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10 - José Padilla : le «combattant ennemi»... de Bush
Notre feuilleton: Le jihad des convertis
Publié dans Le Temps le 23 - 01 - 2007

Ils sont américains, australiens, jamaïcains, français, allemands, belges... Nés de parents chrétiens, juifs ou athées... Fraîchement convertis à l'islam le plus rigoriste par des imams extrémistes, ils ont gagné les camps d'entraînement de Bosnie et d'Afghanistan, où ils ont acquis une solide formation militaire, avant de devenir des «petits soldats du jihad» contre l'Occident mécréant.
Certains sont morts dans les montagnes de Tora Bora ou en Irak. D'autres ont été arrêtés dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre le terrorisme, jugés et écroués. Leurs parcours, qui se ressemblent en plusieurs points, peuvent être résumés en deux formules: quête désespérée de soi et folie destructrice.
Dans ce dixième épisode de la série, nous présentons José Padilla, un Américain natif de Brooklyn qui est poursuivi par la justice américaine pour adhésion à l'organisation terroriste Al-Qaïda. A ne pas confondre avec ses deux homonymes, le célèbre DJ des Baléares et le non moins célèbre matador espagnol.

José Padilla est un citoyen américain né dans le quartier de Brooklyn, à New York, le 18 octobre 1970, d'une famille catholique originaire de Porto-Rico. Le jeune José, qui s'est installé avec sa famille à Chicago, dans l'Illinois, a peu à peu sombré dans la petite délinquance. Il a ainsi fait partie du gang du Latin Kings Street et fut arrêté à plusieurs reprises. Il avait alors pour surnoms José Rivera, José Alicea, José Hernandez et José Ortiz. Incarcéré à la suite d'une affaire de meurtre, il s'est converti à l'islam pendant sa période de détention et est devenu, dans un premier temps, un fervent défenseur d'un islam non-violent. Par la suite, il a rencontré à la mosquée Masjid Al-Iman à Fort Lauderdale, en Floride, un certain Adham Amin Hassoun, un palestinien volubile, qui se présentait, à l'époque, comme membre de l'association caritative Benevolence International Foudation que les enquêteurs américains accuseront, plus tard, de soutenir des activités terroristes. Padilla et Hassoun étaient devenus des inséparables. Le second sera accusé de liens avec des groupes radicaux islamistes, dont Al-Qaida, et sera arrêté, courant 2002, dans le cadre de la campagne anti-terroriste. Au moment de son arrestation, son visa américain avait expiré depuis un certain temps.

Un périple oriental
Après sa conversion à l'Islam, Padilla a épousé une Egyptienne musulmane âgée de 18 ans et s'est donné un nom arabe : Abdullah al-Muhajir Padilla. Pour expliquer sa conversion à l'islam, Padilla évoquait souvent, selon ses proches, un rêve qui a joué un rôle crucial dans son choix: la vision d'un homme coiffé d'un turban, cerné par la poussière tourbillonnante du désert.
Arrêté par le FBI (police fédérale américaine), le 8 mai 2002, à son débarquement à O'Hare International Airport de Chicago, les enquêteurs américains, qui le soupçonnaient de préparer des attentats terroristes sur le sol américain, ont pu reconstituer son périple oriental qui l'a amené, à partir de 1998, dans plusieurs pays, notamment l'Egypte, l'Arabie Saoudite, l'Afghanistan, le Pakistan et, même probablement, l'Irak.
Padilla a d'abord été détenu par le ministère américain de la Justice en tant que «témoin important» dans le cadre des investigations menées par un «grand jury» (jury d'accusation) dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001. Puis, le 9 juin 2002, il a été «reclassé» par un décret du président George W. Bush et désigné comme «combattant ennemi», afin de l'empêcher de bénéficier de la loi permettant aux citoyens américains d'être protégés d'une détention pour une durée illimitée. Le même jour, vers minuit, il fut transféré dans une base navale à Charleston, en Caroline du Sud.
À la fin de l'année 2003, la Cour d'appel fédérale du deuxième district de New York a jugé illégal le maintien en détention de Padilla parce qu'il avait été arrêté en dehors d'une zone de combat. La Cour a estimé qu'il devait bénéficier des droits constitutionnels dont jouissent les autres citoyens américains. Elle a également jugé qu'il devait être libéré et, si nécessaire, transféré en détention sous la responsabilité du ministère de la Justice, afin d'être inculpé et jugé. Mais le gouvernement n'a pas tardé à faire appel de cette décision auprès de la Cour suprême qui a déclaré, en se fondant sur un point de procédure, que l'affaire aurait dû être jugée en Caroline du Sud plutôt qu'à New York.

Justice d'un pays en «état de guerre»
Le marathon judiciaire ne s'est pas arrêté là. Ainsi, début 2005, le juge de district Henry Floyd a estimé que la décision de soustraire Padilla à la justice pénale américaine n'était «ni nécessaire, ni justifiée» et que sa détention était contraire à la Constitution ainsi qu'à l'Etat de droit. Néanmoins, l'administration américaine a continué à défendre l'idée que le président a le pouvoir, en vertu de la Constitution, de détenir Padilla en tant que «combattant ennemi», sans l'inculper ni le juger, indépendamment du lieu de son arrestation.
Dans leur dernier recours, les avocats du gouvernement ont présenté le fait que Padilla a combattu contre les forces américaines en Afghanistan comme principal motif à son incarcération, plutôt que son intention présumée de préparer un attentat à la «bombe sale» (bombe contenant des éléments radioactifs) contre une ville des Etats-Unis.
Depuis son arrestation, Padilla a été maintenu en isolement cellulaire. Il est resté en détention au secret jusqu'en février 2004. Soupçonné d'avoir été recruté par le réseau terroriste Al-Qaïda, en février 2000, au cours d'un séjour en Arabie saoudite, il a été incarcéré dans une prison militaire jusqu'au 4 janvier 2006, date à laquelle il a été transféré dans une prison de Miami, en Floride. Il a été déféré ensuite devant un tribunal civil de cet Etat avec, pour seule accusation, «l'appartenance à une cellule terroriste», active aux Etats-Unis et au Canada. Le nouvel acte d'accusation ne mentionnait plus la présumée tentative d'attentat à la «bombe sale», qui avait été citée pourtant pour justifier sa longue détention dans une prison militaire.
Les avocats de Padilla avaient déposé en décembre 2005 une requête devant la haute Cour lui demandant d'examiner l'affaire. Ils souhaitaient que la plus haute juridiction américaine se prononce sur la légalité de la détention sans inculpation d'un Américain pendant trois ans, détention que le gouvernement justifiait en qualifiant le détenu de «combattant ennemi», le statut des prisonniers de Guantanamo. Cette longue détention d'un citoyen américain, sans accès à un juge et longtemps sans accès à un avocat, découlait selon le gouvernement américain des pouvoirs élargis dont dispose Bush, président d'un pays en «état de guerre» permanent contre Al-Qaïda et le terrorisme. Le 3 avril dernier, la Cour suprême américaine a refusé de se saisir de l'affaire.

''Nous allons au Busch Gardens. La belle affaire!''»
Mais quelles preuves les autorités judiciaires américaines retiennent-elles sérieusement contre Padilla ?
Il y a d'abord quelques échanges téléphoniques, comme celui-ci, jugé ambigu, entre Padilla et Hassoun, à propos d'une virée dans un parc d'attraction : «''On embarque toute la famille pour s'éclater'' disait Hassoun. ''On va aux Busch Gardens, tu sais... Tu ne le regretteras pas, ça vaut le coup.'' Tout en riant, Padilla suggéra de ne pas parler de ça au téléphone. ''Pourquoi'' lui demanda Hassoun. ''Nous allons au Busch Gardens. La belle affaire!''»
Cette conversation avait eu lieu cinq ans avant que Padilla soit déclaré «combattant ennemi».
Il y a aussi cet autre échange, tout aussi ambigu, où Hassoun demandait: «Tu es prêt, n'est-ce pas?» et Padilla répondait: «Si Dieu veut, frère, ça va bientôt arriver.» C'était durant l'été 1997, un an avant que Padilla quitte la Floride du sud pour l'Egypte, pays natal de son épouse.
Dans un troisième échange, Padilla, alors en Egypte, disait à Hassoun qu'il avait demandé à son ex-femme [il l'avait divorcée entre-temps] vivant aux USA de faire en sorte qu'il reçoive une veste de l'armée, un sac à dos et un sac de couchage, matériel qu'il voulait parce que «le bruit courait ici que la porte était ouverte quelque part.»
Dans une quatrième conversation téléphonique, Padilla disait à Hassoun, en avril 2000, qu'il aurait besoin d'une recommandation pour «me mettre en relation avec les bons frères, animés de la vraie foi» s'il devait se rendre au Yémen.
«Décrypter de tels dialogues en vue de bâtir un scénario convaincant de complot relève de la gageure», a noté Deborah Sontag dans ''The New York Times'' du 4 janvier dernier.
Des hauts fonctionnaires du gouvernement affirment cependant que Padilla avait donné lui-même, pendant les interrogatoires, des informations le mettant en cause, reconnaissant, disent-ils, avoir subi une formation terroriste de base, avoir accepté la mission de faire sauter des immeubles d'habitation aux USA et avoir assisté, avant de s'envoler pour Chicago en 2002, à un dîner d'adieu avec Khaled Sheikh Mohammed, le présumé maître d'oeuvre des attentats du 11 septembre 2001.
Mais aucun des aveux de Padilla au cours de sa détention sans inculpation et sans accès à un avocat - qu'il ait ou non subi des mauvais traitements comme l'affirment ses défenseurs - ne saurait être accepté par un tribunal américain, pas plus d'ailleurs que les enregistrements de quelques appels téléphoniques, fussent-ils authentifiés.
«L'accusation la plus tangible contre Padilla est qu'en 2000 il a complété, sous un pseudonyme, un formulaire en langue arabe pour participer à un camp d'entraînement terroriste», note aussi Deborah Sontag dans l'article déjà cité. Mais là aussi, les avocats du prévenu n'auront pas du mal à mettre en doute l'authenticité du document qui sera présenté à la justice.

Demain : 11 - Jack Roche passe aux aveux.


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