p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Les institutions de l'Etat seraient-elles à ce point devenues un mélange de cynisme, de clanisme et de démagogie ? On en a pour très longtemps encore avec cette architecture politique portant, à sa naissance, le visage hideux et inédit d'une force suprême induisant de nouveaux comportements. Au final, l'asservissement de l'Etat, devenu simple commis de la ploutocratie. Cela aura généré une décennie de mauvaise gouvernance, d'instabilité politique et, tout cela, pour feindre de faire barrage au retour de « l'Etat-Léviathan ». Plus encore, on mesure au fil des années, l'ampleur des cassures désormais irréparables entre les composantes de cet Etat maintenu, depuis longtemps, artificiellement en vie. Et ne cherchons pas des prétextes du côté de la pandémie... Le délabrement de l'Etat n'a pas attendu Méchichi Sans doute, la révolution n'a-t-elle pas eu pour premier réflexe de concevoir un modèle nouveau de gouvernance. Elle ne s'est pas, non plus, ravisée de se laisser accompagner d'une véritable révolution culturelle, la seule capable de réinstaurer la citoyenneté. La seule aussi qui eût induit un rééquilibrage entre les institutions et entre les pouvoirs. La seule, enfin, qui aurait intégré les zones déshéritées dans la dynamique de l'emploi et de la croissance. Et cela fait que, de déséquilibre en déséquilibre, l'Etat se retrouve dans une impasse dont on ne voit pas le bout. Entre impératifs des partis, leurs intérêts étriqués, la propension à la politique politicienne et, en face, la rigidité des organisations nationales et les dogmes des institutions financières (la BCT), plus que d'impasse, il s'agit de blocage. Qui peut finalement naviguer indéfiniment dans des eaux aussi troubles ? C'est là, la résultante de dix années de clochardisation de l'Etat, de domestication servile des gouvernements, gouvernements faisant systématiquement l'objet de toutes les convoitises. Hichem Méchichi qui voulait tailler les tentacules étranglant, telle une piovra, la Kasbah, était-il très inspiré de mettre sur pied un gouvernement de technocrates ? C'était la seule voie viable. D'autant que les gouvernements ayant précédé le sien -en dehors du gouvernement Jomaa, fruit du consensus établi par le Quartet- se sont, tous, pliés soit aux injonctions de l'hydre politique à plusieurs têtes et dont Ennahdha donne le tempo de la danse macabre ; soit aux rugissements de la Centrale syndicale pour la défense des masses laborieuses. C'est sa vocation. Sa matrice. Finalement, les pressions et les récupérations se sont érigées en autant de diktats. La question reste cependant posée : Méchichi pouvait-il faire autrement ? Et, surtout, au vu du clanisme et des dissonances ayant marqué le gouvernement Fakhfakh... Or voilà que le mot « coussin » ne cesse d'alimenter la suspicion autour de l'indépendance de ce gouvernement. Quelque part, ce fut un message adressé à Carthage. Peut-être aussi qu'il voulait faire comprendre aux uns et aux autres qu'au besoin, il vendrait cher sa peau. Soit. Sauf que ce « coussin » est rembourré d'épines... Lors de sa première-réelle-interview télévisée, Hichem Méchichi a prononcé cette phrase qui, aujourd'hui, se retourne contre lui : « L'Etat ne peut pas être un mauvais payeur ». En d'autres termes, il ramène la situation catastrophique des entreprises publiques aux créances non honorées par l'Etat. Il entendait rétablir la solvabilité de l'Etat. L'anoblir. Il voulait aussi dire que l'Etat est au service de la communauté nationale et non l'inverse. Quelque part, on pourrait y transposer la fameuse réflexion d'Einstein : « L'Etat est notre serviteur et nous n'avons pas à en être les esclaves ». C'est de l'anti-Machiavel. Le bouc-émissaire tout désigné ? Mais il aura suffi qu'il parle de recours à la force légitime de l'Etat, en ce qui concerne la célèbre vanne de Tataouine, pour que la coordination d'El Kamour lui réponde en termes de défi. En termes de guerre. Or, c'est bien lui qui a dépêché une équipe à Tataouine, chapeautée par Moncef Achour, un négociateur perspicace, et c'est encore lui qui a voulu favoriser le dialogue avec une représentation régionale et pris aussi sur lui de remédier au gâchis causé par un gouvernement précédent (celui de 2017), ne serait-ce que parce que celui-ci s'était engagé par écrit dans un protocole pour le moins biscornu. Aujourd'hui, tout laisse présager une sortie de crise. Peut-être même qu'un échantillonnage d'un nouveau mode de développement régional est en train de voir le jour à Tataouine même. Du mal naitrait le bien, en somme. Sauf que la « comptabilité objective » de cette situation de blocage est désastreuse pour l'économie du pays. La vanne fermée cause un manque à gagner de 800 mille dollars/jour (en matière de pétrole, on parle dollar), alors même que la baisse mondiale des cours du pétrole aura épargné à la Tunisie une indexation de l'ordre de 2,3 milliards de dinars sur la Caisse de compensation. Mais c'est là le hic : le gouvernement a quand même dû inscrire au budget complémentaire 2020 une augmentation des dépenses au chapitre de la compensation. D'où l'un des motifs ayant fait que le projet de loi de finances « corrective » soit rejeté par la commission des finances de l'ARP et que le gouvernement l'ait retiré pour corriger les imperfections. Et de blocage en blocage, voilà que la Banque Centrale se raidit. Pas question pour elle de financer le déficit budgétaire ! Dans cette même conférence de presse, Hichem Méchichi a déploré que la BCT ne traite pas autour d'une table avec le gouvernement et qu'elle se limite à publier, froidement, un communiqué où elle réitère son niet. Le Chef du gouvernement affirme que l'urgence consiste en un financement en BTA de la part de la BCT à hauteur de 3,4 milliards de dinars pour boucler cette maudite loi de finances complémentaire au titre de 2020. Pour les experts, il en faudra 11 autres milliards pour le budget 2021. Pour Marouane Abassi, cela génèrerait (juste en ce qui concerne la loi de finances corrective) un taux d'endettement qui atteindrait les 90% du PIB, taux jamais enregistré auparavant dès lors que, par corrélation, 42% du budget de l'Etat sera financé par l'endettement. Or, le gouvernement est face à un choix cornélien. Il veut liquider ses arriérés (surtout au niveau des marchés publics) et cela demande une enveloppe de 4 milliards de dinars. Sinon, il ne trouvera plus de preneurs dans ses appels d'offres, si ce n'est déjà fait. Il faut aussi respecter les engagements du gouvernement Chahed vis-à-vis de l'UGTT en ce qui concerne l'enveloppe des augmentations salariales dans la fonction publique (c'est déjà 1 milliard de dinars et c'est pour cela que le FMI nous tourne le dos). Dilemme en effet, auquel on rajoute l'imbroglio autour de l'enveloppe dédiée à l'urgence suprême : la Covid-19. Il ne s'agit pas défendre le gouvernement Méchichi, ce n'est pas notre vocation. Jamais. Mais le gouvernement revit aujourd'hui ce qu'a vécu un certain Tarek ibnou Zied quand celui-ci prononçait ce légendaire sermon à ses troupes : « La mer est derrière vous, et l'ennemi est devant vous ! ». p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" R.K.