Quand le policier, en tenue civile, lui passa les menottes autour du poignet, il ne crut pas ses yeux, car il pensait que c'était un client venu s'approvisionner clandestinement en boissons alcoolisées. En fait, c'était un traquenard dans lequel il est tombé, sur dénonciation du voisinage. Voyant d'un mauvais œil, les allées et venues de personnes louches qui faisaient leurs navettes nocturnes pour se procurer leur élixir préféré auprès de leur voisin, les habitants du quartier décidèrent après un certain temps d'alerter les auxiliaires de la justice. Nanti d'un casier judiciaire bien fourni, ayant effectué de nombreux séjours derrière les barreaux, ce voisin incommode continuait à avoir pignon sur rue en s'adonnant à ce métier bien lucratif de commerçant clandestin de boissons alcoolisées, notamment en bière et en vin rouge. Il avait acquis une notoriété telle que la clientèle ne manquait pas et les affaires étaient florissantes. Toutefois, les voisins, excédés par ce manège qui perdurait, prirent la décision irrévocable d'informer la police. Un piège lui a été alors tendu. Mordant à l'hameçon, l'accusé devait être pris en flagrant délit par un inspecteur de police qui lui commanda des cannettes de bière. Aussitôt servi, ce dernier lui passa les menottes avant de le conduire au poste. L'interrogatoire ne prit pas beaucoup de temps puisque, d'emblée, il reconnut pratiquait la vente clandestine d'alcool qui lui a valu de multiples incarcérations. Lors de l'enquête préliminaire, il s'est plaint de la situation de chômage dans laquelle il se trouvait, c'est pourquoi, a-t-il dit, il a recouru à ce commerce illicite qui lui permettait de subvenir aux besoins élémentaires de sa famille. Par ailleurs, la perquisition effectuée au domicile de l'accusé permit aux policiers de découvrir une petite quantité de bouteilles de vin et de cannettes de bière. Son avocat sauta sur l'occasion pour solliciter du tribunal de première instance de Tunis la relaxe de son client, soulignant qu'elles étaient réservées à sa propre consommation. Le jugement sera rendu ultérieurement.