« Le choix du président de la République est constitutionnel et répond aux critères formulés par son mouvement. Sur la forme, nous estimons que le prochain gouvernement doit être politique par excellence afin qu'il ait un soutien parlementaire et pouvoir déterminer les responsabilités. Qalb Tounes n'est pas notre ennemi, mais nous avons refusé qu'il soit utilisé comme un moyen de chantage pour faire pression sur le gouvernement Fakhfakh. Tous les scénarios sont possibles et nous sommes contre toute forme d'exclusion. Il est nécessaire de rectifier le processus parlementaire tenant compte de la mauvaise gestion de Rached Ghannouchi des affaires parlementaires. Les députés doivent assumer leurs responsabilités historiques. Nous sommes confiants et je considère que plusieurs blocs parlementaires et autres députés indépendants ont revu leurs positions, notamment, après le choix de Hichem Méchichi pour la présidence du gouvernement ». Khaled Khrichi (Dirigeant et député au mouvement Echaâb) « De prime abord, il est bien clair que le fait que le président de la République n'ait pas choisi le personnage le plus capable parmi les noms proposés par les partis et les blocs parlementaires était bel et bien attendu et en totale harmonie avec ses positions et sa vision. En outre, le président de la République Kaïs Saïed a déjà longuement parlé et à plusieurs reprises de la "majorité spoliée", ce à quoi la majorité parlementaire ne correspond nullement pas. D'ailleurs, il est à signaler que la lutte pour établir et imposer la légitimité" était claire et nette, depuis un certain temps, entre légitimité large et vaste et légitimité parlementaire qui se déroule dans des élections en nombre limité. Par ailleurs, la Constitution permet au président de la République de s'approprier la décision, "et les ficelles du jeu" ». Mustapha Ben Ahmed (Président du bloc parlementaire Tahya Tounes) « Pour Kaïs Saïed, le choix de Hichem Méchichi vise d'abord à infliger un camouflet au régime des partis. Il illustre aussi un travers désormais coutumier de la vie politique tunisienne : la remise à zéro permanente des compteurs, qui fait perdre un temps infiniment précieux au pays alors que la situation est critique. Si au moins l'expérience du président compensait l'inexpérience du chef du gouvernement ! Même pas... Le choix de Méchichi, candidat de personne, vise en réalité à précipiter une dissolution. Mais là aussi, le calcul est hasardeux. Tant que le mode de scrutin restera le même, et tant que la scène politique restera aussi éparpillée, le Parlement tunisien demeurera ingouvernable. La théorie selon laquelle une dissolution dont Ennahdha assumerait en quelque sorte la responsabilité politique permettrait de dynamiter électoralement le parti islamiste est une théorie naïve et absurde ». Samy Ghorbal (Analyste politique et consultant) « La situation économique et sociale est difficile, certes, mais comment une compétence économique peut-elle appliquer les réformes nécessaires dans un paysage politique où les partis ne font que marchander pour garantir leurs intérêts, y compris lorsqu'il s'agit de la nation. Comment peut-on stimuler l'investissement dans une société où des responsables interviennent dans la sécurité et la justice dans l'objectif de manipuler des dossiers et des PVs ? Le président de la République en a parlé d'ailleurs. Comment l'économie peut-elle redécoller dans une société dominée par la corruption ? Comment un homme d'affaires peut-il investir dans un pays où il est difficile d'appliquer la loi ? Comment la situation des finances publiques pourrait-elle s'améliorer dans un contexte d'importation anarchique et de contrebande, qui se font au détriment de la production locale ? De ce fait, des compétences non partisanes, désignées pour diriger les ministères liés à l'économie et aux finances, seront capables de mener les réformes fondamentales ». Brahim Nacef (Ancien Député à l'ARP)