Le Temps-Agences - Réchauffement entre Damas et Beyrouth. La Syrie et le Liban ont décidé mercredi d'établir des relations diplomatiques entre leurs deux pays, selon un responsable syrien. La décision a été prise au premier jour de la visite historique du président libanais Michel Sleimane à Damas, la première d'un chef d'Etat du Pays du Cèdre depuis plus de trois ans. Cette annonce intervient alors qu'un attentat à la bombe a fait mardi au moins 18 morts et 46 blessés à Tripoli, dans le nord du Liban. Si certains ont imputé l'attentat à une organisation palestinienne liée à Al-Qaïda, les médias locaux ont, eux, établi un lien avec la visite de Michel Sleimane à Damas. Le président syrien Bachar El-Assad et son homologue libanais, qui se sont rencontrés mercredi à l'arrivé de Michel Sleimane à Damas, ont décidé de "prendre les mesures nécessaires pour établir des relations diplomatiques au niveau des ambassades en accord avec la charte des Nations unies et le droit international", a indiqué Buthaina Shaaban, conseiller de M. El-Assad. Aucune date d'ouverture des ambassades n'a été précisée. La Syrie et le Liban n'entretiennent pas de relations diplomatiques formelles depuis leur indépendance dans les années 1940. Les autorités syriennes ont longtemps maintenu que les liens avec Beyrouth étaient "trop étroits" pour des relations formelles. Beaucoup d'observateurs espéraient que la visite de Michel Sleimane, élu le 25 mai après une vacance de six mois, permettrait d'apaiser les relations chaotiques entre les deux pays voisins. La Syrie a occupé pendant près de trente ans le Liban, qu'elle n'a quitté qu'en 2005 sous la pression internationale suite notamment à l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, imputé pour beaucoup à Damas. Les relations chaotiques entre les deux voisins ont alimenté l'instabilité politique et les tensions intercommunautaires au Liban. La question de représentations diplomatiques syrienne au Liban et libanaise en Syrie avait déjà été évoquée en marge du sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée (UMP) en juillet à Paris, lors duquel Michel Sleimane et Bachar El-Assad s'étaient rencontrés. A cette occasion, le président syrien avait assuré que Damas était favorable à l'ouverture d'ambassades depuis 2005. "Nous allons définir quels sont les pas à franchir pour arriver à ce stade", avait-il déclaré. Damas a donné son accord à l'établissement de relations diplomatiques formelles suite à la formation en juillet d'un gouvernement d'union nationale au Liban qui donne un rôle importé à l'opposition emmenée par le Hezbollah, proche de la Syrie, face à la majorité antisyrienne au Parlement, alliée du Premier ministre soutenu par l'Occident Fouad Siniora. Le Parlement libanais a approuvé à une très large majorité mardi la composition de ce gouvernement, à l'issue d'un débat de cinq jours sur le droit du Hezbollah à garder ses armes. Le chemin vers une normalisation totale des relations entre le Liban et la Syrie pourrait toutefois être encore long, après ces trois dernières années où l'opposition entre les pro-syriens et les pro-occidentaux a conduit le Liban au bord de la guerre civile. Malgré le retrait syrien, beaucoup de Libanais ont accusé Damas de tenter de maintenir son influence dans le pays par le biais du Hezbollah et d'être derrière les assassinats politiques qui ont ensanglanté le Liban. Les Etats-Unis, qui soutiennent le gouvernement Siniora, ont salué l'annonce de mercredi, tout en appelant la Syrie à rester en dehors des affaires libanaises. "Si les Syriens poursuivent en déterminant la frontière entre le Liban et la Syrie, et respectent la souveraineté libanaise dans d'autres domaines, alors cela restera comme une très bonne étape", a réagit la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice. Selon l'agence officielle syrienne SANA, Bacher El-Assad et Michel Sleimane ont également abordé mercredi la question de la démarcation officielle des frontières réclamée par la majorité antisyrienne au Parlement libanais pour garantir la reconnaissance par la Syrie de la souveraineté de son voisin libanais