L'un des phénomènes ambiguë bizarroïde et inquiétant de notre football est sans aucun doute l'attitude insolite de certains entraîneurs qui ne savent plus sur quel pied danser quand il s'agit de leur rapport avec les médias. On a trop et bien longtemps reproché à Roger Lemerre sa froideur vis-à-vis des hommes de presse, condamnant son comportement et dénonçant ses positions rudes et parfois, même agressives envers eux. En revanche, on s'est très peu ou pas du tout penché sur la curieuse conduite de nos techniciens, euphoriques, éloquents et épanchés après les victoires mais virulents et renfermés suite aux défaites. Les médias qui n'ont eu de cesse de donner la parole aux entraîneurs pour analyser les rencontres du championnat et autres compétitions africaines, décortiquer les systèmes adoptés par leurs collègues, critiquer leurs choix des joueurs et même leurs options tactiques, scruter leurs conduites sur le banc de touche et éplucher leurs « coaching » lui attribuant moult qualificatifs selon le résultat de la rencontre, deviennent indésirables pour ses mêmes hommes quand ils sont au devant de la scène. Ils deviennent récalcitrants, cois, taciturne et incapable de justifier, à défaut d'expliquer leurs propres choix. Cette réticence se traduit, selon les cas par un refus total de communication à l'instar d'un Faouzi Benzarti aux avants postes, toutes les fois que son équipe triomphe et derrière le rideau quand elle chute. Ridha Akacha, qui était le technicien le plus en vue sur les plateaux de télévision ces derniers temps a boudé la caméra suite à la déconvenue des siens à Gabès. Il ignora totalement le journaliste se contentant d'un « pas maintenant » froid et laconique. Kaïs Yaâkoubi qui, pendant la CAN, fit des siennes sur Hannibal TV, étalant prodigieusement et généreusement ses connaissances footbalistiques, ainsi qu'il le fit à dimanche sport en tant qu'invité, est plus radical refusant, dernièrement de répondre au téléphone et de parler aux journalistes. Il se morfond depuis quelques temps dans un mutisme inexplicable et inexpliqué. Cette ataraxie n'est pas des plus élégantes pour un coach auquel plus d'un ont prédit une brillante et longue carrière. Le métier d'entraîneur est, certes, difficile, ardu, pénible à l'occasion et tuant en d'autres moments mais celui qui s'y colle doit très certainement connaître à l'avance les règles du jeu et les assumer pleinement. On ne peut pas être virulent et la langue pendue pour analyser le travail des autres et impuissant quand il s'agit de s'autocritiquer ! Il est de la plus haute indécence de prêcher dans d'autres paroisses et de négliger sa propre confession. Ce n'est guère professionnel de tomber dans l'accalmie dans les succès pour crier à la crise dès que les choses tournent mal ! Si, en prime, on fait payer aux journalistes les pots cassés cela devient du plus haut mauvais goût ! Chacun doit faire son travail et analyser ses propres erreurs, comme il devient maître en la matière quand il s'agit de se pencher sur celles des autres. Le sport est fait de réussites et de défaites, de consécrations et de déboulés, d'apothéoses et de déceptions, de gloires et de déboires, d'honneurs et de désillusions. Il ne faut surtout pas perdre de vue l'essentiel et rester humble en toutes les circonstances.