Le Temps-Agences - L'armée israélienne a refusé hier de confirmer ou de démentir une information du "New York Times", selon laquelle son aviation a effectué début juin un vaste exercice en prévision d'une éventuelle attaque contre l'Iran. Selon le quotidien new yorkais, qui cite hier des responsables américains, plus d'une centaine de F-16 et F-15 israéliens ont réalisé cet exercice grandeur nature dans la première semaine de juin au-dessus de la Méditerranée orientale et la Grèce. Les avions ont parcouru quelque 1.500km, à peu près la distance séparant l'Etat hébreu de la centrale iranienne de Natanz, où sont installés des centrifugeuses destinées à enrichir de l'uranium. Des appareils ravitailleurs et des hélicoptères pour le secours aux pilotes ont participé à ces manœuvres militaires, a ajouté le "New York Times". L'armée de l'air israélienne "s'entraîne régulièrement pour diverses missions afin de faire face aux défis posés par les menaces" contre l'Etat hébreu, a commenté l'armée. Le porte-parole du gouvernement Mark Regev s'est refusé à tout autre commentaire. Selon un responsable du Pentagone qui a requis l'anonymat, "il a été signalé qu'un important exercice a eu lieu, auquel des dizaines et des dizaines d'appareils ont participé. Nous surveillons tous les jours, et cela a été signalé". Un autre responsable du ministère américain de la Défense a noté que ces manoeuvres peuvent être interprétées comme un signal envoyé à l'Iran et au reste de la communauté internationale. "C'est une des appréciations que l'on peut faire de cet exercice. Ils (les Israéliens), comme le reste de la communauté internationale sont inquiets au sujet de l'Iran, et l'Iran a fait part de ses intentions hostiles à l'égard des Israéliens", a-t-il dit. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a réaffirmé jeudi sa détermination à poursuivre le programme nucléaire iranien, assurant que les pressions internationales n'avaient pu briser la "volonté de la nation iranienne". Il s'agissait de sa première déclaration depuis que le groupe des Six (les cinq permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne) a présenté le 14 juin à Téhéran de nouvelles propositions pour l'inciter à suspendre l'enrichissement d'uranium. Le gouvernement iranien avait déjà fait savoir qu'il n'accepterait pas l'offre des Six si elle impliquait le gel des activités sensibles. Le Conseil de sécurité de l'ONU a déjà adopté trois séries de sanctions à l'encontre de l'Iran pour son refus de suspendre des activités l'enrichissement, susceptible de servir à la fabrication d'armes nucléaires. Téhéran assure que son programme nucléaire est destiné uniquement à des fins civiles et revendique son droit à l'indépendance énergétique. A Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a mis en garde contre tout usage de la force contre l'Iran. "Le droit international protège clairement l'intégrité territoriale de l'Iran et de tout autre" pays, a-t-il dit. Selon Martin Van Creveld, spécialiste des questions de défense à l'Université hébraïque de Jérusalem, Israël se prépare de "longue date" à ce type d'opérations, qui a des précédents. En 1981, l'aviation israélienne avait bombardé la centrale nucléaire irakienne d'Osirak, pour mettre fin au programme nucléaire de Saddam Hussein alors au pouvoir. En septembre 2007, Israël a bombardé une installation en Syrie, un réacteur nucléaire construit avec l'aide nord-coréenne selon des responsables américains. D'après M. Van Creveld, un raid israélien en Iran permettrait probablement de "paralyser les plus importantes installations nucléaires iraniennes". Mais, ajoute-t-il, "je serais très surpris si Israël pouvait mettre KO tout le programme, qui selon tous les renseignements apparaît à grande échelle, bien dissimulé et bien dispersé".