Durant les dernières années le secteur de l'éducation et de la formation n'arrête pas de connaître des mesures et des décisions successives le plaçant au cœur des préoccupations nationales. Réformes, promotion, modernisation sont les ingrédients de ces mesures qui tiennent compte des constantes de notre système, comme la gratuité de l'enseignement et son caractère obligatoire. Vendredi dernier le Chef de l'Etat a pris de nouvelles décisions, objet de la conférence de presse tenue, hier par M. Sadok Korbi, ministre de l'Education et de la Formation au Centre de la Presse internationale de Tunis à l'ATCE.
Les nouvelles mesures prises ont un dénominateur commun, la quête de la qualité que ce soit dans les programmes, l'évaluation, le cadre enseignant ou celui dirigeant les établissements d'éducation ou de formation. Au niveau de l'évaluation le système actuel fait que l'élève doit attendre l'examen du baccalauréat pour subir un examen d'évaluation de ses connaissances, à l'exception de ceux qui passent le concours d'entrée aux lycées pilotes, au niveau de la neuvième année de l'école de base. « Désormais, à la fin de la quatrième année de l'école de base, l'élève va subir un examen régional d'évaluation avant de passer au cycle suivant », déclare le ministre après avoir rappelé que « la Tunisie établit seule ses réformes tout en s'inspirant des expériences dans les pays étrangers ». 183 mille élèves seront concernés par cette évaluation qui aura lieu entre la deuxième et la troisième semaine du mois de Juin. L'examen portera sur quatre matières de base : la langue arabe, le français, l'éveil scientifique et le calcul. L'analyse des résultats de cette évaluation permettra de connaître les différences entre les différentes écoles et de déterminer les écoles prioritaires où il faudra intensifier les cours de rattrapage. L'évaluation n'intéresse pas seulement, l'élève, elle concerne aussi l'école.
Mieux encadrer les lauréats La deuxième décision est la création de collèges pilotes à partir de septembre prochain. Ils seront, au début, implantés dans quelques régions, puis généralisés progressivement sur tout le pays. L'objectif est de s'occuper davantage des lauréats. L'entrée à ces collèges se fera sur la base d'un concours portant sur les matières de bases à savoir l'arabe, le français, l'éveil scientifique et le calcul. « Le ministère pense sérieusement ajouter l'anglais », dit le ministre en ajoutant que « la décision définitive n'est pas encore prise ». Ce concours aura lieu entre la deuxième et la troisième semaine de juin prochain, après une présélection sur dossier où ne seront retenus que les élèves âgés de douze ans accomplis et qui n'ont jamais redoublé. Les programmes enseignés seront les mêmes que ceux de l'enseignement général avec des changements au niveau du rapport avec l'environnement, de l'approche et de la langue d'enseignement. Dans ces collèges le travail par groupe sera introduit et l'informatique sera enseignée en anglais. En même temps, des collèges techniques ouvriront leurs portes la saison prochaine. La décision est prise trois jours après la fin de la consultation nationale sur la formation professionnelle. Les élèves les intègreront à partir de la fin de la septième année de l'école de base. Ces collèges doivent réaliser deux objectifs : permettre à l'élève de maîtriser des compétences manuelles tout en ayant la même formation que leurs camarades du cycle général dans les disciplines scientifiques et sociales.
Double fonction Des passerelles entre le système général et technique seront créées. « C'est une révolution dans le système de la formation professionnelle qui cesse d'être un moyen de repêchage pour devenir une voie royale vers le succès », déclare en substance le ministre. Le ministère organisera une campagne auprès des familles, des enseignants et des élèves pour faire connaître les avantages du système professionnel qui peut déboucher sur un baccalauréat professionnel. « Ce baccalauréat a une double fonction. C'est un diplôme qui permet d'intégrer le marché de l'emploi avec plus de chances de décrocher un travail. C'est aussi un passeport pour entrer à l'université », affirme le ministre. Quelle action entreprendre vis – à – vis du personnel d'encadrement et des enseignants qui mettront en pratique ces réformes ? L'Institut des Métiers de l'Education et de la Formation sera ouvert à partir de septembre prochain. Il formera les instituteurs, les professeurs et les directeurs. Les futurs enseignants auront un complément de formation axée sur l'aspect psycho – pédagogique. Les futurs directeurs auront une formation adaptée à leurs fonctions. Une commission mixte avec le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique finalisera la création de cet institut. Dans la vie scolaire, la décision est prise pour dynamiser l'animation culturelle et sportive à l'intérieur des établissements scolaires.
Une plus grande animation Dans cet ordre les Conseils des établissements scolaires auront un rôle primordial à jouer. Dans ces Conseils, crées en vertu de l'article 32 de la loi d'orientation du 23 juillet 2002, les élèves sont représentés. Une semaine de démocratie a été vécue par nos élèves, car l'école n'est pas seulement un lieu où les savoirs sont dispensés. C'est aussi un lieu d'apprentissage de la vie civile. Le corps enseignant en dépit de l'opposition du syndicat est représenté dans les conseils d'établissement. Sur 40 mille instituteurs candidats, 30 mille ont réussi. Et, sur 14 mille enseignants du secondaire qui ont présenté leurs candidatures 11 à 12 mille sont membres de ces Conseils devenu une réalité. Ils auront à établir le projet pédagogique de l'institution en tenant compte de leurs spécificités. L'animation culturelle est totalement intégrée à la vie scolaire, pour former une génération d'élèves qui ont un esprit critique. Des ciné – clubs, des cinés – jeunesse avec débats suivant les projections de films seront généralisés, surtout dans les régions intérieures du pays. Une liste de 70 films a été établie avec le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine. Une attention particulière sera accordée aux clubs scientifiques, d'environnement, de diffusion de la culture d'entreprise et de la bourse. Des excursions à caractère scientifique seront organisées. Elles seront obligatoires à raison de deux excursions par an au premier cycle de l'Ecole de base, puis trois par an par la suite. Lorsqu'il arrive au baccalauréat, l'élève devra avoir connu son pays avec ses différents sites et monuments historiques. Enfin, avant juin 2007, toutes les écoles seront connectées à l'Internet. L'ADSL ainsi que le Wimax seront introduits.