La Galerie municipale Hédi Turki de Sidi Bou Saïd abrite du 16 au 23 août l'exposition personnelle de l'artiste-peintre Leila Selmaoui, intitulée « Co-Confiner ». Plus de 30 tableaux faits en acrylique sur soie, ornent les cimaises de la Galerie. L'artiste peintre tunisienne, originaire de Sbiba, est diplômée en arts plastiques de l'Institut supérieur des beaux-arts de Tunis en 2007. Elle est aussi titulaire d'un master en philosophie contemporaine – option esthétique depuis 2010. Leïla Selmaoui a participé à plusieurs expositions de groupe à la Maison des arts-Palais Kheiredine, El Teatro, Galerie Yahia, Palais Abdellia, Dar Sebastian (Hammamet) et individuelles à Sbiba (2005), Astrolabe (2012), Sadika (2013). Nous avons abordé l'artiste le jour du vernissage. La voici qui parle de sa nouvelle exposition : « Le titre de mon exposition est tiré du confinement qu'on a dû passer, individuellement ou collectivement à cause du coronavirus. Cet isolement du monde et des amis qu'on a vécu avec toutes ses retombées sur notre vie, nos contacts et nos habitudes familiales et sociales. Tous ces travaux, je les ai donc réalisés en période de confinement, étant très impressionnée par cette situation. A vrai dire, l'isolement n'est pas chose étrange pour un artiste, sachant qu'il travaille toujours dans la solitude, l'isolement, souvent retiré de la société pour pouvoir créer. Alors, j'en ai profité pour m'exprimer sur cette nouvelle situation qu'on était obligé de vivre, ce qui a donné la naissance de ces trente œuvres artistiques. Les toiles sont de moyen et de grand format, à base d'acrylique sur soie. Vous remarquez la grande présence des figures féminines dans mes travaux, c'est tout simplement parce que la femme est source d'inspiration de par toutes les bonnes qualités qu'elle possède. Comme vous voyez, mes tableaux sont faits en acrylique sur tissu et les couleurs sont contrastées avec en sus la spontanéité des gestes et la liberté des touches... » Malgré l'isolement, l'artiste ne s'est pas abstenue de recourir à des couleurs chaudes et criardes, souvent imprégnées de lumière, histoire de garder l'espoir dans des circonstances difficiles. Les tableaux prêtent à plusieurs lectures, donc à des interprétations différentes. Un appel à la joie, au bonheur et à la vie en commun, pour vaincre la peur, surtout dans les moments les plus difficiles. Cependant, il est à déplorer le mauvais état de cette Galerie Municipale, installée au cœur de la ville, donnant sur une rue très animée, hiver comme été, et qui a besoin d'être restaurée. Les murs intérieurs sont en très mauvais état. Le toit central, couvert de vitres, menace de s'effondrer et la climatisation est absente, surtout en ces jours de canicule. La lumière, pourtant très utiles pour la visibilité des œuvres exposées, laisse à désirer. De plus, depuis quelques années, il n'y a pas de responsable qui régit les lieux, un spécialiste qualifié qui s'en occupe, comme c'est le cas de plusieurs galeries étatiques (Galerie Guermassi à Tunis, Galerie d'art de Ben Arous...) La Municipalité se contente de louer les lieux à tel ou tel artiste contre une somme d'argent et son rôle s'arrête là, tout comme elle le fait pour les locaux publics. Or, il s'agit bien d'un espace culturel où sont exposées des œuvres d'art. N'est-il pas grand temps d'agir pour sauvegarder cet espace culturel menacé.