Le Temps-Agences - Le cours du pétrole a dépassé hier pour la première fois le seuil des 126 dollars à New York, quelques heures après avoir franchi celui de 125 dollars, poursuivant une course folle, nourrie par les craintes sur l'offre, la robustesse de la demande et la spéculation. Spectaculaire sur un an, la hausse des prix s'est encore accélérée au cours des mois : 100 dollars le 2 janvier, 105 dollars le 6 mars, 110 dolllars le 13 mars. Depuis lundi, où les prix ont dépassé 120 dollars pour la première fois, l'emballement est vertigineux et les records tombrent dru tous les jours. hier, les cours se sont envolés jusqu'à 125,48 dollars le baril à New York et 124,91 dollars à Londres. Vers 12H00 HT, le baril s'échangeait à 125,40 dollars à New York et 124,79 dollars à Londres. Des sabotages sur les installations nigérianes du groupe pétrolier Shell et un regain de tensions géopolitiques entre l'Occident et l'Iran, deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont servi d'amorce vendredi dernier à cette dernière flambée. Mais ces craintes n'étaient que les derniers ingrédient de la recette explosive qui a fait doubler en un an les prix du pétrole. Le principal ingrédient, présent dès 2002, est l'inquiétude suscitée par la croissance de la demande pétrolière dans les pays émergents, notamment en Chine, sachant que l'offre, elle, augmente moins vite : année après année, l'équilibre entre offre et demande se resserre. Dans ce contexte, l'Organisation des pays producteurs de pétrole (40% de la production mondial) n'a rien fait pour calmer les prix. Depuis septembre, le cartel pétrolier contemple, impassible, l'envolée des prix et se garde d'agir. Les producteurs de l'Opep craignent que les prix s'effondrent s'ils mettent trop de pétrole sur le marché, qu'ils jugent correctement approvisionné. Jeudi, le secrétaire général du cartel, Abdallah el-Badri s'est contenté de déclarer que l'organisation était "prête à agir si le marché éprouve le besoin de mesures supplémentaires", répétant que l'Opep "s'efforçait de créer les conditions d'un marché stable et équilibré avec des prix reflétant les fondamentaux, favorables aux consommateurs et aux producteurs". Du côté des producteurs hors Opep, le tableau n'est pas plus réjouissant : confrontés à l'épuisement de nombreux gisement, de nombreux producteurs peinent à maintenir leur rythme de production. Enfin, les opérateurs ont noté avec inquiétude les difficultés des compagnies pétrolières internationales, qui ont toutes affiché au premier trimestre des productions pétrolières stagnantes. "Un autre grand facteur, fréquement cité en ce moment, est le vif intérêt des fonds d'investissement pour le pétrole, attirés par la rapide appréciation des prix du pétrole cette année", remarquait par ailleurs Michael Davis, analyste de la maison de courtage Sucden. "Ceci explique probablement les mouvements de prix ces derniers jours, malgré des nouvelles baissières, incluant un dollar plus fort, des nouvelles pour une fois positives en provenance de l'offre au Nigeria, et des craintes sur la consommation d'essence aux Etats-Unis", soulignait-il. Accusés par l'Opep d'être les grands responsable de la flambée pétrolière, les investisseurs s'en défendent et font remarquer que les prix ont poursuivi leur ascension cette semaine malgré le rebond du dollar face à l'euro. Or, les spéculateurs avaient eu tendance à acheter du pétrole pour se couvrir contre l'inflation en période de baisse du dollar. Avec le calendrier, un dernier piment pourrait encore faire grimper les prix: la "driving season" (saison des grands déplacements automobiles aux Etats-Unis) approche, réclamant de vastes quantités d'essence.