Trois coups de ciseaux assénés par le tueur, coiffeur de son état. Marié et père d'une fillette, ce jeune homme de vingt-neuf ans travaillant en tant que technicien à " Tunisiana ", bénéficiait de l'estime tant de ses collègues de travail que de ses amis et de tous ceux qui le connaissaient à la ville de Mahdia où il avait élu domicile. Il était particulièrement lié d'amitié à un quadragénaire qui était coiffeur de son état à Mahdia. Ils se connaissaient depuis voilà bientôt dix ans et étaient de ce fait inséparables. Rien ne pouvait affecter leur relation devenue au fil du temps plus que fraternelle. La nouvelle du meurtre du jeune technicien s'abattit comme la foudre sur tous ceux qui l'avaient connu. Ils étaient d'autant plus affectés en apprenant que l'auteur du meurtre n'était autre que ce même coiffeur et néanmoins ami intime de la victime. Quel était le mobile du meurtre ? Les deux amis , selon le frère de la victime, s'étaient disputés à cause de la modique somme de vingt dinars. L'auteur des faits lui porta un coup de ciseaux en plein cœur, qui lui fut fatal. Pour essayer de comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire, notre consœur Assbah Al Ousbouî, a rencontré M.Badî Mansour, frère aîné de la victime qui, bien qu'affecté par la disparition tragique de son frère a bien voulu donner certaines précisions autour de ce drame qui affecta toute une famille, dont notamment sa veuve et sa petite enfant dont il était le seul soutien. Le meurtrier qui était en état de fuite fut arrêté en un temps record grâce à la diligence des agents de la brigade criminelle de la région dont il importe de louer l'efficacité et l'effort qu'ils avaient toujours déployé dans de pareilles circonstances. L'arme du crime, en l'occurrence des ciseaux, ont été saisis par les agents de la brigade criminelle, ainsi qu'une lame de rasoir dont était également armé le coiffeur en question, au moment des faits. " Ils étaient liés d'une grande amitié et avaient des traits communs qui étaient de nature à raffermir leurs liens : Ils étaient tous les deux orphelins et de ce fait il se soutenaient et s'entraidaient sans cesse, tant moralement que matériellement. Il arrivait au coiffeur d'être renvoyé de chez lui, par sa mère suite à une dispute, et le défunt lui permettait de passer quelque temps chez nous à la maison. Aucun de nous ne voyait d'inconvénients à cela ; bien, au contraire ! Il lui arrivait également de rester sans travail en fermant le salon de coiffure pendant quelque temps ; On n'hésitait pas à l'aider matériellement. Dans toutes ces circonstances on était toujours là pour le soutenir, et surtout mon frère Karim qui était d'un tempérament très généreux. Karim qui travaillait à " Tunisiana " était féru de musique. Le soir il faisait le DJ dans les galas, et n'hésitait pas à me donner un coup de main au magasin de vente de CD que je tiens à Rjiche. Le jour du drame, mon frère alla travailler comme DJ chez un particulier à Sfax et demanda à son ami le coiffeur de l'accompagner et auquel j'ai donné le même jour la somme de 250 dinars. " Quant en ce qui concerne les circonstances du drame, le frère de la victime affirma que le coiffeur demanda à la victime de lui graver quelques CD et lui aurait remis en contrepartie la somme de 20 dinars. Cependant il se serait désisté ultérieurement et demandé de ce fait à mon frère de lui rembourser la somme de 20 dinars qu'il lui avança. La victime aurait perdu le billet de 20 dinars en question, mais le meurtrier se mit en colère croyant que mon frère était de mauvaise foi et qu'il ne voulait pas lui rendre son argent. Une altercation éclata entre eux, alors qu'ils étaient encore chez le particulier. Puis après avoir quitté les lieux, ils allèrent chacun de son côté. Puis tout se passa très vite et ce fut le drame. " Un coup en plein cœur : Le frère de la victime marqua un temps d'arrêt puis poursuivit après un long soupir : " J'étais chez moi lorsque j'entendis frapper à la porte. Je sortis pour ouvrir. Le visiteur n'étais que le coiffeur que j'étais étonné de voir à pareille heure. Il m'affirma qu'il avait remis la somme de vingt dinars à Karim et que celui-ci refusait de la lui restituer. Mais Karim nous rejoignit quelques temps après et une discussion animée eut lieu entre eux. Je suis arrivé tant soit peu à les séparer après avoir essayé de les réconcilier. Le coiffeur repartit chez lui , tandis que Karim regagna sa chambre pour se coucher. Cependant après quelques minutes, et précisément vers deux et quart du matin, je fus surpris de voir le coiffeur revenir et appeler Karim à haute voix. Mon frère sortit de la maison pour s'enquérir de ce qu'il en était. Mais la dispute reprit de plus belle pour tourner au drame. Lorsque j'ai entendu mon frère crier je me suis rhabillé et sortit dans la rue . J'ai été surpris de l'état d'hystérie dans lequel se trouvait le coiffeur qui venait de lui porter le coup mortel à Karim. Avant de prendre la fuite et alors que Karim était à terre, le meurtrier profita de la situation pour lui porter deux autres coups de ciseaux . C'est un vrai drame dans la famille qui nous a tous affectés. Le frère de la victime adressa à cette occasion sa gratitude à la société " Tunisiana " dans laquelle travaillait la victime et qui n'a pas manqué de faire tout ce qu'il faut pour soutenir sa famille tant sur le plan matériel, que moral D'après Al Ousbouî (reportage de Sabeur Mkacher)