Le Temps-Agences - Le président russe sortant Vladimir Poutine a été promu hier chef du parti Russie unie, majoritaire au Parlement, un poste-clé qui doit lui permettre de rester aux commandes après son départ du Kremlin. "J'accepte avec gratitude la proposition des membres du parti et de leur direction (...) Je suis prêt à prendre cette responsabilité supplémentaire et à diriger Russie unie", a-t-il déclaré au cours du IXème congrès du parti. Les quelque 600 délégués ont ensuite voté à l'unanimité en faveur de sa nomination pour quatre ans au poste de chef du parti, qui entrera en vigueur le 7 mai, jour de l'investiture du président élu Dmitri Medvedev. "Je vous remercie pour cette décision. (...) Nous avons encore beaucoup à faire ensemble. Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers", a souligné le président sortant, dont l'intervention a été noyée sous un tonnerre d'applaudissements. M. Poutine a aussi confirmé qu'il deviendrait Premier ministre après son départ du Kremlin. "J'ai accepté la proposition (de M. Medvedev, présent au congrès) soutenue par Russie Unie et d'autres partis de prendre la direction du gouvernement dans les délais prévus par la Constitution", a-t-il dit. Un amendement a été adopté pour séparer les postes de chef du parti et de président du conseil suprême du parti, des fonctions qui étaient assumées jusque là par une seule personne, Boris Gryzlov. Le IXème congrès annuel de Russie Unie, qui revendique deux millions de membres à travers tout le pays, a débuté avant-hier dans une grande salle à deux pas du Kremlin, avec en fond de scène le slogan "Ensemble, nous gagnerons". La cérémonie d'hier a été marquée par des applaudissements ininterrompus, des votes à l'unanimité et des discours dans le style soviétique soulignant l'importance d'un "Etat fort" et de la "continuité" de la politique de M. Poutine. Les critiques comparent déjà Russie unie au Parti communiste de l'époque de l'URSS, dont le secrétaire général était de facto numéro un du pays. Dmitri Medvedev a pour sa part déclaré pendant le congrès que son adhésion au parti serait "prématurée". "Je suis convaincu qu'après mon élection au poste de chef de l'Etat, il serait séant de rester en dehors de toute appartenance directe à un parti politique", a-t-il dit. M. Medvedev a toutefois jugé "logique et opportun" que Vladimir Poutine accepte de prendre la tête du parti. "Cela amènera à la formation une force politique puissante, une force dont nous n'avons encore jamais disposé", a-t-il dit à trois semaines de son entrée en fonction. Des analystes soulignent quant à eux qu'en prenant la tête de Russie unie, qui a la majorité absolue au Parlement, Vladimir Poutine s'assure un puissant levier de pouvoir face à son successeur, avec lequel il risque de se retrouver en situation de rivalité. Car au cours de ses huit années au Kremlin, M. Poutine, ex-colonel du KGB (services secrets soviétiques), âgé de 55 ans, a centralisé progressivement le pouvoir au Kremlin. M. Medvedev s'engage à poursuivre cette politique. Avant les législatives de décembre 2007, pour lesquelles M. Poutine était tête de liste de Russie unie --sans en être membre--, une campagne médiatique avait été organisée afin de l'ériger en "leader national". La télévision avait relayé des manifestations à travers tout le pays appelant à ce qu'il demeure le "leader national" après son départ du Kremlin. Ses sympathisants n'excluent pas qu'il puisse dans quelques années revenir au Kremlin. "La législation russe ne l'exclut pas. Il se reposera un peu et il reviendra", a estimé l'avocat Pavel Astakhov, chef du mouvement "Pour Poutine", interrogé dans les couloirs du congrès.