Le Temps-Agences - Le général américain David Petraeus a pris hier le commandement des quelque 140.000 soldats américains et alliés déployés en Irak, avec pour mission d'appliquer une nouvelle stratégie sécuritaire que beaucoup à Bagdad ont qualifié de plan de la dernière chance. "Il est temps pour tous les Irakiens de rejeter la violence, le crime et la corruption et de relever la tête contre ceux qui emploient de telles méthodes pour poursuivre leurs buts", a dit le général Petraeus lors d'une cérémonie dans la région de Bagdad. La cérémonie s'est déroulée devant un parterre de personnalités américaines et irakiennes, sous les lustres d'un ancien palais de l'ex-président Saddam Hussein à Camp Victory, vaste base américaine à la périphérie de la capitale irakienne. "La responsabilité est très lourde. En vérité, elle est trop lourde pour une seule personne et nous devrons partager le fardeau et avancer ensemble", a confié le nouveau commandant de la Force multinationale, ajoutant que malgré tout "les chances de succès sont bonnes". "En cas d'échec, l'Irak sera condamné à la poursuite de la violence", a-t-il prévenu en promettant qu'il tenterait de faire preuve du "meilleur leadership" possible. Le général Petraeus, 54 ans, connaît bien l'Irak, où il a passé deux ans et demi après l'invasion américaine de mars 2003. Il a commandé de 2003 à 2004 la prestigieuse 101ème division aéroportée, dont le commandement se trouvait à Mossoul et était à ce titre responsable de la région nord. Il a aussi supervisé la remise sur pied des forces irakiennes, jusqu'en septembre 2005. Militaire râblé, il est l'un des architectes de la nouvelle stratégie annoncée par le président George W. Bush en Irak, qui prévoit un renfort 21.000 soldats attendus d'ici mai. Ce plan, souvent qualifié de "plan de la dernière chance" par les Irakiens eux-mêmes, prévoit le déploiement dans la capitale de 35.000 GI's et 50.000 soldats et policiers irakiens. Avant de lui transmettre le commandement, son prédécesseur, le général George Casey, interrogé sur ses plus grandes craintes pour l'Irak, a répondu: "le peuple irakien n'arrive pas à tourner la page du passé". "Ce n'est pas un secret: la dramatique attaque de la mosquée de Samarra a changé la donne", a-t-il dit en allusion à la violence confessionnelle sanglante déclenchée par l'attentat en février 2006 contre le mausolée chiite dans cette ville sunnite au nord de Bagdad. La prise de fonction du général Petraeus intervient après une semaine particulièrement sanglante aussi bien pour les Irakiens que pour les troupes américaines. Le 3 février, Bagdad a été frappée par l'une des attaques les plus meurtrières depuis 2003, avec l'explosion sur un marché d'un camion piégé qui a tué au moins 130 personnes. Depuis, des centaines de victimes d'attentats et exécutions sommaires ont encore été rapportées aux quatre coins du pays. En une semaine, depuis le 3 février, 19 soldats américains ont péri en Irak. Samedi encore, la violence n'a pas eu de répit. Selon des sources policières, neuf personnes ont péri dans des attaques à travers le pays, dont quatre dans un attentat à la voiture piégée face à une boulangerie du quartier majoritairement chiite de Karrada au centre de Bagdad.