* « J'ai plié, mais je n'ai jamais rompu... Je reviendrai... Qu'on le veuille ou pas ! » * « Contre l'EST, tout dépendra de nous, mais l'EST n'est plus ce qu'elle était » Il est tout simplement adulé et même magnifié dans la paisible localité du Bardo, au même titre qu'un certain Noureddine Diwa, ou Moncef Cherif, deux des plus grands artistes stadistes qui aient peint quelques-uns des plus beaux tableaux de l'histoire du club. Il y en a même qui pensent que la dernière Coupe de Tunisie remportée en 2003 a une saveur sans égale, parce que remportée au nez et à la barbe des deux grands clubs de la Capitale : l'Espérance de Tunis, éliminée demi-finale, puis le Club Africain, archi favori en finale. Comment oublier l'artisan principal de ce succès, Mohamed Selliti ? « Je ne peux pas effacer de mon esprit cet exploit. En demi ou en finale, nous n'étions qu'une sorte de sparring-partner aux yeux de la majorité des gens. On nous connaissait mal. Je suis fier que mon nom soit cité avec les Diwa, Cherif ». Pour desserrer ce collier financier qui étranglait le club, cet attaquant racé a été bradé, au grand dam de toute la banlieue du Bardo. Et là où il est parti, et parce qu'il n'a pas su courber l'échine, il a été taxé de tous les maux de la terre avant d'être banni. Cela l'a beaucoup touché, marqué. Le manque à gagner matériel n'est sûrement pas mince, mais à 26 ans, il a de belles années devant lui et, tel que nous le connaissons, il est en mesure de rattraper tout son retard. « Ce n'est pas le moment de relater de tout ce qui est perfide, indigne et immoral, des contrats falsifiés, des propos dénaturés, de la sempiternelle question relative à l'exploitation des joueurs par certains responsables, administratifs et même techniques. Je suis content d'avoir laissé, là où je suis passé, beaucoup d'amis, et la preuve par neuf que tout ce qu'on m'a collé au dos est injuste et sans fondements. Le passé est dépassé et, pour le moment, laissez-moi savourer le plaisir de l'instant. Je suis en train de travailler dur pour recouvrer le niveau qui a fait de moi le redoutable attaquant que tout le monde a connu. Je suis revenu au Stade Tunisien, dans mon club, au club ou j'ai bâti ma réputation, où j'ai gagné la meilleure Coupe de Tunisie après avoir balayé successivement et l'EST et le CA. Le Bardo est une place unique au monde. Je ne me suis jamais senti aussi bien ailleurs qu'au Stade Tunisien. J'y ai connu toutes les gloires, et sachez que je suis décidé à revenir au top niveau ». A l'entendre parler, on a l'impression que ses paroles sortent de ses tripes : « que l'on soit clair, il serait dommage que l'on sorte bredouille de cette saison. Nous avons un effectif des plus riches ; les joueurs sont très solidaires. Ils sont pour leur majorité très jeunes et les anciens sont en train de faire les encadreurs. Nous n'avons rien à envier aux clubs qui nous devancent au classement. Nous avons les cartes en règle pour rééditer la saison 2003. Le championnat ? Il faut être réaliste, la messe est dite. Peut-être que, sans ce mauvais départ, on serait un sérieux concurrent et candidat, mais au jour d'aujourd'hui notre objectif est de grimper les échelons, le plus haut possible ». Le retour de Selliti au Bardo est salutaire à plus d'un titre. Le joueur est très sérieux. Aux entraînements, comme dans les matchs, il se défonce à fond. Jamais, il ne triche : il ne va jamais sur le tapis pour le compte, il ne feint jamais un ennui musculaire. Effet pervers dites-vous ? Oui, c'est bien cela, ailleurs qu'au Bardo on s'en fichait de Selliti l'homme, de l'être humain qui peut avoir comme tout le monde des bobos de santé, qui tenait à jeûner son mois de ramadan. On le somme de jouer et de se taire. Il ne pouvait supporter ces conditions, d'où ses conflits multiples. Ce ne sont plus que de mauvais souvenirs, des souvenirs qui appartiennent désormais au passé. Aujourd'hui, il est en train de renaître de ses cendres. Il n'a pas encore atteint la plénitude de ses potentialités, mais il est sur la bonne voie. Le vrai Selliti, on le verra dans un mois, si, bien entendu, il est épargné par les bobos de santé. Mais ceci ne l'empêche de penser à l'avenir, aux matchs qui vont défiler, à commencer par celui de tout à l'heure. « La mission ne sera pas facile, mais elle n'est pas difficile non plus. Ce n'est plus l'EST d'antan, nous l'avons vue contre Jendouba et nous nous sommes fait une idée sur elle. Il faut qu'on croie en nous-mêmes, en nos chances. Nous avons tout pour réussir et cela ne dépendra que de nous. Un derby, c'est vrai, n'est pas un match comme tous les autres, il a son charme, mais actuellement, rien ne nous fait peur. Croyez-le ». Comme dit plus haut, Mohamed Selliti est considéré par tous les Stadistes comme un symbole et ils comptent beaucoup sur lui, pour qu'il puisse transmettre sa magie : « mon intention est de démontrer à tous que les rumeurs qu'on a murmurées sur mon compte sont dénuées de toute vérité. Attention, ceci ne veut en aucun cas dire que je ne pense qu'à moi-même. La priorité des priorités est le club qui doit d'abord retrouver son rang véritable. Quand le club va, tout va ! » Mohamed Selliti est l'homme qui tombe à pic. Ses qualités techniques, physiques, et aussi morales, sont d'une utilité certaine pour les joueurs, surtout ceux habitués à un rythme d'entraînement moins soutenu. Depuis le mois de décembre, tout a changé lors des entraînements. Sans le savoir, l'homme et le joueur sont une véritable locomotive et ses coéquipiers, qui le côtoient, font tout pour le suivre, pour l'imiter. Tout à gagner pour le club !