« Laissez aux patients le droit de choisir le médicament qui leur va le mieux» Suite aux divers articles parus sur notre journal concernant la disparition du « ventoline » des officines et sa substitution par « Aérol », une lectrice nous a adressé le courrier suivant : Chère équipe du Temps, Bonjour Permettez-moi au nom des nombreux asthmatiques tunisiens (une des maladies les plus fréquentes de notre époque) de vous remercier pour avoir osé soulever le problème de la Ventoline disparue de nos officines depuis son remplacement par un autre médicament au goût insupportable. Permettez-moi aussi, en connaissance de cause, de vous exposer d'autres vérités sur cette substitution malheureuse d'un médicament indispensable et vital. Loin de moi l'idée d'accuser les concepteurs du nouveau produit qui, je suis sûre, ne sont pas attirés que par les gains commerciaux. 1- Je partage les commentaires de M. Afif Cheikhrouhou sur la qualité du flacon qui ne tient pas et surtout sur le goût affreux du produit. Je sais qu'un bon dicton de chez nous dit "on ne guérit l'amer que par plus amer" sauf qu'avec ce goût amer on ne guérit pas mais on souffre un peu plus avec chaque inhalation. 2- Dans sa réponse, le Pdg du labo qui commercialise le nouvel aérosol affirme que "tous les composants d'Aérol sont importés (sic) (...) et les composants plastiques actuels sont meilleurs que ceux des premiers lots". Explication, pour permettre une "économie de devises", on importe les composants, en devises, et même le plastique qui n'a pas tenu au début, on a fini par l'importer, en nouvelles devises, lui aussi. Donc, seul le montage est tunisien. Pourquoi alors ne pas importer le produit fini qui coûte moins cher même en France avec l'Euro à 1,8 dinars! 3- Selon les précisions de M. Kamel Idir, D.G de la pharmacie et des médicaments au ministère de la Santé, "l'Etat subventionne le nouveau produit au montage tunisien, à hauteur de un million de dinars!" Pourquoi? Pour ce goût amer? L'Etat n'a pas à le subventionner mais aujourd'hui que les asthmatiques de tout le pays ont essayé le substitut, ils ne demandent qu'à avoir le choix entre Aérol et la Ventoline, et croyez-nous, M. Idir, on payera 5 dinars s'il le faut pour éviter le goût amer. (Pourquoi dans un supermarché, on a le droit de choisir entre le chocolat importé et le local? Ceci n'a pas poussé les chocolatiers de notre pays à la faillite, mais au contraire, ça a permis à nos tablettes locales d'être de même qualité et parfois d'un goût meilleur!) 4- Selon de très nombreux médecins spécialistes, le nouveau médicament ne dilate pas assez les bronches en cas de crise. Personnellement, deux bouffées me suffisaient pour la Ventoline. Aujourd'hui, quatre bouffées et même plus ne me suffisent plus. Résultat, le flacon ne tient que trois à quatre jours alors que la Ventoline me suffisait pour quinze jours. Encore une hémorragie plus importante des devises pour importer les composants!
Mon journal Le Temps, Je vous remercie d'avoir eu la patience de lire mes doléances. J'en suis arrivée à chercher des devises au marché noir pour supplier mes connaissances qui partent en voyage afin de me ramener mon stock de Ventoline. La maladie n'est pas humiliante en soi mais son traitement l'est devenu pour moi. Mme Raoudha Ben Abdallah (La Marsa)