La ville de Kairouan manque d'animations nocturnes alors que les grandes places, à l'instar de celle de Sidi Sahbi, ou celle qu'offre la zone récréative du bassin des Aghlabides... ne manquent pas. Malgré le canicule insupportable, l'absence de coins de loisirs... de spectacles en plein air... Kairouan reste la ville aimée... Elle devient plus belle la nuit et... jusqu'à l'aube. A Kairouan, le soleil se lève tôt... Les femmes aux foyers se dirigent vers les marchés qui grouillent de monde pour s'approvisionner en légumes, fruits, viandes et poissons et retourner à la maison faire la tambouille pour ressortir qu'au coucher du soleil. Femmes aux foyers, vacanciers profitent de la douceur qu'offrent les climatiseurs, devenus une nécessité pour contrecarrer la chaleur suffocante régnant aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des foyers. Les fonctionnaires et, contrairement à ce que disent certains à propos d'une administration qui se vide de son personnel en période estivale ; préfèrent rester le plus longtemps possible dans leurs bureaux climatisés, regrettant même la fin de la séance de travail, au moment où la canicule bat son plein. Puis, aux environs de quatorze heures, les rues deviennent désertes, seules les venelles ombragées où les artisans exercent tranquillement leurs métiers sans êtres gênés par les rayons du soleil, où le centre ville, faisaient semblant d'animation... Les voitures se raréfient par la suite... Quelques chauffeurs pressés passent avec fracas pour fuir une canicule insupportable pour se claquemurer chez eux. La foule s'estompe par la suite à l'exception de quelques vieillards fatigués qui attendent l'arrivée d'un taxi qui tarde à venir ou qui ne viendra jamais.
Puis la vie reprend son cours normal C'est à partir de vingt heures que la vie reprend son cours normal, même si les murs continuent à recracher la chaleur accumulée lors de la journée... Les terrasses des cafés se remplissent de clients fidèles qui passent leur temps à discuter, à fumer un narguilé, à jouer aux cartes ou aux dominos, à boire un thé ou un café pour s'éclaircir les idées. Pour ceux qui cherchent le calme et la tranquillité, c'est du côté du monument du tapis à l'entrée nord de la ville qu'ils prennent place.
Kairouan ne dort pas la nuit Ce n'est pas à cause d'un programme festif élaboré par le comité du festival des nuits de Kairouan ou d'une animation dans l'une des grandes places de la ville, quasi-absente... Mais parce qu'il fait très chaud la nuit. A Kairouan on prend deux, voir trois douches par jour pour se rafraîchir. Il est vrai que la ville manque d'animations nocturnes alors que les grandes places, à l'instar de celle de Sidi Sahbi, ou celle qu'offre la zone récréative du bassin des Aghlabides... ne manquent pas. Chokri, étudiant en gestion, regrette de passer ses vacances à Kairouan. Il dit, en mâchant son chewing-gum : « En l'absence de coins de loisirs dans la ville, je préfère passer la nuit sur la terrasse de notre maison, observant les étoiles illuminant le ciel, ou regardant la télévision. Hier, une chaîne satellitaire européenne, a présenté un documentaire sur la ville de Marrakech, ville située loin du littoral au pied du haut de l'Atlas, habitée par plus de 440.000 habitants, qui fut la capitale des Almoravides. J'ai aimé l'animation nocturne dans cette ville historique notamment celle qu'offre cette grande place dont j'ai oublié le nom (Sahet El Fna).. où charmeurs de serpents, dompteurs de singes, jongleurs côtoient barbecues-pâtisserie... J'ai vu ce grand nombre de touristes étrangers affluer sur cette place. Et pourtant, les grands espaces ne manquent pas à Kairouan, cette ville aussi prestigieuse... Seules les initiatives manquent ». Wajdi, étudiant en médecine, se cachait à peine derrière ses lunettes noires, disait, quant à lui : « Je passe tout mon temps à naviguer sur Internet ou scotché devant l'écran de la télévision durant des heures et des heures à la recherche de documentaires. Je préfère rester à la maison, car dehors, il y a trop de tentations... et pas assez d'argent », ajoute-t-il. Ramzi, en chômage depuis quelques années, malgré sa maîtrise en histoire-géo, caressant son menton de haut en bas d'un geste machinal, disait, à ce propos : « Ce qui m'intéresse le plus c'est de parvenir à décrocher mon capes, ou trouver un emploi. Mon père qui a trop dépensé, n'a plus les moyens pour payer la scolarité de mes trois frères et à la fois me donner de l'argent de poche ».
La plage, pas à la portée de toutes les bourses Beaucoup de familles se rendent dans les régions balnéaires, quitte à s'endetter et payer des millions de nos millimes pour faire plaisir aux enfants, à l'instar de ce directeur d'école privée. « Le loyer à Sousse, a terriblement augmenté, mais cela ne m'a pas empêché de louer une villa au bord de la mer pour 2000 dinars ... par mois, et ce pour profiter avec les membres de ma famille des eaux rafraîchissantes de la mer et des loisirs offerts par cette ville à ses estivants », estimait-il. Un autre père de famille a trouvé la bonne solution en louant à l'année un appartement dans la ville de Monastir, contre un loyer mensuel de 250 dinars. « C'est ma fille, étudiante en biologie médicale qui occupait avec trois de ses collègues l'appartement durant l'année universitaire. Et sans faire trop de calcul, le loyer en période estivale me revient à 750 dinars et pour trois mois », analysait-il.
« El Hamhama », un souk florissant Les gargotes à Kairouan travaillent jour et nuit sans relâche. C'est le kaftagi et le lablabi qui attirent les gourmets. Du côté de l'hôpital Ibn Jazzar, une rue de boutiques et restaurants élégants servent des plats merveilleux à savoir pizza, hamburger et jus rafraîchissants... tant pis pour les calories, disait Saloua, qui pèse plus de 90 kg.
Tapage nocturne La période estivale est celle de la célébration des mariages... que d'agneaux et de veaux égorgés... que d'argents dépensés... que de troupes musicales... que d'argent perçu (koursi ou chaises)... que des klaxons... Les mariages animent, certes la ville et rapprochent les familles... mais quand la cornemuse et la darbouka dépassent les limites... ils deviennent gênants. Malgré le canicule insupportable, l'absence de coins de loisirs... de spectacles en plein air... Kairouan reste la ville aimée... Elle devient plus belle la nuit et... jusqu'à l'aube.