Cette rubrique traite des faits réels dans des affaires anciennes et classées. Par respect pour les personnes , il n'est guère mention de non , ni de dates précises des faits , et encore moins de lieus précis. Ils formaient un couple qui n'était pas du tout homogène, et avaient une incompatibilité d'humeur certaine. L'époux, boucher de son état, s'était décidé de se marier bien tardivement. Il avait en effet dépassé les quarante-cinq ans, quand il convola en justes noces, après avoir été tant de fois sollicité par sa mère, vieillissante et ne pouvant plus s'occuper de lui comme elle l'avait fait jusqu'alors à fonder un nid conjugal. Elle lui avait conseillé cousine qu'elle connaissait fort et qu'elle avait vu grandir et évoluer. Toutefois, il y avait un petit inconvénient : elle était sa cadette de vingt ans. Qu'à cela ne tienne !la jeune fille n'était pas de celles qui contrariaientt leurs parents même quand il s'agissait de son propre avenir. La mère était sûre de convaincre son frère et père de la jeune fille, qui ne pouvait pas lui aussi contrarier sa sœur aînée. Son fils était peut-être le plus difficile à convaincre. Cela elle parvint à le faire et entreprit les démarches nécessaires afin de réaliser cette union qui semble à priori et dans l'absolu, pour le moins inéquitable. Tout se passa comme elle le voulait, voilà réalisé son rêve de toujours : voir son fils marié, avant de rejoindre son défunt mari dans l'autre monde. L'époux se montra de prime abord, très jaloux, et donna des instructions fermes à sa femme de ne pas quitter le domicile conjugal sans son autorisation. Et l'épouse obtempéra sans rechigner ni émettre aucune objection ni réserve. Elle tomba enceinte et l'époux fut très content de devenir enfin père. Ses cheveux commençaient à blanchir, ce qui est un signe de sagesse, mais aussi de vieillesse qui l'inquiétait quelque peu. Ses inquiétudes s'accentuaient chaque fois qu'il constatait que son épouse ne faisait qu'embellir, même lorsqu'elle était enceinte de neuf mois. Le jour de son accouchement, il invita les membres de sa famille et la sienne. Sa pauvre mère était très malade, mais heureuse. Elle ne s'inquiétait plus sur le sort de son fils, qui pouvait maintenant qu'il devenait père, voler de ses propres ailes. Sa femme accoucha d'un joli garçon. Il était très content et son épouse également. L'événement méritait d'être célébré comme il se devait. Aussi l'époux avait-il organisé un dîner, dans la ferme de son père, animé par un orchestre de " Mezoued ". Le couscous à la viande d'agneau était de mise. Il était servi dans des assiettes creuses en terre, avec de gros morceaux de viande et un verre de " Lben " ou lait fermenté, pour digérer ce mélange succulent de lipides et de glucides avec les raisins secs en guise de garniture. Parmi les membres de l'orchestre, la mariée avait reconnu " El Hech ",un voisin d'enfance et après quelques exhibitions de danse au rythme de la darbouka et de la tabla, celui-ci se leva pour saluer l'heureuse maman, ainsi que le nouveau venu, les yeux encore fermés et qui avait beaucoup de choses à dire, mais qui estimait que ce n'était pas encore le moment pour le faire. La fête se passa dans les meilleures conditions, et une semaine plus tard on en parlait encore au village, et on commençait déjà à jaser sur le compte de la mère du bébé, qui salua avec chaleur le musicien en passant un petit moment à discuter avec lui. " qu'est-ce qu'ils peuvent bien se dire ? Se connaissaient -ils tellement au point de se permettre de discuter en aparté, en présence de toute cette assistance ? et le mari ? quelle a été sa réaction ? " Des réflexions de ce genre étaient de nature à tirer le diable par la queue. Surtout que le mari était de tempérament jaloux. Les jours passèrent, et le musicien, qui tenait également un étal de fruits au marché du village, multiplia les contacts avec la jeune épouse. Quant au mari, il était plongé dans sa boucherie et travaillait dur pour subvenir aux besoins de sa petite famille, et lui procurer tout ce qu'il pouvait afin d'élever le jeune héritier dans les meilleures conditions possibles. Au fil des jours, il eut vent des rencontres qui avaient lieu entre son épouse et le jeune musicien. En fait, il n'y avait rien de mal car, le musicien était respectueux de son ancienne voisine et n'avait jusque-là aucunement dépassé les règles de la bienséance. Ces rencontres avaient lieu en fait à son étal, à chaque fois que l'épouse venait faire des emplettes au marché, et elles n'avaient jamais dépassé ce cadre. Toutefois, à cause des rumeurs, le mari changea de comportement avec sa jeune épouse. Il épiait tous ses faits et gestes et la talonnait de très près. A chaque fois qu'elle revenait du marché, elle avait droit à un questionnaire. " Ou étais-tu, et pourquoi passes-tu autant de temps au marché ? tu passes le temps à discuter avec ce jeunot ! " La jeune épouse était indignée par ces réflexions qu'elle trouvait stupides. Les relations s'envenimèrent de jour en jour entre les deux époux et les scènes de ménage se multiplièrent. Le mari jaloux devint en outre, violent. La jeune épouse n'en pouvait plus. Elle avait constamment des ecchymoses, et son mari l'avait même menacée de mort. Elle finit par quitter le domicile conjugal pour aller avec son bébé chez ses parents. Le mari furieux la menaça d'engager à son encontre une procédure de divorce pour abandon de domicile conjugal. Cependant le beau-père intervint pour concilier entre les deux époux et les choses rentrèrent dans l'ordre. Le père qui ramena sa fille au domicile conjugal, n'a pas manqué cependant de mettre en garde les deux époux de ne plus se disputer pour des broutilles et de penser à leur avenir et à celui de leur petit bébé. En vain, car les disputes reprirent de plus belle, à peine une semaine plus tard. Une ambiance malsaine s'était définitivement installée au foyer conjugal du boucher, à cause d'une incompatibilité d'humeur. Le jour du drame, le mari rentra furieux, après avoir appris que sa femme continuait à voir le musicien. Il lui affirma qu'il la soupçonnait de l'avoir trompé. La jeune femme voulait peut-être le narguer, en lui répondant qu'effectivement elle avait un faible pour le jeune homme , ignorant qu'elle avait par là même suscité sa colère et mis de l'huile sur le feu. A six heures du soir, la jeune femme affolée alerta la police de la mort de son mari, atteint à l'abdomen par le couteau avec lequel il l'avait menacée. Il décéda sur le chemin de l'hôpital, suite à un éclatement du foie. L'épouse déclara que brandissant le couteau, il avait à un moment donné glissé, alors qu'il courait derrière elle. Elle fut impliquée d'homicide volontaire. L'enquête avait révélé qu'il y avait ses empreintes sur ce couteau. Mais sur ce point elle répondit, qu'elle l'avait repoussé une première fois, en éloignant le couteau. Etait -elle en état de légitime défense, ou avait-elle voulu vraiment en finir, à un moment donné où la goutte fit déborder le vase ?