Le Temps-Agences - Plusieurs milliers de lycéens français manifestaient de nouveau hier à Paris contre la suppression de postes de professeurs prévue par le gouvernement qui, au nom des réformes promises par Nicolas Sarkozy, refuse de céder face à un mouvement qui se durcit. Ces manifestations, pour la sixième fois en trois semaines, visent à s'opposer à la suppression de 11.200 postes d'enseignants à la rentrée 2008, dont 8.830 dans le secteur public. Ces réductions d'effectifs s'inscrivent dans le cadre des mesures annoncées par M. Sarkozy pour alléger la fonction publique -avec le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite- et réduire l'important déficit public, comme l'exige l'Union européenne. Mais le président français, qui tente de retrouver sa popularité perdue de début de mandat, connaît certaines difficultés à mettre en œuvre les réformes annoncées. Il vient ainsi de faire marche arrière sur un projet de suppression de la "carte famille nombreuse", donnant des réductions dans les transports. Depuis le début de la mobilisation dans l'éducation nationale, les manifestations n'ont cessé de grossir. Entre 19.000 et 35.000 personnes ont manifesté la semaine dernière. Lycéens et enseignants affirment que les mesures d'économies vont entraîner une dégradation de la qualité de l'éducation. De son côté, l'opposition socialiste critique la suppression de postes d'enseignants dans "les zones les plus difficiles", dans la banlieue parisienne, alors que les économies réalisées ne représenteront "qu'une goutte d'eau par rapport à l'ampleur de la dette et des déficits". Organisations de lycéens, enseignants et parents n'entendent pas baisser la garde. Elles ont déjà appelé à deux journées d'actions unitaires, les 15 et 24 mai. C'est dans la capitale française et ses banlieues que la mobilisation est la plus forte depuis quinze jours et parfois, la plus virulente : blocages d'établissements et manifestations, parfois émaillées de heurts. Hier, le deuxième syndicat de la police, Alliance, a appelé les lycéens "à la plus grande vigilance" craignant des incidents provoqués par des "bandes de casseurs". Depuis le début du mouvement, le ministre de l'Education Xavier Darcos tente de convaincre que les suppressions de postes n'auront pas d'incidence sur la qualité de l'enseignement. Sur les 11.200 postes supprimés, 3.500 seront compensés dans le public par des heures supplémentaires. En dehors des suppressions de postes, les syndicats fustigent également les nouveaux programmes de l'école primaire. Se revendiquant comme un "réformateur", M. Darcos a stigmatisé une "France très frileuse, très conservatrice". "Il faut bien le dire, lorsque l'on propose une modernisation, ça rencontre des résistances", a-t-il affirmé avant-hier. Au delà de la seule Education nationale, des syndicats et des associations accusent le gouvernement de vouloir "détruire" la fonction publique et ses 5,2 millions d'agents. Dans ce contexte, le président français, qui prône une "révolution culturelle" dans l'administration doit définir demain les grandes lignes d'une réforme du système hospitalier, susceptible d'entraîner de nouvelles tensions. Une grève de cheminots contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, avait paralysé le pays pendant neuf jours en novembre.