Situation plutôt délicate que celle dans laquelle se retrouve Tahar Sioud. Bertrand Marchand s'est, en effet, avéré plus tenace qu'on le croyait et, en tous les cas, non seulement il ne s'est pas présenté au déjeuner d'hier en "entraîneur au rabais", mais il a eu une revendication pour le moins logique. Tahar Sioud propose le style de contrat à échéances (à obstacles) comme l'avait fait Hammouda Ben Ammar avec Lemerre en 2002. C'est-à-dire qu'un premier contrat portera sur une obligation de résultat: que l'Equipe Nationale se qualifie pour la CAN. Nous avons encore six matches à jouer et quatre d'entre eux, d'ici juin, c'est-à-dire sous la direction de Roger Lemerre dont le contrat expire le 30 juin. Marchand n'aura donc qu'à diriger les deux matches restants (jusqu'à septembre) et, à ses yeux, il y a là, une très grande part de risque. La campagne pourrait être compromise dès les quatre matches dirigés par Lemerre et l'actuel entraîneur de l'Etoile jouerait dès lors, son destin sur les deux qui restent. C'est-à-dire que son sort serait scellé au mois de septembre. Et Tahar Sioud lui a bien fait comprendre que le contrat que lui propose la FTF comprendra bien une clause résiliatoire qui sera systématiquement exécutée, en cas de non qualification à la phase finale de la CAN. Cela veut dire aussi que Bertrand Marchand serait alors tout bonnement licencié sur une campagne dont il n'aura géré que le tiers. N'aurait-on pas pu s'arranger pour un cumul puisque, de toutes les manières, les fédéraux ont bien fait comprendre à M. Lemerre que son contrat expirera bien le 30 juin mais que, entre temps, il pourrait être déchargé de ses fonctions tout en percevant ses émoluments? L'Etoile aurait refusé le cumul. Et elle peut avoir raison dans la mesure où l'on craint une dispersion de l'attention de Marchand. Déjà, disent les Etoilés, cette affaire d'Equipe Nationale a bien mis Marchand sous pression – Driss aussi – et cela a quelque peu rejailli sur les dernières prestations étoilées. De son côté, la Fédération tient un raisonnement irréaliste: "On vous engage pour le tiers d'une campagne mais si la campagne échoue vous êtes licencié"! Pour Marchand, ce serait la bouteille à la mer. Pour la fédération, ce serait là, la cohérence même, même si ce type de contrat (à échéances) dénature le sens éthique entre une institution (la FTF) et son employé (le sélectionneur) et le sacrifice par formalisme. Mais, il y a, à soulever trois remarques : Cela fait deux mois que la cause de Lemerre a été entendue et l'on ne connaît toujours pas la physionomie du futur sélectionneur national. Cela prouve que ces messieurs de la fédération ont vécu jusque-là, au jour le jour, et ne réagissent que le couteau sur la gorge. Dès le départ, la piste Marchand était parsemée d'embûches. A vrai dire, le courant n'est jamais passé entre les deux parties et il aura été, pour le moins indélicat, de la part de la FTF , de publier un communiqué annonçant "le choix porté sur Marchand" et, en même temps, des contacts avec d'autres "candidats". Hallilhodzic serait très intéressé de venir parmi nous. Les autres candidats aussi et, maintenant, on parle de Santini: leur proposera-t-on le même contrat (à échéance) comme ce fut le cas avec Marchand, avec à la clé, un possible licenciement, en septembre ? Il y a donc, quelque chose d'absurde, de kafkaien, dans cette affaire. Lemerre continue de tirer les ficelles (sans le vouloir) et il se retrouve, lui-même, dans une situation gênante. Le Bureau fédéral s'était empressé de lui signifier la non reconduction de son contrat, au 30 juin prochain… Mais soyons honnête: tous ceux dont on parle pour la succession de Lemerre, le valent-ils vraiment?… Roger Lemerre aura tenu six ans. Ce n'est pas facile chez nous. Mais il est évident qu'il y a une cassure. Nous ne nierons pas qu'il nous aura beaucoup apporté. Bien plus que n'en aient fait les fédéraux. Personne n'oubliera qu'il nous aura beaucoup irrité. Et bien moins que ne l'aient fait les membres fédéraux. C'est compliqué.