Le secret entourant les postes libérés donnerait lieu à des pratiques de favoritisme. De leur côté, les enseignants cherchent par tous las moyens à éviter les zones rurales Il en est ainsi tous les ans en pareille saison, et cela ne risque pas de changer dans les années à venir : des centaines d'enseignants exerçant partout dans le pays attendent, avec espoir et appréhension à la fois, la réponse à leurs demandes de mutation. Qu'il s'agisse d'instituteurs ou de professeurs du secondaire, la situation est quasiment la même après la tenue des commissions nationales ou régionales : certains sont comblés et beaucoup d'autres sont frustrés sinon indignés et révoltés. Cette année, les résultats de la session des mutations à l'échelle nationale (réunie fin juillet 2008) sont très en deçà des attentes. Jamais en ce qui concerne l'enseignement secondaire, le pourcentage des demandes satisfaites n'a été aussi faible. Un communiqué de presse émanant récemment du syndicat national de l'enseignement secondaire déplore « ce taux très bas et ces résultats décevants » et appelle le ministère à réunir exceptionnellement une deuxième commission pour donner une nouvelle chance aux demandeurs de mutation, et en particulier aux mariés parmi eux. Aujourd'hui et de l'aveu même des syndicats, les critères sur la base desquels les demandes de mutation sont retenues et satisfaites sont de plus en plus objectifs et raisonnables, mais l'entrave principale devant la gestion équitable de tous les dossiers reste, selon les enseignants, l'absence de transparence dans la déclaration des postes vacants. Pour eux, l'administration ne communiquerait pas certains chiffres sur les postes que libèrent les enseignants recrutés dans le cadre de la coopération technique, les nouveaux retraités, les décès, les maladies de longue durée, les contrats de détachement et les démissions. Plusieurs demandes auraient été satisfaites si ces données avaient été révélées avec exactitude ; cela aurait épargné aux représentants du ministère comme à ceux du syndicat les accusations de favoritisme et d'injustice dont on les accable ouvertement parfois. En fait, les dossiers autour desquels le doute plane sont ceux des demandes de mutation pour des raisons humanitaires : c'est là où le flou règne et où l'on s'autoriserait toutes les irrégularités. Malgré cela, seuls 100 ou 120 dossiers obtiennent satisfaction, en général.
Ruée vers la capitale et les villes côtières Les demandeurs de mutation sont, dans la majorité des cas, des enseignants qui exercent dans une ville de l'intérieur du pays. Ils souhaitent tous une nouvelle nomination du côté de la capitale ou de sa banlieue, du côté de Nabeul ou de Sousse ou encore de Sfax. Les demandes sont parfois solidement argumentées, mais dans plusieurs cas, elles sont mues par le seul et légitime désir de s'installer dans un décor plus agréable et qui offre des horizons plus larges à l'enseignant et à sa famille. C'est aujourd'hui un véritable fléau qui se présente comme le prolongement logique du phénomène de l'exode rural
La permutation : une planche de salut Sur les colonnes des journaux, sur les tableaux d'affichage des lycées, des collèges et du syndicat, on peut lire quotidiennement des dizaines d'annonces dont les auteurs souhaitent échanger leur poste contre celui d'un collègue du même grade mais qui travaille ailleurs. Là encore les villes ciblées sont Tunis et ses environs, Nabeul, Sousse et Sfax. On n'entend presque jamais parler d'un enseignant de Sousse ou de Bizerte qui sollicite le poste de son collègue de Kébili ou de Jendouba ! En tout cas, la permutation est une pratique de plus en plus courante entre les enseignants de tous bords et il semble selon des syndicalistes bien informés, qu'elle permette de résoudre beaucoup de problèmes restés en suspens lors des commissions consacrées à l'étude des dossiers de mutation. Il arrive même qu'une permutation réussie aide à débloquer la mutation de deux enseignants à la fois.
Complications ... Beaucoup d'enseignants sont unanimes pour affirmer que le dossier de la mutation tend à se compliquer et à constituer une éternelle pomme de discorde entre les syndicats et le ministère. D'autre part, les facteurs sont multiples ce qui empêche d'espérer un rapide déblocage de la situation. Par exemple, il devient très difficile pour les enseignants de certaines matières de voir leurs demandes de mutation aboutir (notamment les professeurs d'éducation religieuse, d'éducation artistique ou d'éducation technique). Les professeurs des sciences de la vie et de la nature risquent de connaître le même sort, tout comme les professeurs de langues étrangères autres que le français et l'anglais. A l'origine de cette situation délicate et vraiment inquiétante, la réduction sensible du nombre d'heures dispensées par semaine dans certaines disciplines, la suppression pure et simple de certains enseignements autrefois assurés à tous les niveaux et dans toutes les branches, les classes surchargées (jusqu'à 45 élèves par classe dans certains lycées et collèges des grandes villes visées justement par les demandeurs de mutation), le nombre de plus en plus lourd d'heures supplémentaires attribuées aux enseignants. Est-il permis après cela d'espérer un déblocage rapide de la situation ? Parions tout de même sur la volonté réciproque de dialoguer qui anime tout autant les représentants des enseignants que ceux du ministère de tutelle. BADREDDINE BEN HENDA ---------------------------------------- Chiffres Voici en effet les chiffres dont il est question et qui sont loin de rassurer les enseignants sur la position de l'administration au sujet de la mutation et du nombre d'années d'exercice requis pour y avoir droit. On craint que la mutation ne soit plus perçue comme un droit mais comme une faveur et que du coup la porte soit ouverte désormais à tous les abus.
A l'échelle nationale : -Mutation entre les régions : Demandes présentées : 7133 Demandes satisfaites : 1350 Soit un pourcentage de 19% - Rapprochement de conjoint : Demandes faites : 1677 Demandes satisfaites : 316 Soit un pourcentage de 18,84%
Au niveau du Grand Tunis -Cas de mutation : Demandes présentées : 819 Demandes satisfaites : 84 Soit seulement 9,75 % - Cas de rapprochement de conjoint : Demandes faites : 107 Demandes satisfaites : 13 (soit 8,23 %)