Ce n'était pas un secret de polichinelle qu'un désaccord profond existe entre le mouvement Echaâb et son partenaire gouvernemental Ennahdha et ce depuis l'accord sur la formation du gouvernement Fakhfakh. La dernière passe d'armes à l'ARP, la nuit du 4 juin a approfondi encore plus le désaccord « cordial » ! Sans aller jusqu'à la rupture, Le Mouvement islamiste Ennahdha n'est pas du tout content de ses relations au sein de la coalition gouvernementale et particulièrement avec le Mouvement « nationaliste arabe », Echaâb. Déjà, « l'armée bleue » de facebookers nahdhaouis fait circuler une pétition on-line contre le mouvement de Zouheir Maghzaoui. D'autre part, le parti de Rached Ghannouchi a refusé de signer « la charte de solidarité » présentée par le chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh afin de consolider sa coalition. Ghannouchi lui-même a souligné les difficultés de cohésion de la coalition gouvernementale dans son interview avec Nessma Tv lundi dernier. Les deux partis ne sont pas à leur première passe d'armes depuis leur travail en commun avec Fakhfakh. Echaâb, ligué depuis les débuts de cette législature avec le Courant Démocratique, avait participé activement au refus de confiance au gouvernement Habib Jemli. Les Nahdhaouis ne l'oublieront pas de sitôt ! On sot également qu'Echaâb est à l'opposé des islamistes sur le dossier de la Syrie et, plusieurs fois, les deux camps se sont montrés très remontés l'un envers l'autre, à ce sujet. Alors, quand le Mouvement Echaâb a voté la motion présentée par le PDL à propos de la Libye, tandis que son partenaire, le Courant Démocratique s'est abstenu, les nahdhaouis ont crié à la trahison et plusieurs députés ont stigmatisé la position du parti de Zouheir Maghzaoui allant jusqu'à appeler à se désolidariser du gouvernement. De son côté, le mouvement Echaâb n'en rate pas une contre les islamistes. Lors de la « longue nuit » du 4 juin au parlement, les députés d'Echaâb se sont donné à cœur joie contre Ghannouchi et ses alliés à Tripoli. Ils ont voté la motion du PDL et ils en ont profité après pour fustiger les duplicités d'Ennahdha et de la Coalition Karama à propos de l'intervention turque en Libye. Ils ont ainsi rappelé que le parti islamiste et El Karama avaient voté contre l'intervention turque en Libye au sein du Parlement arabe et aujourd'hui ils votent contre la motion rien que parce qu'elle est présentée de manière différente et par des partis différents. Il faut rappeler à ce sujet que la cohabitation entre de nationalistes arabes (nassériens de surcroît) avec un mouvement islamiste a de quoi surprendre de point de vue historique. Nasser est considéré par les islamistes et particulièrement ceux de la Confrérie des frères musulmans comme le Satan arabe ! Il avait condamné à mort et exécuté Sayed Qotb, leur leader symbolique, et il les a longuement pourchassés et mis en prison en Egypte. Pour les nationalistes arabes, la communauté arabe n'est pas du tout, exclusivement, musulmane et d'ailleurs plusieurs grands leaders nationalistes étaient de chrétiens arabes. Les ténors du mouvement Echaâb avaient présenté leur coalition au sein du gouvernement Fakhfakh comme un sacrifice pour les besoins du pays et pour empêcher Ennahdha de tout rafler dans le partage du pouvoir. Ils ont très tôt mis sur la table le concept du « gouvernement du Président » afin de contourner la première place d'Ennahdha au sein de l'ARP. Cela, les nahdhaouis ne l'oublieront pas et les jours à venir verront plus d'une passe d'armes entre les deux mouvements. L‘union entre Echaâb et le Courant démocratique au sein du bloc parlementaire démocratique et le gouvernement Fakhfakh risquent d'en payer les pots cassés !