Le Temps-Agences - Une déclaration "unilatérale d'indépendance" du Kosovo serait "illégale et immorale", de même que le soutien qu'y apporteraient "d'autres pays", a averti hier à Sofia le président russe Vladimir Poutine. "La Russie ne peut pas accepter une telle déclaration d'indépendance unilatérale", a ajouté le président russe lors d'une conférence de presse. Selon lui, "réitérant ainsi la position traditionnelle de Moscou, les négociations sur le règlement du problème du Kosovo doivent continuer et il faut trouver un compromis qui conviennent aux deux parties", la majorité albanaise de la population du Kosovo et la Serbie, dont cette région est, en droit international, une province. Les Kosovars albanais veulent, faute d'un accord avec la Serbie, proclamer unilatéralement leur indépendance, qui est considérée comme "inéluctable" par les Etats-Unis et la grande majorité des pays de l'Union européenne. De gros contrats en matière d'énergie, notamment nucléaire, ont été signés hier lors de la visite du président russe en Bulgarie, pays qui souhaite profiter de sa position stratégique dans les Balkans sur fond de critiques quant à son éventuel rôle de "cheval de Troie" de l'influence russe dans la région. Ainsi a été signé un énorme contrat de construction d'une centrale nucléaire à Béléné (nord), d'une valeur de quatre milliards d'euros. Il s'agit de la première réalisation du groupe russe Atomstroyexport dans un pays de l'Union européenne (UE). Le consortium franco-allemand Areva/Siemens, sous-traitant d'Atomstroyexport, doit fournir les équipements de sécurité. La centrale, qui doit démarrer en 2013, fonctionnera avec deux réacteurs à 1.000 MW chacun du type VVER à eau pressurisée et d'un nouveau modèle (V-466), qui n'a pas été installé jusqu'à présent en Europe. Avec cette nouvelle centrale, la Bulgarie espère retrouver sa position de grand exportateur d'énergie, position perdue lors de la fermeture partielle fin 2006 de la centrale de Kozlodoui sur demande de l'UE, pour des raisons de sécurité. Une percée inattendue est aussi intervenue quant à la participation bulgare au projet de gazoduc russo-italien South Stream, lors d'entretiens de dernière minute qui ont permis la signature d'un accord d'une valeur de 1,4 milliard d'euros. Selon Sofia, les conditions bulgares ont été acceptées in extremis par Moscou. Ce gazoduc, depuis la Russie et sous la mer Noire, va jusqu'en Bulgarie, où deux routes, l'une au nord-ouest et l'autre au sud-ouest sont en projet. Il pourra livrer jusqu'à 30 milliards de mètres cube par an aux marchés européens. Signature également d'un accord tripartite sur la création d'une compagnie conjointe pour le projet d'oléoduc Bourgas-Alexandropolis de transport de pétrole russe entre la mer Noire et la mer Egée. La Bulgarie, la Russie et la Grèce avaient conclu en mars 2007 à Athènes l'accord pour la construction de cet oléoduc, qui traversera sur 150 km le territoire bulgare et dont 51% appartiendront à la partie russe. Un accord de liaison ferry-train entre le port bulgare de Varna et le port russe du Kavkaz, un programme de coopération dans la culture, l'éducation et la science et un plan d'action dans le tourisme ont également été signés.