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Le retour des écoles coraniques en Tunisie
Notre époque
Publié dans Le Temps le 18 - 01 - 2008


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Un enseignement moderne et basique : on y apprend même les maths...Mais autour d'un corollaire : le coran
Difficile de le louper avec sa Jellaba blanche et sa canne qui lui sert à la fois de béquille pour l'aider à marcher et de bâton pour punir ses disciples.
Jadis, en le croisant dans la rue, les enfants rougissaient et devenaient raides. Imposant le respect et la crainte pour quelques uns, le « Mouaadeb », est toujours là aujourd'hui, mais on ne le reconnaît plus,
il s'est dissous dans la société : il a troqué son habit typique pour une tenue de ville décontractée, quand à son bâton, rangé quelque part, il n'a plus le droit de l'utiliser...
Un personnage d'antan qui continue avec un brin de modernisme et un air de changement à éduquer les enfants et surtout à leur apprendre par cœur le Coran.
Un métier aussi qui survit aux vicissitudes du temps, et peut être aussi à l'instrumentalisation des versets coraniques.
Certains jardins d'enfants se sentent menacés, les écoles coraniques marquent un retour timide mais capable de détourner plusieurs inscriptions. Une concurrence réelle et menaçante dans la mesure où on n'apprend plus que le Coran, les maths et plusieurs autres disciplines font désormais partie de tout un programme élaboré par l'Etat.

Les parents aspirent toujours à donner le meilleur à leur progéniture, c'est pourquoi lorsqu'un enfant atteint l'âge de la scolarité, le seul souci des parents est de lui garantir le meilleur cadre et la meilleure institution. Allant jusqu'à débourser leurs économies pour leurs études et leurs formations.
Et cette première école que l'enfant fréquentera, qui le marquera le plus, représente l'un de ses premiers contacts avec le monde extérieur et avec la société et forgera sa personnalité à partir de ces quelques heures qu'il passera seul loin de sa mère ou son père... L'école ou le jardin d'enfants dans lequel il passera quelques heures dans la journée sera sa deuxième famille.
Un choix réfléchi pour certains, spontané pour d'autres sinon imposé...Mais parfois la tendance et la frime prennent le dessus...
Mais de nos jours, les écoles coraniques sont à la mode.
Plusieurs parents décident d'inscrire leurs enfants dans des écoles coraniques.
Certes, le décor a changé, tapis sur lequel s'asseoit par terre, le prêcheur entouré de ces disciples a disparu. Désormais, la séance se déroule dans une salle de classe salubre, les murs ornés d'illustrations et de photos, un programme élaboré par une équipe pédagogique et le prêcheur est soumis de temps en temps à un contrôle et une inspection de la part d'un prédicateur.
L'apprentissage du Coran reste le pilier fondamental de cette institution.
Autre symbole invariable : les écoles coraniques ont toujours été des espaces mitoyens à la mosquée.
Aujourd'hui, rassurés par les réformes et la restructuration de cet établissement, plusieurs parents de la ville de Sfax par exemple y inscrivent leurs enfants.
Il y a aussi ceux qui désirent se retremper via leurs enfants dans les souvenirs de l'époque d'antan, en effet, amener chaque jour son fils à son école coranique, devient une source de méditation et évocatrice d'une identité authentique voire un retour aux origines....
Il y a aussi le profil des parents conservateurs, conformistes et traditionalistes motivés par une foi ardente, ils sont convaincus de résultat positif de cette ancienne structure. Ils manifestent même leur refus quant à la fréquentation des jardins d'enfants...
Loin de vouloir se faufiler dans les prétentions des uns et des autres ou de s'immiscer leurs convictions, aujourd'hui les faits divulguent la réalité.
Phénomène de mode ou retour à la religion, basé sur un Islam modéré, le secteur n'est plus anarchique. L'Etat restructure les écoles coraniques et y apporte une touche de modernisme.


Fathi Haj Brahim, Prédicateur régional, Sfax.
« L'Etat restructure cette institution vu qu'elle est désirée de plus en plus par les parents »
La mission d'un prédicateur est d'inspecter les prêcheurs répartis dans le Gouvernorat de Sfax et qui sont au nombre de 33. Nous, les prédicateurs en sommes 16. Notre tâche est de rendre des visites inopinées à ces lieux d'enseignement afin de constater de visu plusieurs détails quant à la propreté du local, la tenue vestimentaire du maître, son apparence et ses fiches avec lesquelles il présente son cours.
C'est presque la même fonction d'un inspecteur pédagogique qui s'assure perpétuellement au cours d'une année scolaire que l'instituteur dispense un enseignement approprié à ses disciples.
Mis à part la vérification des supports éducatifs dont il dispose tels que : le cahier de présence, les fiches d'enseignement, nous nous assurons aussi de la qualité de préparation du cours, l'application du programme prescrit pour les écoles coraniques, la relation prêcheur/ enfants et les qualités pédagogiques utiliséespour inculquer cet enseignement...
Depuis mai 2005, pour pouvoir remplir la fonction d'un prêcheur dans une école coranique, un niveau bac et plus est exigé.
L'évolution du nombre de ces moralisateurs : 13 en 2001 et 33 en 2008 pour l'ensemble de la région de Sfax, reflète une demande accrue pour ce type d'éducation. Aujourd'hui, ce nombre est constitué de 19 femmes et 14 hommes. Ce n'est plus un secteur réservé exclusivement aux hommes comme autrefois.
Les réformes ont atteint également la qualité de cet enseignement.
A présent, il n'est plus question d'inculquer uniquement le Coran et ses sourates, en effet, l'enfant bénéficie d'un programme d'éducation diversifié et semblable à une année préparatoire dans une école étatique, la seule différence réside dans le fait qu'au cours du volume horaire programmé pour chaque classe, le Coran accapare une part plus importante. En résumé, l'école coranique est un enseignement basique et multidisciplinaire axé essentiellement sur le Coran.
D'ailleurs, ce programme est élaboré en collaboration avec le Ministère des Affaires Religieuses, le Ministère de l'Education, et le Ministère de la Femme, la Famille et l'Enfance.
Les écoles coraniques ne se limitent pas à l'apprentissage du Coran comme était le cas jadis, aujourd'hui, le programme de ces écoles comporte plusieurs matières : l'éducation religieuse, les mathématiques, l'expression orale, le dessin, la récitation, et quelques activités sportives.
On rappelle que les enfants sont inscrits à partir de l'âge de 4 ans.
Cependant, le programme préconise un volume horaire hebdomadaire de 22 heures et 30 minutes réparti sur 9 séances dans la semaine.
La séance ne doit pas excéder 2 heures et 30 minutes.
Pour une année scolaire qui débute en septembre et s'achève en juin, un enfant aurait normalement accumulé des connaissances pendant près de 675 heures.
Le recrutement des prêcheurs se fait selon un concours. Certes sont privilégiés, les maîtrisards de la faculté de charia et théologie.
Les personnes qui ont un niveau bac s'inscrivent en première étape à un concours au cours duquel leurs connaissances sont mises à l'épreuve.
Un minimum de récitation de quatre Hezb est exigé (de sourate al Molk jusqu'à al Nass) tout en respectant la diction et l'élocution nécessaires que requiert l'articulation des mots et des lettres composant les versets coraniques pour une psalmodie adéquate .
Puis, ces candidats suivent une formation intense pour acquérir les outils indispensables à la transmission de leurs connaissances.
Outre cette formation, et une fois qu'ils sont engagés, des séminaires pédagogiques tous les deux mois, sont organisés et auxquels ils doivent assister.
Etre un prêcheur n'est pas une fonction mais une mission, d'ailleurs un prêcheur perçoit une aide mensuelle de l'Etat d'un montant de 132,500 dinars, outre les cotisations des élèves inscrits dans la classe.
La loi a plafonné cette contribution à 15 dinars. De plus, le nombre des élèves dans une classe ne doit pas dépasser les 35 enfants. Nous incitons aussi le prêcheur à inscrire à titre non lucratif et gratuitement un minimum de trois enfants issus des familles pauvres.
Pour cette année scolaire en cours, les inscriptions dans le Gouvernorat de Sfax varient entre 1000 et 1200 enfants.
Bien que la demande ne cesse d'augmenter et les personnes qualifiées pour remplir cette charge, sont disponibles, l'ouverture d'une école coranique n'obéit pas à ce précepte.
Même si la demande ou la nécessité de la région en école coranique continue à croître, l'Etat préfère prendre pleinement le temps pour garantir des espaces salubres. C'est pourquoi la décision d'ouvrir une nouvelle école coranique exige plusieurs critères.
Autrefois, le prêcheur et ses disciples s'assoyaient par terre.
Les écoles coraniques aujourd'hui suivent l'évolution et se modernisent.
Une salle de classe doit être équipée de bancs, des tables, un tableau, des supports éducatifs, des illustrations et des dessins...
L'école doit aussi être équipée d'un espace sanitaire et réunir tous les dispositifs nécessaires pour l'instauration de cette unité éducative.


Mounir Zouari, 34 ans, prêcheur
« Je fais partie de l'ancien régime, j'enseigne avec un niveau bac parce que j'avais appris le Coran par cœur »
Avec un niveau 4ème année secondaire, il enseigne depuis 1996 à l'école coranique « al Faleh », route de Tunis à Sfax.
Il assure l'enseignement de deux classes, une la matinée et l'autre l'après midi, chacune comporte quelques dizaines d'enfants venant des environs.
Il affirme que la formation dans les écoles coraniques est meilleure que celle d'une école préparatoire ordinaire.
« Bien que les enfants ne comprennent pas, à cet âge là, le sens réel et profond des phrases coraniques et des sourates, l'apprentissage leur servira dans le futur.
Néanmoins, parfois les enfants, intrigués par l'ambiguïté d'une prononciation d'un mot ou d'un vocable, posent des questions et il est de mon devoir de procéder à une explication simple et abrégée.
D'autant plus que, le programme est diversifié, les enfants n'apprennent pas uniquement le Coran mais ils apprennent aussi les ABC de quelques sciences, telles que les mathématiques, les sciences naturelles, l'écriture, les activités sportives... »

Mouna Ayadi, 27 ans, Prêcheuse.
« Etre un prêcheur n'est plus un métier exclusivement masculin »
Avec un niveau bac, elle enseigne depuis plus de trois ans aux enfants âgés de plus de quatre ans
Elle confirme avoir suivi une formation de trois mois après avoir réussi au concours.
Elle affirme également que l'intérêt des parents s'accroît davantage quant à l'inscription de leurs enfants dans les écoles coraniques.
Ce n'est plus un métier réservé exclusivement aux hommes, la preuve en est ; j'ai pu percer dans ce domaine.

La salle de classe qu'occupe Mme Ayadi avec les enfants est identique à une salle de classe ordinaire.
Des décorations, des dessins, des illustrations ornent les murs de la salle.

Nour, 33 ans, mère d'une enfant, Sfax
« Entre un jardin d'enfants et l'école coranique, je préfère de loin la deuxième ! »
J'ai préféré inscrire ma fille dans une école coranique, une année après avoir tenté l'expérience d'une année avec une école maternelle privée. J'avais opté au départ pour la maternelle dès que ma fille avait atteint l'âge de 4 ans. Puis, l'année d'après, j'ai décidé de m'occuper moi-même de son enseignement et son éducation étant donné que la classe préparatoire est facultative.
J'étais très déçue par la qualité de leur enseignement. Malgré la renommée et la bonne réputation de cette maternelle dans la région et les droits excessifs des inscriptions, je pense que c'est complètement différent. J'aurais même dû inscrire ma fille à l'école coranique dès ses 4 ans. Je regrette son passage à la maternelle... je me souviens qu'elle avait appris de mauvaises habitudes pour finalement ne rien apprendre...
D'autant plus, ils tablaient essentiellement sur la danse, le chant et les spectacles... des futilités et des frivolités. La connaissance et les bases de l'enseignement sont transmises à pas d'escargot. Pis encore, pour chaque activité supplémentaire, les parents doivent encore payer... le personnel use des ruses marketing pour remplir la caisse...
Et voilà, il ne passe pas un mois ou deux, sans que la petite réclame une activité proposée par le jardin d'enfants moyennant une dizaine de dinars...
A l'école coranique, nous payons mensuellement 15 dinars et ma fille assimile un cours consistant et dense. Elle a appris des sourates et des versets coraniques, c'est vrai qu'elle les récite (machinalement) mais lorsqu'elle grandira elle s'en servira je suis certaine.
La différence dans la qualité de l'enseignement est absolument flagrante.


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