Lakhdar Bouregaâ, vétéran très respecté de la Guerre d'indépendance contre la France et figure du soulèvement populaire du "Hirak", est décédé à l'âge de 87 ans, a annoncé son fils sur sa page Facebook. "Lakhdar Bouregaâ est sous la protection d'Allah", a écrit Hani Bouregaâ. Sa famille avait annoncé le 21 octobre qu'il était atteint du coronavirus. Sa femme a également été hospitalisée. Elle a fait savoir que l'opposant serait inhumé jeudi au cimetière de Sidi Yahia, à Hydra, sur les hauteurs d'Alger et non, comme l'a rapporté la télévision publique, dans le carré des martyrs du cimetière El Alia, où reposent les grandes figures de la guerre d'indépendance (1954-1962) et les anciens chefs d'Etat. Haut responsable militaire de l'Armée de libération nationale (ALN), le commandant Bouregaâ avait été le chef de la zone 2 de la wilaya IV, couvrant l'algérois (nord), pendant le sanglant conflit contre la puissance coloniale française. Après l'indépendance, opposant politique au Front de libération national (FLN), parti unique, il avait été torturé et emprisonné de 1967 à 1975 sous la présidence de Houari Boumediene. Lakhdar Bouregaâ fut l'un des membres fondateurs du Front des forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d'opposition d'Algérie, en 1963. Il avait été à nouveau jeté en prison du 30 juin 2019 au 2 janvier 2020 après s'être engagé aux côtés du "Hirak". M. Bouregaâ avait été inculpé d'"outrage à corps constitué" et "de participation à une entreprise de démoralisation de l'armée ayant pour objet de nuire à la Défense nationale". Né d'un immense ras-le-bol des Algériens, ce mouvement inédit, pacifique et sans véritable leadership réclame depuis février 2019 un profond changement du "système" en place depuis l'indépendance en 1962.