Le marché japonais a la réputation d'être difficile, exigeant et même inabordable. Ceux qui s'y sont essayés et s'essayent encore en savent tant et si bien qu'il le comparent à une citadelle dont l'assaut exige de la patience, une parfaite connaissance du comportement du consommateur local et une stratégie d'accès à toute épreuve. Le CEPEX qui multiplie les missions dans ce pays distant de 10 000 kilomètres, ne désespère pas de voir nos opérateurs y conquérir la place escomptée. Hier, il a organisé une autre « journée sur l'accès au marché japonais » à laquelle huit intervenants dont sept japonais ont eu à détailler les perspectives et les opportunités qui s'offrent aux échanges commerciaux entre les deux pays dont les relations diplomatiques sont vieilles de plus de cinquante ans. Pour autant, le flux des échanges a encore du mal à refléter la qualité de cette amitié et la volonté des uns et des autres à aller de l'avant sur la voie de la coopération bilatérale. Pour s'en convaincre, il suffit de savoir que le Japon n'est que le trentième client de la Tunisie mais son douzième fournisseur. En 2007, les flux des échanges commerciaux ont totalisé 400 millions de dinars, avec un évident excédent pour le Japon vers lequel la Tunisie ne peut exporter que des produits de la mer, notamment le thon rouge et quelques articles de l'artisanat, pour en importer une large gamme de produits électriques, électroniques et informatiques ; A l'évidence, c'est peu. Pourtant, et pour sacrifier à une expression consacrée, on peut faire mieux, sous réserve, cependant, de savoir percer ce marché et, surtout, s'y maintenir. C'est que, au Japon, l'exigence de qualité de produit et de service est très élevée, et l'adaptation aux conditions locales et aux évolutions de la mode est de mise. Acquérir la confiance de partenaires japonais pour établir des flux d'affaires durables peut prendre plusieurs années. Pourtant, pour le dirigeant qui sait mesurer l'importance stratégique du Japon pour sa société, et accepter d'y investir temps et énergie avec persévérance, il fait peu de doute que ce marché peut devenir l'un des plus fidèles et des plus lucratifs au monde. En un mot, c'est un pays où l'effort paye. En tout cas, pour l'heure et les choses étant ce qu'elles sont, les ventes tunisiennes vers les pays du soleil levant ne peuvent pas aller, en gros, au-delà des produits agroalimentaires : produits de la mer certes mais auxquels il est désormais possible d'ajouter des produits biologiques, particulièrement l'huile d'olive en dépit de la concurrence italienne et espagnole, les oranges, les fraises et les confitures.
Cap sur l'alimentation biologique Sur le registre qui concerne l'essentiel des exportateurs tunisiens qu'ils opèrent déjà sur le marché japonais ou ceux qui tentent de s'y implanter, la taille actuelle du marché de l'alimentation biologique au Japon est de 600 million de dollars, soit approximativement 0,5 % du marché total de l'alimentation. Le taux de croissance annuel pour les prochaines années est estimé à 15 à 20 %. Actuellement, seuls les fruits et légumes peuvent être certifiés biologiques par les organisations japonaises. Même si l'on ne dispose pas de chiffre précis quant à l'importation de produits biologiques au Japon, les Etats-Unis et la Chine s'avèrent être les deux plus grands fournisseurs. Les Etats-Unis, par exemple, exportent environ 120 millions de dollars d'aliments biologiques au Japon, ce qui correspond à 20 % du marché total. Il reste cependant qu'il y a un énorme potentiel de croissance parmi des consommateurs craintifs influencés par les récentes épidémies mondiales. Le Japon est le troisième marché d'aliments biologiques au monde et devrait avoir l'un des plus gros taux de croissance parmi l'ensemble des pays développés, taux équivalent à 15 % - 20 % par année au cours des prochaines années. Le marché de l'alimentation biologique peut être réparti en trois catégories : les fruits et légumes frais (environ 70 %), le riz (environ 20 %), et l'ensemble des autres produits (environ 10 %). Outre les soucis de sécurité du consommateur, on considère aussi que les aliments biologiques sont plus sains et nutritifs que les produits conventionnels. Les consommateurs japonais sont prêts à payer de 20 à 30 % plus cher pour des produits biologiques. Selon une étude du gouvernement japonais réalisée en 2003, 10 % des supermarchés au Japon distribuent des aliments biologiques et, parmi ces 10 %, 6 % vendent sous le label biologique des produits qui ne le sont pas. Pour ce qui est des produits manufacturés, seul le textile peut trouver acquéreur sur le marché japonais, à condition , toutefois, là encore, que la matière première soit «biologique», c'est-à-dire naturelle, sans intrants synthétiques. Et le consommateur japonais est prêt à payer le prix fort pour les acheter. Exemple, un jeans de moyenne qualité répondant à cette configuration se vend en moyenne à 5 00 dollars la pièce.