Le Temps-Agences - La France a rendu hommage hier, lors d'une cérémonie aux Invalides, aux dix soldats tués en Afghanistan, en pleine controverse sur les circonstances de leur mort et les conditions de leur engagement. La France "défend la liberté du monde en Afghanistan", a réaffirmé hier Nicolas Sarkozy, qui a promis "toute" la vérité aux familles. Répondant à une opposition qui réclamait avec insistance des éclaircissements, Luc Chatel a annoncé hier que le gouvernement ferait une déclaration, suivie d'un débat, sur la situation en Afghanistan lors de la session extraordinaire qui débute le 22 septembre. La commission de la Défense de l'Assemblée nationale auditionnera mardi matin le ministre de la Défense Hervé Morin, alors qu'une mission d'évaluation de la situation en Afghanistan devrait être confiée aux députés Pierre Lellouche (UMP) et François Lamy (PS). "Une mission parlementaire composée du président de la Commission de la Défense (Guy Teissier), de députés de la majorité et de l'opposition se rendra sur place en Afghanistan" dans les prochains jours, a annoncé hier le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer dans un communiqué. Le gouvernement a néanmoins balayé par avance les critiques et questions formulées depuis la mort des soldats français, sur le déroulement de l'embuscade dont ils ont été victimes ou la finalité de l'engagement militaire en Afghanistan. Devant les dix cercueils exposés dans la cour des Invalides, Nicolas Sarkozy a promis aux familles qu'elles sauraient "tout" des circonstances de leur mort. "Je veux qu'elles sachent tout, elles y ont droit" a déclaré le président français. "Vous n'avez pas honte?", avait-il lancé quelques minutes plus tôt, visiblement tendu, aux journalistes qui l'interrogeaient sur la possibilité de tirs amis qui auraient atteint les Français, évoquée par "Le Monde". Il n'existe "aucun élément" permettant de penser qu'ils aient été victimes de tirs d'avions de l'OTAN ou de l'armée afghane, a affirmé de son côté Hervé Morin. "La France assume ses responsabilités. Elle défend la liberté du monde en Afghanistan", a martelé Nicolas Sarkozy pendant le conseil des ministres, selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel. "Personne ne pense à partir" d'Afghanistan, a assuré de son côté le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Et "une armée professionnelle est forcément une armée de jeunes", a répondu Hervé Morin à ceux qui s'étonnaient de la jeunesse des soldats. "Ces hommes sont dans un régiment d'élite, le 8e RPIMa de Castres et donc ils ont eu toute la formation nécessaire". Simplement, les talibans "ont changé de technique et de méthode: ils sont capables de mener des opérations tactiques beaucoup plus aguerries qu'ils ne le faisaient il y a quelque temps et c'est cela que nous payons". L'armée avait porté une "attente toute particulière à la préparation de (ses) soldats" et "à ceux-là probablement plus qu'aux autres, et avec un niveau d'exigence que personne ne peut démentir", avait également affirmé mercredi soir le général Elrick Irastorza, chef d'état-major de l'armée de Terre. Pourtant, même à droite, des doutes continuaient à se faire entendre hier. La situation militaire en Afghanistan "est déjà un bourbier", a ainsi estimé le député UMP Pierre Lellouche, qui a réclamé "une remise à plat de la stratégie civilo-militaire de l'OTAN en Afghanistan, parce que cette stratégie a échoué". Les forces internationales "ne sont pas en nombre suffisant pour contrôler la totalité du pays", a-t-il déploré. M. Lellouche a toutefois rappelé avoir "approuvé la décision de Sarkozy d'envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan, car il est hors de question de laisser se réinstaller à Kaboul un régime qui fait le lit du terrorisme international". Au total, 24 soldats français ont été tués en Afghanistan depuis l'engagement des forces françaises dans le pays en 2001.