p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Jameleddine EL HAJJI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"De plus en plus, on a comme l'impression que le mouvement islamiste Ennahdha a déjà entamé son congrès, celui de tous les risques ? Les acrobaties de Ghannouchi et de son « équipe » au sein du parti et au-delà, entre les murs de l'Assemblée des représentants du peuple, où siègent 217 députés dont un bloc d'une bonne cinquantaine d'hommes et de femmes acquis, apparemment, aux thèses du Cheikh, avec des alliés (El Karama et Qalb Tounes), imposent aux observateurs d'être vigilants, et de ne pas aller vite en besogne quand il s'agit de suivre les dernières péripéties inter-islamistes. A se demander sur les véritables antagonistes de la prochaine session de ce congrès que l'on commence déjà à malmener par une guerre de dates qui ne dit pas son nom. Le dernier saut en l'air était sans doute les déclarations de Abdelkrim Harouni, chef du Choura d'Ennahdha, où ce dernier a tenté de soustraire Rached Ghannouchi aux statuts régissant la présidence du parti, entre autres amuse-gueules. En lui confiant des « qualités » qui en font un superman, un monstre « sacré » au-dessus des lois ; bref, un Morchid immaculé (Maâsoum/ infaillible), dans la plus pure tradition des Frères musulmans... et de l'Iran islamiste de 1979. Immaculé, le chef extra-démocratique Avec le gendre du gourou, Rafik Bouchlaka, la thèse désormais défendue pour justifier la fin fatale de Ghannouchi, consiste à en faire un hors-la-loi, au-dessus de tous les textes régissant entre autres la succession à la tête du parti. Il s'agit, tout au plus de conférer à Ghannouchi un statut extralégal, le dispensant à postériori de tout questionnement non sur son bilan politique, mais sur ses agissements en tant que chef de parti, mais aussi en tant que son intendant, dépositaire des clefs du coffre, où s'entasse un argent qu'aucune institution de l'Etat n'est mesure d'estimer. Les créateurs de cet alibi sont-ils aussi bons de cœur et de foi, qu'ils ne paraissent ? Pas si sûr, car le temps de professions de foi est bel et bien révolu. Croient-ils vraiment à ce qu'ils avancent, contre le mouvement des 100 dissidents ? Non plus. Par la date et la manière de faire de ces deux orateurs, on sent que le groupe de Ghannouchi commence à sentir le résultat de cette passe d'arme, pas du tout en faveur de Ghannouchi, ce qui réduit leur proposition à un morceau de Takia (hypocrisie islamiste) en bonne et due forme. Si cette assertion s'avère inexacte, il n'en reste qu'une tentative du parti de Ghannouchi de sauver les meubles devant d'autres antagonistes qui auront sûrement leurs sièges au prochain congrès : Les renseignements qataris et turcs, et le mouvement, ou ce qui en reste, des Frères musulmans. Ce qui met dès maintenant le mouvement Ennahdha devant des dilemmes qu'une mobilisation à la Ghariani ne parviendront pas à juguler. Car il s'agit de parler, et de se justifier devant des Etats tiers et les restes d'un mouvement en pleine déliquescence, prêt à « tout » pour apurer les situations bloquées en cours de route. Avec les mêmes moyens qui avaient coûté la vie à certains Tunisiens, abattus en pleine rue par un ou plusieurs appareils secrets que le pays peine encore à déchiffrer. Ces antagonismes viennent s'ajouter à un dossier interne que même la dissidence des cent « démocrates » hésite encore à dépoussiérer. Il s'agit du différend entre les nahdhaouis de l'intérieur, avec leur passé en taule, et autres tortures inhumaines, et celui de ceux qui avaient pris le large à la faveur de la vague de répression de 1991-92, soit les nahdhaouis de la diaspora. Au cours des dix dernières années, le mouvement Ennahdha a connu bien des mouvements d'insurrection dus au refus de la direction d'étaler ses bilans financiers. L'idée fixe qui demeure dans la tête de ces « victimes » est que le mouvement avait reçu des millions de dollars de dons de Zakat, en particulier des pays du Golfe, sans oublier les mécènes, en Europe et en Amérique, du mouvement des Frères musulmans. Jusqu'à ce jour, Ennahdha n'a présenté aucun document comptable sur ce chapitre. Ses victimes s'en plaignent toujours, accusant ouvertement leur chef immaculé de détournements répétés de ses fonds qui leur revenaient de droit, mais surtout de religion. Un chantier inachevé, qui demande au moins le répit réclamé par Harouni et Bouchlaka, lesquels proposent de surseoir au congrès, prévu pour fin 2020, à 2021 ou 22. Le défilé des ayant-droit C'est dire qu'Ennahdha, en tant que dernier bastion des Frères musulmans officiellement encore au pouvoir à la faveur du « printemps arabe », est devenu le réceptacle de tous les problèmes de vieillesse d'un parti qui ne sait pas toujours à quoi il appartient : A la politique ? A la religion ? Au fric ? De nos jours, certains médias manifestent une prédilection pétillante pour les responsables d'Ennahdha, devenus des invités privilégiés, dans l'attente d'un buzz grassement évité jusqu'à maintenant par les caisses du parti de Ghannouchi. Par le nombre de dossiers obscurs de cette mouvance, les autres composantes du paysage politique ruminent non sans amertume, cette politique de certains médias qui les lèsent gravement, en particulier à l'aune d'échéances aussi importantes que le Congrès d'Ennahdha qui ne vient pas toujours. Il s'agira donc d'un congrès où les affaires tuniso-tunisiennes du parti laisseront la place aux négociations que Ghannouchi mènera, pour la dernière fois, avec les financeurs étrangers du parti. Un signe ? L'affaire turco-française sur Charlie Hebdo n'a pas dérangé outre mesure Ennahdha. Ni le Choura, ni le bloc d'Ennahdha à l'ARP, ni la bruyante coalition El Karama n'ont daigné rendre public une prise de position bien tranchée, entre la France de Macron et la Turquie d'Erdogan. Est-ce à dire que le parti Ennahdha est en train de perdre ses couleurs ? Le signe le plus fort dans ce chapitre sera sans doute le jour où Qalb Tounes tire sa révérence de cette alliance qui ne lui aura rien apporté ou presque. Pour le moment, Ennahdha gère une période de flou, au sein même de l'ARP, qui n'augure rien de bon pour la suite des préparatifs de son prochain congrès. Le « Morchid » serait-il assis sur un baril de poudre ? p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"