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Le parcours de combattant du jeune diplômé
Recherche d'emploi
Publié dans Le Temps le 30 - 07 - 2008

Décidément, il ne suffit pas d'avoir un diplôme supérieur pour intégrer le marché de l'emploi. Ils sont, annuellement, plus de 60.000 à en avoir. Donc, c'est plutôt au moment d'obtention des diplômes que commence le véritable parcours de combattant pour les jeunes et les moins jeunes.
Cette lutte est d'autant plus dure que les nouveaux diplômés, lauréats de l'université tunisienne ou ayant obtenu leurs diplômes sous d'autres cieux, n'ont pas de quoi justifier le savoir-faire qu'ils ont acquis. Ils ont, certes, des connaissances théoriques. Mais, le marché de l'emploi a besoin d'un savoir-faire qui ait des retombées sur la production. Or, la multiplication des diplômes délivrés et la diversité des branches ont rendu la vie difficile aussi bien pour les chercheurs d'emploi que pour les employeurs. Il y a une véritable problématique d'adéquation entre l'offre et la demande. Les employeurs s'interrogent sur les capacités réelles des diplômés. Plusieurs, parmi ces employeurs, font appel à des bureaux spécialisés pour les recrutements. Mais, une telle approche peut constituer un handicap pour les nouveaux diplômés.

L'annonce-espoir
Vous dénichez un numéro de téléphone dans votre journal du matin vous composez le numéro et vous attendez.
On vous fera attendre exprès, question de vous faire croire que le standard est saturé d'appels et qu'il va "sauter" d'une minute à l'autre.
Une voix féminine à l'autre bout du fil vous confirmera bien que vous ne vous êtes pas trompé, vous êtes bien en ligne avec la prestigieuse société de renommée internationale qui, si Dieu le veut, mettra fin à votre carrière de chômeur.
Dans ce genre de sociétés, qui ne laisse rien au hasard, la première règle qu'on fera apprendre aux jeunes opératrices de téléphone, c'est de ne jamais répondre à une communication téléphonique externe tout de suite, il faut faire croire que vous êtes submergés par le nombre d'appels.
Bref la demoiselle du téléphone vous prend en charge, vous exposez votre cas, on vous fixe un rendez-vous, parfois le jour même.
Muni de toutes vos bonnes espérances, vous traînez derrière vous vos longues années d'études et votre diplôme et vous prenez la route de la prestigieuse et glorieuse boite.
Vous arrivez enfin à votre destination, vous sonnez à la porte qui s'ouvrira toute seule.
Une fois à l'intérieur des locaux de votre future entreprise, on vous conduit dans une salle d'accueil, où sont assises une dizaine de jeunes filles. Comme vous, elles ont déniché le numéro et elles sont déjà au rendez-vous.

Le test
Après quelques longues minutes d'attente, on vous appelle, c'est votre tour d'être soumise au fameux test ; d'un geste, on vous indique une porte. Par politesse, mais surtout par respect pour votre éventuel futur supérieur ,vous frappez à la porte,vous attendez un peu ,vous tournez le poignet dans le sens des aiguilles d'une montre et vous voilà face à face avec un monsieur bien enfoui dans son fauteuil, le visage traversé au milieu par une paire de lunettes noires, il est tout consommé par la lecture de documents, sûrement importants, parce que bien classés dans dossier volumineux..
Le monsieur lève sa lourde tête doucement, vous dévisage un bon petit moment comme pour lire dans vos pensées et décide enfin de passer à l'interrogatoire.
D'une voix sèche, d'un temps inquisiteur, il vous posera toutes sortes de questions sur votre vie "passée" sur vos antécédents, vos retenues scolaires, vos rapports avec le conducteur du métro, le diabète de votre cousin décédé l'année de votre bac, les effets secondaires du régime alimentaire imposé à votre grand-mère pour garder la ligne, on va jusqu'à vous demander, avec insistance, de vous rappeler de votre état émotionnel après votre premier rendez vous, chez votre dentiste bien sûr.
Pour un moment, vous vous croyez devant un juge d'instruction ou un agent du FBI ou de la CIA (comme on en voit dans les films) qui essaie de vous obliger à reconnaître votre responsabilité directe dans l'assassinat du président Kennedy.
Le monsieur assis en face de vous, de sa voix sèche, vient couper le fil de votre imagination et vous rappeler à la réalité.
Vous vous faites petite, vous chassez votre pessimisme qui vous hante comme votre ombre,vous oubliez toutes vos peines ,vous oubliez même que vous êtes un chômeur titulaire d'un bac+6 et vous remerciez Dieu qui a éclairé votre chemin et guidé vos pas vers ce responsable si important, qui, d'un moment à l'autre, va vous annoncer la bonne nouvelle: "test satisfaisant,votre profil nous intéresse et nous avons décidé de retenir votre candidature et d'ajouter, comme pour confirmer la grave décision qu'il venait de prendre ,vous pouvez, si vous le désirez, commencer dès maintenant ».

La réussite !
On ne vous a point empoisonné avec des questions auxquelles vous vous êtes préparées, sur les matières qu'on vous a enseigné durant vos différentes scolarités, ni même sur le rapport, supposé exister, entre votre formation universitaire et votre futur emploi.
Le gentil monsieur, un autodidacte, fort de son bac moins six, formé sur le tas en confrontation directe avec les problèmes de la vie, d'un geste autoritaire met fin à l'entretien qu'il vous a accordé en vous indiquant la porte, tout en vous intimant l'ordre de passer à la caisse.
Vous vous pincez les joues pour vous assurer que vous ne rêvez pas.
Le test mené par un professionnel de carrière dans la gestion des ressources humaines, a été certes serré et même un peu sévère, mais tout est bien qui finit bien, vous réussissez le test,vous décrochez le boulot tant prisé -le nombre de candidates en témoigne- Mais ,le comble de votre joie est que votre futur employeur a pensé à vous gâter d'une petite avance qui va vous motiver et vous éviter les rougeurs quotidiennes chaque fois que vous êtes obligée de demander un "danous" à votre père.
Une fois revenue à la salle de réception, tous les regards se posent sur toi. Encouragées par ton sourire radieux, les langues se délient et d'une seule voix, comme dans une chorale :"mabrouk"
Seule la pancarte indiquant"caisse" et le sourire de la jeune demoiselle qui fait office de caissière derrière le guichet vous font sortir de votre état de transe.

Un test payant !
D'un pas mesuré, digne d'un futur cadre supérieur dans la prestigieuse entreprise, où vous êtes, vous vous dirigez vers la caisse, devancée par votre sourire, vous tendez une main timide,à son tour la caissière fait le même geste et entre deux sourires ,elle vous souffle comme dans une déclaration d'amour"soixante dinars".
Votre main est encore tendue, et la jeune fille qui fait office de caissière, lisant dans vos pensées, dissipe le malentendu :"Mademoiselle, notre prestigieuse entreprise, avant de vous engager définitivement, procèdera à votre formation conformément à nos normes et à nos valeurs, pour ce, nous vous prions de vous acquitter de la petite somme de soixante dinars en guise de frais de formation".
Vous essayez de crier,de hurler,votre main et la sienne sont encore proches l'une de l'autre,votre regard glacé se pose sur une pancarte discrète ,vous lisiez: «satisfait ou pas, on ne vous rembourse pas ».
Traînant votre déception en plus de vos longues années d'étude et de votre situation de chômeur diplômée, vous cherchez dans votre mémoire les quelques notions qui vous restent en mémoire du "prince" de Machiavel, de la Généalogie de la morale"de Nietzsche ou des" malheurs de la vertu" du marquis de Sade où le subversif écrivain poussa les fantasmes de perversion sexuelle à leurs limites les plus extrêmes.
L'arnaque est tout comme l'argent, elle n'a ni goût ni odeur. Elle a un effet, et elle est apatride.
De telles pratiques méritent d'être mises à l'index par les candidats et combattues par l'administration.


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