« Nous appuyons les efforts du gouvernement tunisien pour la création d'emplois » La fin de ce mois de janvier coïncide avec la fin du mandat de la Banque européenne d'investissement (BEI), alors que le début du mois de février correspond à son prochain mandat (2007-2011). Dans l'objectif d'évaluer les interventions de la banque en méditerranée et en particulier en Tunisie, et en vue de mettre en exergue les objectifs et les grandes directives de la banque durant le prochain mandat, M. Diedrick Zomban, représentant de la BEI en Tunisie, a déclaré pour Economia :
Avec une moyenne annuelle de 400MD accordés à la Tunisie durant les cinq dernières années, à l'échéance du mandant de la BEI (2002-2006), la Tunisie s'est classée numéro « 1 » par rapport aux neuf pays du sud méditerranéen, bénéficiaires du fonds de soutien de la FEMIP sur le budget MEDA. Pour une enveloppe de 7.6 milliards de dinars, montant total du dernier budget MEDA, la Tunisie a bénéficié de presque 2 milliards de dinars (les équivalents de prêts et dons) , soit 26,3% du montant total accordé par la BEI aux neufs pays méditerranéens, pendant les cinq dernières années. Cela ne peut être qu'un véritable indicateur du mouvement dynamique du flux des investissements dans le secteur privé, les infrastructures et le secteur énergétique.
Economia : Après l'organisation de la réunion des ministres européens de l'économie et des finances au Luxembourg en décembre 2006 qui a été consacrée pour l'arrêt du budget du mandat de la BEI pour l'échéance de 2007-2011, qu'en est-il pour ses finalités phares et ses principales recommandations concernant le sud méditerranéen?
Diedrick Zomban : le mois de janvier était la date de la fin de notre mandat s'étalant sur les cinq dernières années. Les fonds du mandat suivant (2007-2011) seront à la disposition des neufs pays (Tunisie, Maroc, Algérie, Egypt, Syrie, Liban, Jordanie, Palestine, et Israël) à partir du février 2007. En vertu du passage à un nouveau cadre de coopération entre l'Union européenne et les pays méditerranéens, qu'est la nouvelle politique de voisinage, les ministres européens de l'économie et des finances et la commission européenne se sont mis d'accord sur l'augmentation de budget du prochain mandat de la BEI dans le cadre du soutien de la FEMIP aux pays méditerranéens. Presque 15 milliards dinars, soit le budget du prochain mandat de la BEI consacré seulement aux neufs pays méditerranéens déjà cités, soit le double de l'ancien mandat. A côté des 15 milliards de dinars, nous avons obtenu d'autres facilités et enveloppes du soutien financier, évalué à 1.7milliard dinars. Et cela, reste dans l'objectif du renforcement des investissements ayant un intérêt spécifique avec l'Union Européenne. Il s'agit dudéveloppement du secteur privé- créateur d'emplois-, du renforcement du schéma financier de la région, et de consolidation des investissements dans le secteur d'énergie, notamment. On ajoute à tout cela, l'enveloppe de capital à risque qui est évalué à 340MD. Ce montant n'est pas encore utilisé depuis 2 ans. Il s'agit en total d'un budget se situant autour de presque 17.5 milliards de dinars. Bref, la réunion d'ECOFIN, tenue en décembre 2006 concernant la fixation du budget de prochain mandat de la BEI (2007-2011) a débouché sur trois principales recommandations. D'abord, une augmentation doublée de budget consacrant le soutien des neufs pays méditerranéens. Deuxièmement, pas de création de banque méditerranéenne. Et enfin, la création d'un comité des pays partenaires (9 pays méditerranéens) à Luxembourg. Par ailleurs, un forum d'envergure sera organisé le 6 février 2007 en vue de discuter des grandes lignes de la stratégie de la BEI concernant notamment le sud méditerranéen.
. Pour quelle raison, la BEI a-t-elle décidé d'augmenter son budget?
Dans la nouvelle politique de voisinage, L'intérêt de l'Europe est d'avoir plus d'énergie provenant des pays sud-méditerranéens. L'augmentation du budget (2006-2011) a pour objectif primordial de dynamiser en particulier les investissements et les projets dans le secteur d'énergie - notamment au niveau du renforcement de la production de gaz. Et cela en vue d'augmenter son approvisionnement en énergie en provenance du sud-méditerannéen. Je cite l'exemple du grand projet qui sera réalisé sur le territoire tunisien, portant sur l'augmentation du gaz traversant la Tunisie en provenance de la Libye et en direction vers l'Italie. Ce projet va être cofinancé par la BEI.
En Tunisie, par exemple, quels sont les grands projets qui ont été financés par la BEI au cours de 2006?
Au cours de 2006, la BEI a accordé à la Tunisie environ 263 millions dinars sous forme de trois prêts. Les prêts ont été octroyés respectivement aux trois organismes à savoir, l'organisation Enda-inter arabe implantée en Tunisie, la STEG et l'ONAS. Pour Enda-inter arabe, a obtenu un prêt de 1.2 MD, ce qui lui permettra de financer sa croissance et d'étendre ses opérations de micro-crédit dans des zones défavorisées de Tunisie. En effet, la part du lion de nos prêts, est retenue à la STEG et à l'ONAS pour la réalisation de deux grands projets. La STEG a obtenu un prêt de 194 MD. Une somme importante aurait quasi-partiellement couvert le coût total de la construction de la centrale électrique de Ghannouch. A son tour l'ONAS a bénéficié d'un prêt de 68MD qui sera consacré pour le financement du projet de la réhabilitation et l'extension des réseaux de collecte et des stations de purification pour un nombre de villes sur tout le territoire tunisien. Les deux grands projets sus-indiqués ( STEG et ONAS) seront, éventuellement, finalisés dans trois années. Il est à signaler que le taux d'intérêt des prêts accordés a été révisé par l'union européenne afin de le réduire.
Quel intérêt accorde la BEI au volet social ?
Nous prêtons attention au développement du secteur social en Tunisie. Je cite par exemple, les domaines de la santé et de l'éducation. Durant le dernier mandat, un prêt de presque 190MD a été octroyé au ministère de la santé pour l'acquisition des équipements et la construction des hôpitaux. La question actuelle qui constitue le thème de plusieurs débats en Tunisie et même en Europe, c'est la création d'emplois et la réduction du taux de chômage : que peut apporter la BEI dans ce domaine?
Conformément aux priorités du gouvernement tunisien, notamment la création d'emploi, nous agissons avec nos moyens disponibles à savoir : les fonds, les divers appuis aux pépinières de recherche, et l'assistance technique (formation), et cela dans l'objectif de soutenir les entreprises tunisiennes dans la multiplication des offres et la modernisation de sa base technologique et ses services. A cela, plusieurs postes d'emplois seraient créés notamment dans la filière des technologies modernes. A titre d'exemple, nous avons soutenu les investissements dans le domaine de technopoles. Nous voulons bien appuyer les efforts du gouvernement tunisien dans la création d'emplois. De ce fait, nous sommes en train de créer un fonds d'amorçage avec une mise initiale de 16MD. Ce fonds sera à la disposition des jeunes promoteurs à partir du début février 2007. Ce fonds qui va être géré par une société tunisienne à caractère anonyme. La seule condition de bénéficier de ce fonds, c'est d'avoir élaboréun bon business plan. Durant le précédent mandat, nous avons essayé de soutenir les "jeunes entreprises". Nous avons contribué au financement de la création et du développement -modernisation - des sociétés via les SICAR. Nous avons pris le risque avec le promoteur dans le financement de son projet. On est son quasi-actionnaire.
- Qu'en est-il du futur agenda de la BEI en 2007, concernant la Tunisie?
Nos futurs objectifs seront axés sur le développement consolidé du secteur privé à travers les fonds mis à la disposition des entrepreneurs tunisiens dans les banques qui sont nos intermédiaires directs. Nous cherchons à développer le mécanisme du soutien financier des PME et des particuliers via les micro-crédits. Dans le même sillage, nous allons appuyer les initiatives concernant le développement du tissu productif et les infrastructures du pays. Nous continuerons aussi dans notre démarche d'ouverture sur l'environnement d'affaires en Tunisie, et cela à travers le renforcement du contact direct avec les promoteurs. Nous optimisons plus des initiatives des entrepreneurs tunisiens pour les faire bénéficier directement de nos prêts, mais à condition que le budget du projet doive dépasser la barre de 40MD. A cela, nous nous engageons de financer 50% du coût du projet. L'échéance du remboursement du prêt est prolongée sur 12 et 15 ans avec un taux d'intérêt révisé.
Pouvez-vous définir les grands projets pour 2007?
Trois grands projets seront réalisés dans l'agenda prévisionnel de 2007 en faveur de la Tunisie. Le premier projet concerne l'augmentation de la capacité de transmission de gaz en direction de l'Italie. Le deuxième, portant sur l'aménagement des voiries et échangeurs concernant les zones industrielles, et ce afin de consolider l'infrastructure adéquate au développement de l'entreprise. Quant au troisième projet, il s'agit de la construction d'une usine de production de phosphate. Ce dernier projet sera réalisé avec le concours de deux groupes chimiques indiens.