse : « Au fond, le Qatar, c'est aussi chez toi ». Ceci pour l'anecdote.
Rached Ghannouchi n'en démordait pas moins, cependant. Pas plus auparavant que maintenant qu'il est Président de l'ARP. Quelque part, le vieux manœuvrier qu'il est pourrait, à la limite verrouiller son service de la communication au sein du Parlement, voire user de son influence pour museler certains médias. Il n'a pas prévu que les médias au service d'Et Sarraj allaient instrumentaliser ce coup de fil dans lequel il le félicite d'avoir reconquis une base militaire. Et, qui plus est, Ghannouchi a tout l'air d'avoir sous-estimé Abir Moussi….
Dans ses contorsions d'idée fixe dans la guerre déclarée à Ghannouchi et à Ennahdha, dès le début de cette législature, ce coup de fil représente un don du ciel. La cerise sur le gâteau. L'arroseur arrosé aussi. Une véritable rampe de lancement d'un combat qui ne finira pas avec cette audition. Et ce combat, ne tient plus uniquement à la casuistique. Il induit aussi un certain recentrage du paysage politique tout entier.
Abir Moussi
«apporte de l'eau à son vin»
Abir Moussi a compris qu'à elle seule, elle ne pourrait placarder Ghannouchi et Ennahdha, du moins l'aile dogmatique, pure et dure du Mouvement. Nous disons « Mouvement », parce que, ceux parmi les islamistes qui restent agrippés à leur roman des origines depuis quarante ans, jugent contre-nature la civilité d'Ennahdha, ne sont pas près de renoncer au référentiel religieux, et c'est cette aile qui a pris le dessus, avec la dissolution du bureau exécutif et la vague de démissions.
Zied Laadhari, Abdelhamid Jlassi et les distances prises par d'autres figures emblématiques du «Mouvement» représentent autant de signes avant-coureurs de sa propre perdition. Abdelhamid Jlassi a même récemment conseillé à Rached Ghannouchi de se consacrer à autre chose que la politique, lui rappelant aussi les affres du naufrage de l'âge ayant sclérosé le long règne de Bourguiba et l'addiction de Ben Ali au pouvoir. Et, surtout en ce moment précis, où des pétitions circulent quant «aux origines de la fortune personnelle de Rached Ghannouchi», où l'on annonce un sit-in qui devait débuter le 1er juin, mais qui a été reporté au 14 là où, dit-on, «le peuple» de Kaïs Saïed entrera en jeu. A condition que Saïed considère lui-même que c'est le moment idoine pour réformer le régime, ce qui reste cependant à prouver. Il n'est pas non plus évident qu'Elyès Fakhfakh, inévitablement lancé dans le titanesque redressement du pays, le souhaiterait, lui non plus.
Mais la nouvelle donne va au-delà de la simple audition du Président du Parlement. Une audition dont les suppôts de Rached Ghannouchi prétendent qu'elle consacrera juste un dialogue. Abir Moussi, si près du but -celui de désacraliser Ghannouchi- n'a cependant pas enclenché ce mécanisme, juste pour dialoguer dans les contours d'un échange d'amabilités.
Sauf que, Abir Moussi a, elle aussi, procédé à une certaine introspection. Elle comprend que «ce seule contre tous» ne pourrait conduire qu'à la politique de la terre brûlée, celle d'Al Kahina à laquelle l'identifie l'imagerie populaire.
Voilà donc qu'elle s'est ravisée, pour s'asseoir à la même table que La Réforme nationale, Al Mostakbal, Tahya Tounes et Qalb Tounes. Et cela donne, déjà cinq blocs signataires. Abir Moussi aura ainsi apporté de l'eau à son vin. Parce qu'au final, cette ébauche de conglomérat autour de ces cinq blocs parlementaires, ne limiterait pas son action à la simple audition de Rached Ghannouchi. Ce serait bel et bien, comme l'a déclaré la députée Nesrine Laâmari, l'ébauche d'une force progressiste-centriste et la refondation de la philosophie bourguibiste sous une même bannière. Et, c'est stratégique et intelligent à la fois : Bourguiba et son legs restent, en effet, le cauchemar des islamistes. Après tout, il s'agit de souveraineté nationale, et de constantes immuables de la diplomatie tunisienne: là, personne ne pourra occulter Bourguiba.


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