La page de la CAN Ghana 2008 est bel et bien tournée, une compétition qui nous a enchantée, meublant nos après-midi et nos soirées par un spectacle chaque jour renouvelé. Une page colorée de l'Afrique, passionnée de ballon rond, aux senteurs exotiques, au climat chaud, comme le tempérament de ses supporters parés de mille et une couleurs. L'Afrique qui chante et nous enchante, qui festoie et met nos cœurs en émoi, qui célèbre ses hommes en shorts courts se donnant sans compter pour permettre à leur public de se régaler. L'Afrique qui danse au rythme effréné de peuples enthousiasmés et encourageant sans discontinuer ses représentants, les poussant à mieux se dépenser. L'Afrique qui menace ceux qui rechignent à l'effort, ne mouillent pas le maillot et ne forcent pas le sort, à l'instar d'un Asamoah Gyan, attaquant maudit par les Ghanéens pour son rendement insatisfaisant. L'Afrique des stars aux dimensions disproportionnées qui se font accrocher par la volonté pharaonique de préserver un titre, par tous, convoité. L'Egypte qui se déjoue de tous les pronostics pour marcher d'un pas assuré vers la gloire et le succès. Les Egyptiens conduits par la main de « maître Shehata », comme se plaisent à le surnommer ses compatriotes, vers le sixième sacre jetant avec insolence aux visages de leurs illustres adversaires la solidité et la solidarité d'un groupe soudé, la rigueur tactique d'un effectif complémentaire et bien huilé et la force sereine d'un collectif des plus motivé. Une consécration qui prouve, si besoin est, que les très grands joueurs ne font pas forcément les bonnes équipes. Droghba, Eto'o, Essien et Kanouté en ont très certainement tiré les enseignements qui s'imposaient. Maintenant que « Ghana 2008 » fait déjà partie de l'histoire, chaque nation doit se pencher sur une évaluation objective.
Seul le travail paie Notre sélection n'a pas paru reluisante, mais ne s'est pas, non plus, fait ridiculiser. Personne ne peut affirmer, n'en déplaise à quelques détracteurs invétérés, que notre participation fut un total fiasco. Tous les Tunisiens se sont improvisés pour l'occasion en techniciens, mais ne peuvent nier, dans une poussée d'honnêteté, que le groupe retenu a montré de la qualité. Au lieu de s'attarder et de se complaire dans des critiques creuses, des invectives inutiles et des accusations à tort et à travers, mieux vaut se pencher sur l'avenir. Nous devons d'ores et déjà penser à demain et mettre de côté les animosités qui ne mènent finalement à rien. Ce week-end le championnat national reprend ses droits et les clubs ont le devoir de continuer à travailler pour nous former de nouveaux talents susceptibles d'être sélectionnés. Les Ben Fraj, Chikhaoui, Felhi, Chermiti n'ont-t-ils pas démontré que nos associations sportives peuvent alimenter notre équipe nationale en joueurs valeureux, pouvant rivaliser avec des vedettes mondialement connus ? Il est indéniable que la responsabilité des clubs grandisse, celle des formateurs et des entraîneurs encore plus. Chaque personne concernée ou impliquée dans l'équation sportive doit savoir en temps voulu apporter sa contribution sans tomber dans l'excès de passion ! Les joueurs confirmés doivent éviter la suffisance exaltée et garder un semblant d'humilité pour continuer à progresser. Les techniciens, qui s'en sont donné à cœur joie durant cette CAN, décortiquant les matches, critiquant les choix tactiques et proposant des solutions, sont appelés à faire leur preuve et marquer de leur empreinte le football tunisien. Certains journalistes, détenteurs présumés de la vérité absolue doivent se rendre à l'évidence même ; tout est relatif et rien n'est définitif ! Et enfin les membres fédéraux sont tenus de faire les bons choix et de mettre en place les bonnes stratégie et politique de gestion pour pousser le foot dans le bon sens et asseoir son évolution. Ceci ne fera peut-être pas de nous les prochains détenteurs de la CAN 2010 en Angola, mais un adversaire respectable et respecté, redoutable et redouté et jouant un foot typé.