La chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Ben Arous a examiné hier une affaire de vengeance qui sort de l'ordinaire puisque l'accusé, n'ayant pas obtenu gain de cause la première fois, a récidivé pour se faire éconduire sèchement cette fois-ci par la jeune fille qui refusait catégoriquement à passer des moments agréables avec lui. Que s'est-il passé dans la petite cervelle de ce délinquant qui, des heures durant, était planté quelque part pour attendre avec une infinie impatience l'élue de son cœur qui ne partageait malheureusement pas le brûlant amour qui le consumait ? Une idée saugrenue a émergé de son imagination fertile. Alors qu'elle rentrait d'une longue journée de labeur, il est allé tout droit lui proposer de filer le parfait amour, à la belle étoile. Pourtant, elle était accompagnée d'une collègue de travail. On appelle cela de l'effronterie manifestée par l'inculpé, inconscient de ses actes. Il s'était posté devant le café du coin pour attendre le passage de celle sur laquelle il a jeté son dévolu, étant fortement épris de la belle jeune fille. Néanmoins, cela ne peut en aucun cas justifier son geste commis quelque temps plus tard lorsqu'il a été à nouveau rabroué. En s'attaquant à la victime avec une lame de rasoir, l'intention était évidente : balafrer son visage pour la rendre méconnaissable. En quelque sorte, le tribut à payer pour avoir égratigné l'amour-propre du prétendant éconduit. Sur le coup, il ne s'est pas rendu compte de la monstruosité de son action. Par dépit, il prenait une simple vengeance. Et par effet de boule de neige, il n'épargna pas sa camarade qui l'accompagnait. Entrant dans une colère aveugle, il lui infligea une terrible correction, lui causant également de graves blessures au visage. Presque défigurées, les deux jeunes filles se rendirent au poste de police le plus proche où elles déposèrent plainte contre leur agresseur qu'elles connaissent suffisamment puisqu'il n'a cessé de les importuner à plusieurs occasions. Transportées ensuite à l'hôpital, elles reçurent les soins nécessaires, en s'en tirant avec de nombreux points de suture au visage. Arrêté, le délinquant avoua son forfait, tout en ne s'expliquant pas les pulsions négatives qui l'amenèrent à le commettre. « C'était plus fort que moi, je désirais cette jeune fille à la folie », devait-il se confesser aux enquêteurs. La cour a mis le jugement en délibéré.