Vous connaissez ce titre d'une chanson de Charles Aznavour, traduisant ce rêve éternel de la jeunesse, là où elle se trouve, de découvrir d'autres horizons. Toutefois, cela crée chez certains jeunes une sorte d'obnubilation, surtout quand le passage des frontières pour des pays déterminés, nécessite l'accomplissement obligatoire de certaines formalités. C'est là où, incapables de répondre aux conditions du visa, des jeunes s'entêtent à passer clandestinement la frontière, en usant de tous les moyens possible et imaginable. C'est ce que les jeunes appelle désormais " la Harka " qui vient du mot brûler ou griller et qui veut dire le franchissement clandestin de la frontière, comme si on grillait un stop ou un feu rouge. Ce qui devint de plus en plus, matière à arnaques et escroqueries par ceux qui sont constamment à la recherche de pareilles occasions pour en tirer le maximum de profit. Voilà un pêcheur qui propose à ces candidats à l'émigration clandestine de les faire passer dans son chalutier, moyennant des sommes d'argent substantielles ou encore des jeunes qui achètent une embarcation de fortune à un prix exorbitant, pour tenter eux- mêmes cette opération, o combien risquée et hasardeuse. Cela avait amené au fil du temps à une nouvelle forme de délinquance qui a touché une grande partie des jeunes qui sont souvent pris dans leurs propres pièges. C'est un cercle vicieux et infernal pour certains jeunes qui pour arriver à leurs fins peuvent faire n'importe quoi et se trouve impliqués dans des faits pour lesquels ils peuvent se retrouver en prison avec de lourdes condamnations. En général ceux qui agissent de la sorte s'avèrent avoir déjà sombré dans la délinquance. Ce fut le cas dans cette affaire, où un commerçant qui rentrait chez lui après avoir fini sa journée. En chemin il s'arrêta sur le bas-côté pour un besoin pressant. Il faisait nuit et la route était déserte. Il descendit de son camion et après avoir terminé ce qu'il avait à faire, il s'apprêtait à regagner son véhicule. Mais il fut surpris par une bande de jeunes, qui le cernèrent puis se ruèrent sur lui pour le tenir en respect avant de lui ligoter les mains et les pieds, afin de l'immobiliser. Puis il se dirigèrent vers le camion où il purent faire main basse sur la recette de la journée du pauvre commerçant, avant de prendre la tangente. Quelque temps plus tard un chauffeur de taxi passant par là, avait remarqué la pauvre victime, pieds et poings liés, à même la terre à côté de son véhicule. Le taximan alerta les agents de police qui se dépêchèrent sur place pour porter secours à la victime, et prendre sa déposition. Fort du signalements des malfaiteurs, les agents de la brigade criminelle ne tardèrent pas à leur mettre la main dessus. Ils étaient au nombre de trois, tous des jeunes hommes, en quête d'argent afin de payer ce qui leur permettait de garantir le franchissement clandestin de la frontière, par leurs propres moyens en contrepartie d'une rétribution, bien évidemment. Inculpés de vol avec violence, ils comparurent dernièrement devant la chambre criminelle près le tribunal de première instance de Tunis, et réitérèrent leurs déclarations faites au cours de l'enquête préliminaire, avouant leur forfait, sans manquer d'indiquer le nom du " passeur " qui fut arrêté à son tour. Ils firent part de leurs regrets, tardifs mais sincères, car ils étaient obnubilés par l'idée d'avoir de l'argent pour leur passeur, à tout prix et par tous les moyens. Le tribunal appréciera.