Le Temps-Agences- Le président Nicolas Sarkozy a appelé les pays européens à engager un "dialogue" sur le rôle de la force nucléaire française face à des pays comme l'Iran qui "accroît la portée" de ses missiles et menace la sécurité de l'Europe. "Chacun doit être conscient aujourd'hui que les missiles nucléaires de puissance même lointaine, peuvent atteindre l'Europe en moins d'une demi-heure", a déclaré M. Sarkozy lors d'un discours à l'occasion de la présentation d'un nouveau sous-marin nucléaire à Cherbourg (Ouest). "Aujourd'hui, seules les grandes puissances disposent de tels moyens. Mais d'autres pays en Asie ou au Moyen-Orient développent à marche forcée des capacités balistiques", a-t-il ajouté. "Je pense en particulier à l'Iran", qui "accroît la portée de ses missiles alors que de graves soupçons pèsent sur son programme nucléaire", a dit M. Sarkozy. "C'est bien la sécurité de l'Europe qui est en jeu", a-t-il souligné. "S'agissant de l'Europe, c'est un fait, les forces nucléaires françaises par leur seule existence sont un élément clé de sa sécurité", a déclaré le chef de l'Etat qui est en France le chef des armées et auquel revient la décision finale "d'appuyer" sur le bouton nucléaire. "Tirons-en ensemble toutes les conséquences logiques : je propose d'engager avec ceux de nos partenaires européens qui le souhaiteraient un dialogue ouvert sur le rôle de la dissuasion et sa contribution à notre sécurité commune", a-t-il poursuivi. M. Sarkozy a qualifié cette proposition "d'expression naturelle de notre union toujours plus étroite" avec les Européens. M. Sarkozy a également proposé plusieurs initiatives en faveur du désarmement. Il a annoncé une réduction d'un tiers du "nombre d'armes nucléaires de missiles et d'avions" de la France. "Après cette réduction, notre arsenal comprendra moins de 300 têtes nucléaires. C'est la moitié du nombre maximum de têtes que nous ayons eu pendant la guerre froide", a-t-il dit. M. Sarkozy a proposé l'ouverture immédiate "de négociations sur un traité d'interdiction des missiles sol-sol de portée courte et intermédiaire". En outre, M. Sarkozy a proposé des négociations sur un traité d'interdiction de production de matières fissiles pour les armes nucléaires et un moratoire immédiat sur cette production. Les Etats-Unis avaient déposé en mai 2006 une proposition de traité semblable devant la Conférence du désarmement des Nations unies à Genève. Paris avait à l'époque apporté son soutien à ce projet, qui n'a cependant pas trouvé de traduction concrète. La France a déjà arrêté la production de matières fissiles car elle a déjà des stocks importants et n'en a plus besoin pour plusieurs dizaines d'années, selon le chercheur Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique. Se plaçant à l'horizon 2010, date de la révision du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), Nicolas Sarkozy a appelé les pays qui ont signé le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, mais ne l'ont pas encore ratifié, à le faire, citant "la Chine et les Etats-Unis". Il a souligné que la dissuasion nucléaire, bien qu'onéreuse, devait être maintenue car elle est "l'assurance-vie de la nation". M. Sarkozy a exclu "absolument de baisser la garde" et de réduire le budget français de la Défense malgré la situation financière difficile de la France et les exigences européennes en matière de déficits publics.