La chambre criminelle de la cour d'appel de Tunis vient d'examiner récemment une affaire passionnelle particulièrement bouleversante au terme de laquelle un jeune père de famille a péri pour la simple raison d'avoir refusé d'accorder la main de sa fille à un soupirant bien zélé qui n'a pas trouvé mieux que de l'éliminer définitivement de sa route. Voilà où l'amour aveugle a conduit un trentenaire qui a été éconduit deux fois par son beau-père potentiel dans le seul but que sa fille termine ses études supérieures. Ce qui n'aurait pas plu à l'accusé qui a décidé d'en finir une fois pour toutes avec ce père récalcitrant, un véritable barrage entre lui et sa dulcinée. Pourtant, la romance a commencé il y a à peine six mois quand le hasard a mis sur son passage la jeune étudiante qui l'a ébloui, au point qu'il s'est attaché rapidement à elle. Du coup, il a décidé de brûler les étapes en lui déclarant sa flamme et son désir de convoler en justes noces dans les délais les plus courts. Hésitante, la jeune fille a accepté à condition d'obtenir l'aval de son père, tout en lui indiquant qu'elle préfèrerait continuer ses études avant de se marier. Qu'à cela ne tienne, fou de joie, le jeune homme ne tarda pas à faire la connaissance de son futur beau-père, du moins il le croyait, pour lui demander la main de sa fille. Refus catégorique de ce dernier qui lui a signifié d'attendre l'obtention du diplôme universitaire avant qu'il ne prenne sa décision définitive. Tous les plans échafaudés par le soupirant s'écroulèrent comme un château de cartes et le mariage rapide auquel il rêvait s'éloigna soudain. C'était comme si le ciel s'est abattu sur lui. Il courut alors tout penaud pour informer sa bien-aimée de sa déconvenue. Le voyant paniqué, elle l'a conseillé de patienter et d'attendre qu'elle termine ses études universitaires. Toutefois, vexé d'avoir été éconduit, il est malheureusement revenu à la charge. Cette fois-ci, armé d'un couteau pour s'en servir contre sa propre personne, selon ses dires, au cas où le père de la jeune fille persisterait à lui refuser sa main. Nouveau refus du père et colère noire de l'amoureux qui, au lieu de diriger l'arme blanche contre lui, l'a plongée à plusieurs reprises dans l'abdomen de la victime qui a succombé à ses blessures. Traduit devant le tribunal de première instance sous le chef d'accusation d'homicide volontaire avec préméditation, l'accusé a écopé de vingt ans de prison. Ayant fait appel de cette sentence, il a comparu à nouveau devant une autre chambre criminelle qui a décidé le renvoi de l'examen de l'affaire au début de ce mois, la défense ayant demandé le report pour pouvoir présenter des documents médicaux attestant l'état mental déficient de son client.