* Mehdi Farhat directeur de l'Eldorador Salammbô-Hammamet : « L'animation doit être ciblée où tout est proposé et rien n'est imposé » La Tunisie a fait le choix de diversifier son offre touristique pour répondre à toutes les demandes et satisfaire toutes les tendances. Dans cette orientation, de grands efforts ont été réalisés au niveau de l'infrastructure hôtelière et ses services. Mais l'animation dans nos hôtels ne semble pas suivre. Elle n'a pas encore retrouvé sa vitesse de croisière. Les professionnels font de leur mieux pour animer leurs unités et distraire leurs clients. Mais ce créneau n'est pas bien structuré faute de stratégie claire et de vrais animateurs. Mais comment concilier tourisme et animation ? On construit des hôtels voire des palaces mais on oublie de les animer. Les problèmes d'animation sont toujours les mêmes depuis la nuit des temps. Pour les hôteliers, l'animation signifie la plage, les parties de beach volley, le parachute ascensionnel, le jet ski et les parties de disco le soir. La plupart recrutent des animateurs sans qualification. Ils font beaucoup de tapage et rien d'autres si bien que certains dérangent et font fuir le client qui préfère rester dans sa chambre. Il est vrai que certains hôteliers ne font rien pour animer leurs unités. Ils n'ont pas une culture d'animation. N'est pas animateur qui veut ?Et comme l'a précisé M.Salah Chakor professeur spécialisé en tourisme à l'Institut du tourisme de Ouarzazate « l'animateur est un cadre qui organise et provoque des actions d'animation de divertissement au sein d'un hôtel, d'un restaurant sur un site. Il n'est alors pas un clown, un charlatan, un homme qui se transforme en ridicule pour faire rire, mais c'est quelqu'un qui fait un travail sérieux cohérent ordonné et planifié. Il doit être un homme pleinement cultivé maîtrisant plusieurs langues (plurilingue) étrangères, connaissant l'histoire de son pays et l'art folklorique. Il doit aussi faire preuve d'une grande personnalité et d'une discipline irréprochable ( respect de l'éthique et du civisme ). Il doit savoir marier les couleurs folkloriques. Etant un cadre spécialisé, il doit organiser les actions d'animation dans l'entreprise où il travaille. Sa principale fonction est de coordonner ces différentes actions qui réunissent les troupes folkloriques, les acrobates, les jeux divers (natation, tennis etc ...) la danse, les compétitions et les manifestations diverses. L'animateur est donc celui qui planifie pendant le séjour d'un touriste, tout ce qui est en rapport avec le divertissement à l'intérieur comme à l'extérieur. Les autres acteurs de l'animation sont sous ses ordres tels que l'orchestre, le folklore, le maître nageur, le moniteur de sport, le chargé d'excursions, le maître de la danse etc .... Ce n'est donc pas un clown ou un magicien, mais il est le chef d'orchestre de ces derniers. » Le touriste a plus que jamais besoin de se distraire et de vivre des moments de joie et d'éclatement. Chose qu'il ne trouve pas dans nos unités qui s'évertuent souvent à remplir les moments libres des touristes par des soirées cabarets identiques dans tous nos hôtels.
Une culture d'animation : L'animation est devenue un produit incontournable, au même titre que le restaurant ou la chambre. Les touristes sont les premiers à exiger ce service lors de leurs déplacements. Les TO ont pris conscience de l'importance de cette niche marketing et ils proposent tout un programme d'animation dans leurs brochures. Plusieurs clubs dépensent de l'argent fou pour pousser l'animation à l'extrême. C'est le cas des villages club Med, les Eldoradors de Jet Tours, les Framissima et les Paladiens de Nouvelles Frontières. Ce n'est pas un effet de mode. L'animation correspond à une évolution profonde de notre société où les clients stressés et fatigués veulent se défouler. Ils ressentent de plus en plus le besoin de trouver des espaces où on écoute de la bonne musique, danser, assister à des sketchs, pratiquer une activité sportive et autres choses. Globalement, l'animation correspond à un art de vivre où l'on cherche davantage à être en harmonie avec son environnement avec soi-même. Et là il faut d'abord une culture d'animation. L'enseigner dans les écoles auprès de nos jeunes. Bien sûr, il faut des établissements spécialisés dans ce créneau. Il faut considérer l'animation non pas comme un simple produit touristique mais comme un secteur d'activité à part entière. Kamel Bouaouina -------------------------------------------- Mehdi Farhat directeur de l'Eldorador Salammbô-Hammamet : « L'animation doit être ciblée où tout est proposé et rien n'est imposé »
Le Temps : Comment jugez-vous l'animation dans nos hôtels ? M.Farhat : Je pense qu'elle n'a pas beaucoup évolué surtout dans les hôtels classiques où l'on propose toujours les mêmes choses c'est-à-dire des jeux et des soirées des années 80. C'est une animation peu étudiée et qui ne retient pas le client qui s'ennuie souvent car cette animation est souvent confiée à des animateurs non professionnels. Il ne suffit pas d'avoir de bons hôtels pour réussir le lancement de son unité. S'il faut deux à trois ans pour construire une unité, il faudrait davantage pour lancer une équipe d'animation. Aujourd'hui, il y a un glissement de clientèle de l'hôtel classique au club. Les villages dépensent beaucoup d'argent dans ce créneau et notre tourisme ne peut évoluer que s'il opte pour une bonne animation car en fait pourquoi le touriste vient à Hammamet où à Sousse s'il ne trouve pas de l'ambiance et de bons animateurs ?
Mais qu'offrent de particulier ces clubs de vacances ? C'est une animation à la carte où le client trouve son compte. C'est un concept fait par des professionnels de l'animation. C'est une animation ciblée destinée aux jeunes et adultes et aussi aux enfants. Le baby Eldo est un exemple d'animation pour des enfants d'un an jusqu'à quatre ans dans notre club. Nous essayons de diversifier notre animation, d'impliquer davantage les vacanciers et d'être toujours à leur écoute. Rien n'est imposé, tout est proposé. Ce que propose par exemple nos eldoradors, ce sont des cocons au bout du monde. Ni plus, ni moins. Des lieux où l'on peut séjourner en toute sérénité avec ses enfants et ses amis. Des lieux où tout est à portée de main, du spa aux cours de ski-nautique en passant par les activités pour les tout-petits. Des lieux où l'on peut partager de belles vacances avec ses proches, mais aussi trouver des moments pour soi.
Mais cette animation exige une bonne formation. ? L'animation est un métier. C'est un apprentissage quotidien. Une formation théorique et pratique est indispensable pour les animateurs. La mission des stages est d'entretenir et d'enrichir cette formation et là nous essayerons chaque jour d'apporter le plus qui fera la différence