Kais Mrad : (Président de section B.B) : « La finale est le dernier de mes soucis car le meilleur reste à venir » « Le retour de la légende », brandissait fièrement les supporters radésiens venus en masse encourager leurs favoris à renouer avec le succès, au cours d'une demi finale que les Aghlabides affrontaient munis des faveurs des pronostics mais éreintés suite à leur trois rencontres de championnats contre les Clubistes. Une demi finale, désormais historique puisqu'elle a ouvert les portes de la finale au club de la banlieue 19 ans après ! Comme à son habitude, dame coupe a bradé les évidences pour glorifier les jeunes radésiens, dont l'ambition et l'opiniâtreté, furent hautement plus déterminantes que l'expérience des cadres kairouanais rompus depuis plusieurs années aux grandes occasions. « Les légendes ne meurent jamais », tel fut le credo de Ben Amor et ses protégés, avides de fouler le parquet de la désormais mythique salle olympique de Radès, théâtre glorieux et glorifiant des exploits de nos handballeurs leur faisant acquérir une dimension mondialiste. Les Grombéliens ont cru, en 2005, à l'exploit et l'ont réalisé face à la même équipe nabeulienne dans la peau du champion. Les Radésiens parviendraient t'ils à le rééditer ? Question prématurée, seul le terrain peut livrer son incontournable vérité ! Mais les puristes, les passionnés de la balle au panier ne peuvent qu'être enchanté de retrouver une école des plus huppées de ce sport de géant. Ben Hassine, Ghayaza, Smaili, Hajri, Bousslama et leurs coéquipiers ont à cœur de se distinguer à l'instar de leurs illustres aînés. Jadis, une génération en or a hissé le club crée en 1948 par le frères Erraiess, les Ben Ayed et Hedi Anabi au rang de bastion du basket. L'histoire retient, encore et toujours les noms de virtuoses de la balle orange, acteurs brillants d'une épopée inégalée ; 14 championnats et 9 coupes, pratiquement consécutifs en une seule décennie (de 1960 à 1970). Les quatre frères Snoussi (Mohamed, Feu Bakar, Khaled et Fethi), un autre Fethi, le Bachtobji, feu Bouhima et feu Mustapha Fazani. Cette année, un des leurs, Kais Mrad, le tireur attitré et emblématique arrière, a pris la responsabilité de la section. Un nouveau bureau fut constitué ; Ridha Ben Amor à la présidence, Jalel Issaoui vice président et Hichem Guedouar délégué de l'équipe senior, ont tout mis en œuvre pour redorer le blason du club et redonner le sourire à toute la ville. Et ainsi fut t'il ! Ayant survolé le play out et terminé premier, les Radésiens s'offrent un petit luxe ; un billet dans une finale qui verra un public en bleu et blanc prendre une place légitimement gagnée dans les gradins de Radés pour donner la réplique à celui vert et orange. L'effervescence, l'excitation et le fiereté de toute une ville vont pouvoir, enfin s'exprimer demain en cette belle occasion. Médaillé d'or des jeux africains de Lagos en 1973, entraîneur charismatique ayant remporté le dernier championnat de l'ESR en 1984, Kais Mrad, lui même légende, nous parle du « retour de la légende » ! Aida Arab Achab -------------------------------------- Kais Mrad : (Président de section B.B) : « La finale est le dernier de mes soucis car le meilleur reste à venir »
Le Temps : Depuis 19 ans l'ESR n'a pas connu l'ambiance des finales. Comment la ville vit t'elle l'évènement ? Kais Mrad : Depuis la demi finale et la qualification, Radés ne respire plus que basket, ne discute plus que basket. On était relégué aux oubliettes et tout d'un coup, on renaît de nos cendres, on revit. Toute la ville, pour ne pas dire toute la région est mobilisée pour l'évènement. Q : Vous avez fait partie de la génération des joueurs qui ont connu toutes les consécrations, été un technicien titré. Comment vous vivez cette qualification en tant que président de section ? R : Tout à fait et complètement différemment ! En tant que responsable j'ai appris des choses sur les gens et leur véritable valeur plus que je ne l'ai fait en 50 ans ! J'ai été déçu par les uns et émerveillé par d'autres. Le rôle d'un président de section est de structurer et d'amasser des fonds et il est évident que là où il y'a argent, il y'a conflit ! Pour ce qui est de la finale, je dis sincèrement qu'un concours de circonstances a favorisé notre qualification. Le seul gros morceau que nous avons battu est la JSK et tout le monde connaît la semaine difficile qu'ont eu les Aghlabides après trois matches éreintant contre les Clubistes. Franchement, la finale est le dernier de mes soucis ! L'essentiel est que nous ayons mis en place tout un programme et commencé à l'appliquer cette saison. Nous n'avions pas d'objectif immédiat et l'ambition de reconstruire une équipe solide en misant sur la formation de nos jeunes. Nous avons choisi un entraîneur, Badreddine Ben Amor, travailleur et passionné et il ne nous a pas déçu. Il a accompli cette année un travail monstre que se soit en volume horaire ou en qualité. Quel que soit le résultat de la finale, nous allons le garder pour assurer la continuité. Nous sommes sur la bonne voie et nous allons nous améliorez encore à l'avenir. Q : Par quoi vous expliquez l'éclosion de nouveaux pôles de basket en lieu et la place des grandes écoles (EOGK, ESR, EZS CSC et autres) ? R : Rades a toujours eu tous les atouts pour se maintenir au plus haut niveau mais le changement constant de responsables, le manque de continuité et de suive rationnel et surtout les critiques destructeurs nous ont fortement lésés. Les équipes qui sont montées en créneau n'avaient aucune pression et surtout pas de tradition dans ce sport. Elles ont pu travailler tranquillement et se construire. Mais elles commencent aujourd'hui à avoir les problèmes que les grandes écoles ont rencontrés, auparavant ! On n'est pas inquiet pour l'avenir. Nos jeunes sont excellents et surtout notre équipe minimes qui joue le doublé cette année. Q : Comment vous évaluez le niveau technique des joueurs en comparaison avec votre génération ? R : Ils sont meilleurs en tout sauf en efficacité ! Ils sautent plus haut, manipulent très bien la balle et sont plus forts physiquement mais n'ont pas l'essentiel ; l'adresse ! Le pourcentage en tirs de nos joueurs et, même internationaux sont nuls. Je crois que l'indiscipline des dirigeants a mené à la catastrophe. Ils cherchent à tous prix les résultats à tous prix et au détriment de la formation et surtout de la discipline. L'amour de l'argent a pris le pas sur celui des couleurs du club. Avant la sélection était le rêve de tous les joueurs et aujourd'hui c'est devenu une corvée. Pour finir, je veux dire aux supporters radésiens d'être patients et de faire confiance à l'entraîneur, aux dirigeants et aux joueurs. D'ici peu, ils honoreront le basket et la ville.