Un collectif d'artistes vivant à Montréal au Canada, vient de présenter au cours de ce mois, un projet commun intitulé : «Identité.e.s : 1+1+1+1+1», avec la participation de cinq artistes de cultures et d'horizons divers. Il s'agit de la Tunisienne Neila Ben Ayèd, de l'Algérien Azzedine Mekbel et des Canadiens Marlène Luce Tremblay, Jean François Leclerc et Michel Pierre Lachance, qui se sont connus lors d'expositions collectives au Québec, en Tunisie et ailleurs, organisées pour la plupart, par l'Algérien Bousmaha Seddiki, commissaire du Rallye-Expo de « Vues d'Afrique » ; un festival qui contribue depuis de nombreuses années, à soutenir des artistes émergents de toutes origines établis à Montréal. A l'initiative de Jean François Leclerc, les artistes ont décidé il y a un an de se réunir autour d'un thème commun ; « un projet qui leur a permis de créer des liens plus étroits, d'échanger sur leur pratique artistique et pour certains, de pousser plus loin leur démarche créative », explique le collectif. Une fois l'idée lancée, chacun a réfléchi à ce qui pouvait exprimer la notion d'identité à travers son approche, ses médiums, ses techniques, son histoire personnelle, et son parcours artistique. Cinq projets en sont nés et ont été exposés à la galerie Archive Art Contemporain de Montréal. Selon Neila Ben Ayèd, vu la crise sanitaire qui sévit dans le monde, il n'y a pas eu un vernissage commun pour les cinq artistes ; chacun d'eux a dû planifier deux vernissages pour ses contacts, proches et amis. Quant à elle, pour cause de confinements subis à Tunis puis Montréal, il lui était seulement possible de répondre aux questions virtuellement. « L'avantage pour les artistes a été, explique t-elle, la possibilité de communiquer en plusieurs petits groupes de façon très personnalisée. Le désavantage, c'est de ne pas vivre ensemble cet heureux événement ». S'agissant du thème choisi, « Identité.e.s : 1+1+1+1+1» a permis d'approfondir leurs démarches en travaillant le sens de leurs œuvres et la médiation qui en découle ; c'est une manière de marquer, précise Neila Ben Ayèd, la diversité des identités et d'y inclure l'identité féminine et aussi, de jouer avec la langue pour en créer un mot intrigant. Dialogue des cultures Issue du milieu du design, Neila Ben Ayèd est une artiste tuniso-canadienne de réputation internationale. Depuis qu'elle a remporté le premier prix du concours international d'affiche 2003 de Vues d'Afrique à Montréal, ses expériences artistiques se sont multipliées et lui ont permis de réaliser plus de cent cinquante expositions, solos et de groupe à travers le Canada, les USA, (Galerie Ashok Jain, New-York, et au siège des Nations Unies), l'Italie, (Biennale de Venise, musée Carlo Bilotti à Rome), le Maroc, la chine, la France et la Tunisie. En 2019-2020, ses œuvres ont été remarquées dans des lieux prestigieux tels, le Palais Montcalm et l'Assemblée nationale du Québec. Le travail de Neila Ben Ayèd révèle une identité métissée et une ouverture sur le monde, tout en proposant un dialogue entre les cultures. Les œuvres produites pour cette exposition évoquent le pari selon lequel, malgré les différences et leurs conflits, l'identité peut s'enrichir au fur et à mesure que la personne grandit, voyage, dialogue, côtoie ou se confronte à d'autres cultures. L'aspiration à la liberté Historien montréalais et muséologue engagé dans la mise en valeur de sa ville pluriculturelle à travers la mémoire et l'histoire de ses citoyens, Jean François Leclerc a patiemment entrepris une démarche personnelle en arts visuels en marge de son travail dans le monde des musées. Pour lui, toute œuvre est une proposition. Depuis 2012, il fait connaître la sienne par plusieurs expositions solos et lors d'expositions collectives, notamment dans le cadre du Rallye-Expo. Dans ses grandes toiles à l'acrylique entre l'abstraction et la figuration, le premier élan spontané du geste et de la couleur se mue par ajouts graduels, soulignements et soustractions en un monde foisonnant et mystérieux. Le triptyque produit pour cette exposition évoque la tension entre l'aspiration de chacun à sa liberté et à son identité personnelle, et une condition humaine soumise au poids des identités et des mythes collectifs. Tunisienne de cœur et d'âme, Marlene Luce Tremblay est une artiste-photographe qui, lors de nombreux voyages en Europe, au Maghreb et au Moyen-Orient, a su capter les cultures, la diversité et l'histoire des grandes civilisations tout en mettant en valeur, les beautés de la nature. Installée au Québec, elle a vécu à New-York où elle a travaillé pour les Nations Unies tout en poursuivant ses activités artistiques. Au cours de sa carrière, Tremblay a exposé à Montréal, New York, Paris, Londres, Le Caire, Alger, Tunis et Sidi Bou Saïd, ainsi qu'en Italie, notamment à la Biennale de Florence de 2017 (5 ème prix ex aequo de photographie). Les œuvres présentées dans cette exposition combinent photographie et peinture, mettant au défi les frontières habituelles entre ces disciplines artistiques. L'Afrique, berceau de l'Humanité Peintre, photographe, architecte et designer d'intérieur, Michel Pierre Lachance a exposé ses œuvres au Canada et aux States. Son travail sur le jeu des transparences et des bandes colorées, caractérise l'ensemble de son œuvre. Il s'intéresse particulièrement à la notion de perception dans l'abstraction. Ses voyages au Maroc, en Inde et au Sénégal ont inspiré fortement son œuvre. Il explore les aspects les plus narratifs dans les possibilités d'expression de la peinture et de la photographie. La série qu'il présente dans le cadre d' « Identité.e.s », rend hommage à son ami Richard Isaac décédé tragiquement en août 2018 à Montréal. Enfin, le cinquième participant à cette exposition collective et qui n'est pas des moindres, c'est Azzedine Mekbel, diplômé de l'école des Beaux-arts d'Alger et de l'Université du Québec à Montréal, qui se consacre pleinement depuis la fin de ses études, au design, à la publicité et au multimédia. Ce sont les débats publics et la diversité qui alimentent son inspiration. Ses expériences esthétiques flirtent avec la technologie de par l'infographie, la photographie, la vidéo en y incluant invariablement des médiums traditionnels, comme la peinture et l'illustration. Son œuvre se veut une relation intimiste entre le public et l'artiste. Le diptyque exposé à cette occasion, présente un visage au regard surdimensionné serti d'yeux symboliques, tatoué d'une identité ancestrale qui rappelle la source de l'homme moderne: l'Afrique, berceau de l'Humanité, notre héritage commun et universel. Telle que conçue et imaginée, l'exposition « Identité.e.s : 1+1+1+1+1» se veut une fenêtre sur le monde... Ne dit-on pas que le Canada est le champion numéro Un dans la diversité culturelle, et qu'il fait souvent figure de modèle dans le monde Occidental pour sa pratique originale du multiculturalisme ? S.B.Z