Un conclave de deux jours réunira, à partir d'aujourd'hui, environ cent-vingt experts internationaux autour de la technologie membranaire préconisée comme solution idoine à la crise croissante de l'eau dont les menaces pèsent partout dans le monde, y compris dans les pays du bassin méditerranéen. Avant d'aborder le volet objectifs de la manifestation, le professeur Sami SAYADI, lauréat du Prix Présidentiel de la recherche Scientifique, rappelle : « La conférence Internationale de Sfax qui s'inscrit dans le cadre du projet « Promembrane » est une action de support spécifique financée par le 6ème Programme Cadre de Recherche & Développement européen et qui bénéficie de l'appui de Coopération Internationale (INCO) avec les pays méditerranéens partenaires. C'est un projet réalisé par un consortium de sept partenaires d'Allemagne, Italie, Espagne, Tunisie, Egypte, Syrie et Palestine . Il est dirigé par TTZ-Bremerhaven (Allemagne).
Objectifs Le premier objectif de Promembrane est de supporter les activités actuelles de la recherche et du développement en technologie membranaire orientée au traitement de l'eau dans la région méditerranéenne. Sa première étape couvre l'identification, la planification et l'évaluation de la recherche en cours pour promouvoir et proposer de nouvelles idées et stratégies de coopération. La deuxième étape a comme principaux objectifs la diffusion et la dissémination des activités de recherche et des expériences réussies dans le domaine de la technologie membranaire pour le traitement de l'eau dans la région méditerranéenne, à travers l'organisation du concours " Prix Promembrane pour Jeune Chercheur ", une foire régionale à Homs (Syrie) et au Caire (Egypte), ainsi qu'une conférence internationale à Sfax , pour encourager et promouvoir les activités de recherches futures concernant les technologies membranaires. »
Rapports alarmants Il serait utile de rappeler que les rapports des experts internationaux, en matière de ressources hydriques, sont de plus en plus alarmants. L'expert Alain Chauveau assure, à ce propos : « Le rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau, présenté à la veille du troisième Forum mondial de l'eau, à Kyoto, prévoit que la crise mondiale de l'eau prendra dans les années à venir une ampleur sans précédent avec une augmentation du déficit par tête dans de nombreux endroits du monde en développement. » Le directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura va plus loin : « Aucune région ne sera épargnée par l'impact de cette crise qui touche tous les aspects de la vie, de la santé des enfants à la capacité des pays à nourrir leurs citoyens... Les ressources en eau sont en chute libre alors que la demande augmente de façon dramatique. Au cours des 20 prochaines années, on s'attend à une diminution d'un tiers, en moyenne, de l'eau disponible par personne dans le monde . De nombreux pays et territoires sont déjà en situation de crise : alors que l'on considère le seuil de pénurie à 500 m3/an/habitant, les plus pauvres en eau sont très en deçà comme le Koweït (10 m3), la Bande de Gaza (52 m3), les Emirats Arabes Unis (58 m3), les Bahamas (66 m3), ou encore le Qatar (94 m3)...
Changement climatique et pénurie d'eau Pour les projections dans l'avenir, le rapport présente deux hypothèses : vers 2050, 7 milliards de personnes dans 60 pays (hypothèse pessimiste) ou 2 milliards dans 48 pays (hypothèse optimiste) seront confrontées à une pénurie d'eau, la variation de cette fourchette dépendant de la croissance de la population et des décisions politiques qui seront prises. » Les experts prévoient également que le changement climatique devrait augmenter d'environ 20 %, la pénurie d'eau dans le monde. Les zones humides vont probablement recevoir davantage de pluies, alors que les précipitations devraient diminuer et devenir plus irrégulières dans de nombreuses régions sujettes aux sécheresses, voire dans certaines régions tropicales et subtropicales. Selon un autre expert, en raison de la mauvaise gestion et des pressions excessives sur les ressources hydriques : « l'Europe n'est plus à l'abri des pénuries en eau, dont on imagine qu'elles n'affectent que les pays pauvres. Réchauffement climatique, déficience des aménagements et mauvaise gestion des ressources menacent aussi désormais les pays les plus prospères. Pire, des milliers d'enfants meurent encore chaque année dans l'espace européen de maladies hydriques. » D'autres experts vont même jusqu'à dire que l'eau sera un enjeu majeur des guerres du 21ème siècle. Ce pronostic est déjà avancé en1996 par Wally N'dow, directeur du Centre pour les Etablissements Humains de l'ONU qui déclarait :« Nous croyons que, si d'ici 2010 des améliorations massives ne sont pas faites pour procurer de l'eau et pour l'économiser, nous allons devoir faire face à une crise monumentale...Alors que les guerres du siècle dernier avaient pour motif le pétrole, nous sommes fermement convaincus que de nombreux conflits tourneront autour de l'eau » Au niveau de la région nord -africaine et moyen-orientale, le nombre des pays enregistrant un déficit hydrique préoccupant est passé de 03 en 1955 ( Koweit, Jordanie et Bahrein ), à 11, jusqu'en 1990, parmi lesquels figurent l'Algérie, le Qatar, l'Arabie Saoudite, la Somalie, la Tunisie , les Emirats et le Yemen. La question de la pénurie progressive de l'eau devrait donc mobiliser toutes les énergies et tous les secteurs tant à l'échelle mondiale, qu'au niveau national. C'est ainsi que la conférence internationale de Sfax, rassemble des acteurs et des experts internationaux dans le domaine des membranes et du traitement de l'eau dans les pays méditerranéens, des instituts de recherche, des universités, des PMEs, des utilisateurs potentiels, des spécialistes et bien entendu, des représentants de l'administration régionale et nationale. L'objectif principal de la conférence est l'échange d'expériences et l'approfondissement de la réflexion autour de cette technologie qu'est la technologie membranaire, qui se pose actuellement comme la solution la mieux indiquée pour l'un des problèmes les plus préoccupants, à l'échelle planétaire, celui de la raréfaction exponentielle de l'eau. « Le projet Promembrane se focalisant exclusivement sur les pays de la zone méditerranéenne, la conférence de Sfax prendra appui sur les des études précédentes qui montrent que l'application des méthodes avancées de traitement de l'eau, telles les technologies membranaires sont des options techniques pour une provision durable en eau dans cette région, à même d'impulser une révolution efficiente dans tous les secteurs de l'économie. Pour l'instant, la récupération et la réutilisation des eaux usées peuvent constituer une ressource supplémentaire d'eau pour l'irrigation, de même que le dessalement de l'eau de mer pour fournir de l'eau potable. Il s'agit ainsi, d'offrir une option à la provision de l'eau et à l'amélioration de la situation en matière de traitement de l'eau dans la région méditerranéenne. » poursuit notre interlocuteur.