Il est fut de ceux qui étaient mus par l'amour de la patrie, et dépassaient dans leur action leur propre personne pour l'intérêt du pays. Moncef Bey qui appartenait à la famille husseïnite avait dès son jeune âge opté pour le militantisme aux côtés du peuple, qu'il préféra au faste dans lequel vivaient tous ceux qui appartenaient de près ou de loin à la famille beylicale. Ce fut la raison pour laquelle il sympathisa avec les membres du Destour pour les soutenir inconditionnellement dans leurs actions contre les autorités coloniales. Son père, Naceur Bey accédant au trône, il l'incita à prendra fait et cause des militants destouriens. Toutefois, celui-ci fut vite contraint par la Résidence Générale à prendre ses distances. Mais Moncef Bey l'engagea dans un conflit avec le Résident Lucien Saint, l'amenant à annoncer son abdication en avril 1922 Tout le peuple avait alors soutenu Naceur Bey, qui, hélas, sous l'influence et la contrainte, se rétracta quelque deux ou trois jours plus tard. Cet événement marqua Moncef Bey et l'incita à davantage de militantisme. Il n'avait jamais perdu le contact ou rompu les liens avec les militants. Il ne s'attendait pas à accéder au trône si rapidement mais suite aux décès de deux princes, plus âgés que lui, il se trouva Bey présomptif à l'avènement de Ahmed Bey II. A la mort de celui-ci en 1942, il devint le Bey régnant. C'était la deuxième guerre mondiale et la France était occupée par les Allemands. Cependant, Moncef Bey a manifesté dès les premiers jours de son accession au trône une attitude tout à fait différente de celle de ses prédécesseurs. Ceux-ci avaient en effet manifesté une certaine allégeance, voire une soumission à l'égard de l'autorité coloniale. Quant à Moncef Bey, il avait fait part, de prime abord, de sa répugnance voire de son indignation à l'égard de l'attitude de l'autorité coloniale et des abus perpétrés par celle-ci. Il adressa à cet effet, dès janvier 1943, une note au maréchal Pétain alors chef d'Etat sous l'occupation allemande, dans lequel il lui fit part des revendications qui étaient celles des militants. Cependant, les autorités coloniales lui tenant rigueur pour cette attitude qui en fait les dérangeait, avaient trouvé dans ces contacts avec Pétain, un bon prétexte pour le taxer d'intelligence avec l'occupant nazi et en précipiter sa déposition, en mai 1943. Exilé d'abord à Laghouat, en Algérie, il fut transporté par la suite, à Pau. Son épouse, Lella Arbia, ainsi que quelques membres de sa cour, l'accompagnèrent dans son exil. Il avait, malgré cette conjoncture et son état physiquement affecté, gardé cet élan patriotique qui resta intact et intarissable jusqu'à son dernier souffle. Il ne cessait de dénoncer l'attitude des autorités coloniales non pas à son égard, car il dépassait sa personne et faisait preuve d'une abnégation sans pareil, mais à l'égard d'un pays dont la souveraineté a été violée et les droits de ses citoyens bafoués. Il envoyait des lettres aux militants du Néo-Destour. En mai 1947, il écrivit à Bourguiba, alors en Egypte, pour soutenir son action. Mort en 1948, son nom restera à jamais gravé parmi ceux qui ont aimé la patrie avec abnégation et se sont sacrifiés pour la libération du pays.