Compter à longueur de journée, c'est certes déprimant ; mais par les temps qui courent, il vaut mieux être près de ses sous. C'est dans cet esprit que nous avons tenté par des estimations approximatives très optimistes de savoir à combien pourraît revenir ce mois-ci pour les petites et moyennes bourses. Dans nos calculs, nous n'avons tenu compte que de dépenses fondamentales se rapportant à l'alimentation, au logement, à la consommation d'électricité (les factures vous sont déjà parvenues, n'est-ce pas ?), à la rentrée des classes et à quelque « divers ». Les chiffres proposés concernent des familles de 4 membres seulement (les parents et deux enfants). Nous avons par ailleurs considéré les prix en cours actuellement et sommes même revenu à des prix d'il y a plus de 20 ans. Commençons par les ménages aux revenus faibles ; voilà ce qu'ils pourraient débourser pour un très modeste repas d'Iftar pendant le mois saint : 2 dinars pour les légumes (essentiellement des tomates, des piments, des oignons, des pommes de terre, du persil et du céleri) ; 1 dinar pour l'achat de pâtes, de tomates et d'harissa en conserve, d'huile et d'épices ; 1D500 pour payer le pain et le lait, 500 millimes pour les œufs et 1 dinar pour le dessert (fruit, fromages, yaourt...). Cela fait 6 dinars par jour pour un repas sans viande d'aucune espèce animale. Par mois cela donne 180 dinars à titre de frais d'alimentation. Ceux de la rentrée scolaire peuvent atteindre facilement 130 dinars par enfant scolarisé (donc 260 dinars de plus) ; doivent s'ajouter à ces sommes le coût du loyer (un minimum de 100 dinars) et le montant de la dernière facture d'électricité (au moins 20 dinars). Dans la rubrique des divers, nos estimations n'ont pas excédé les 20 dinars. Au total, cela fait 580 dinars, chiffre qui ne tient pas du tout compte des dépenses à consacrer aux loisirs, à l'habillement des parents, à d'éventuelles réparations, au paiement d'autres factures ou traites. Dans une famille à revenu moyen, et sur la base des mêmes critères, les dépenses s'élèveraient à plus de 800 dinars selon la répartition très optimiste qui suit : 300 dinars pour l'alimentation, 250 dinars pour les frais de l'école, 200 dinars pour le loyer, 50 dinars pour le transport et 40 dinars pour les divers. Là aussi bien d'autres paiements inévitables ont été soustraits du décompte. Le double salaire pour la survie A la lumière de ces données, il apparaît évident que seul un double salaire permettrait à chacune des deux familles de s'en sortir avec le moins possible de stress et de privations. La cherté de la vie impose aujourd'hui aux couples de s'entraider pour subvenir à tous les besoins. Les familles peuvent même compter sur d'autres revenus que ceux des conjoints pour survivre ou pour vivre décemment. Des milliers de jeunes filles et de jeunes garçons travaillent pour au moins épargner leurs propres dépenses à leurs parents. Qui d'autre part peut nier que les enfants contribuent aussi au budget de la famille en s'adonnant occasionnellement ou de façon permanente à de petits métiers ? La situation des familles monoparentales (dont le nombre tend à s'accroître chez nous), est très souvent dure à supporter, notamment pour beaucoup de femmes divorcées ou veuves ayant des enfants à leur charge. Certaines d'entre elles trouvent refuge et assistance auprès de parents relativement aisés ou de voisins charitables ; mais les Mères Courage qui luttent seules et en silence existent encore malgré les tentations immorales d'un environnement malsain. Les plus démunis comme les moyennement aisés affrontent ce mois de septembre 2008 (décidément, septembre sent la catastrophe un peu partout) avec beaucoup d'appréhensions. Comment dès lors parler d'économie et d'épargne ? La plus rigoureuse des politiques d'austérité ne saurait permettre aux salariés de mettre de côté le moindre sou. Le risque est certain qu'on grignotera les économies des mois précédents. Le tableau est sombre et cruellement réaliste. C'est pour cela que les consommateurs doivent gérer de la manière la plus économe leurs revenus et se retenir davantage qu'auparavant devant les vitrines et les étals de la ville. La recommandation-nous tenons à le préciser- ne vise pas que les femmes !