Après la restauration assez remarquable de la mosquée de la Kasbah qui a retrouvé sa splendeur d'antan, c'est au tour de la grande mosquée de la ville de Bizerte de subir une action similaire et même plus vaste avec en plus la substitution de toute la toiture sous forme de coupole des lieux. En effet, ce site original et légendaire, l'un des plus anciens lieux de culte de la capitale du nord, qui a été en partie reconstruit en 1652 soit en 1060 de l'hégire par les ottomans, sous le règne du Bey Hammouda Bacha, demeure depuis l'un des plus importants lieux de culte de la région. Il est vrai que la grande mosquée occupe une position de choix dans la médina, elle s'élève sur les quais du vieux port qui était à cette époque le port d'attache de la flotte beylicale. Ce quartier romantique et baroque de la rive nord-ouest du port punique semble avoir été en grande partie rénové sous les beys mouradites, le style architectural de cette partie de la médina montre bien que la plupart des constructions qui entoure la grande mosquée ont été élevée ou rénovés à peu près à cette même époque. C'est le cas des Zaouïas de Sidi Mokhtar Dey, de Sidi Mostari, de Sidi Ahmed Tijani etc, qui font parti du patrimoine architectural traditionnel du pays. Par ailleurs, ce lieu de culte, renferme des stèles, des colonnes en marbre, venant de sites antiques, des murs en pierres venues des remparts de citadelles en ruine. Un somptueux mihrâb dont l'arc de tête est en fer à cheval plein-cintre brisé à claveaux alternés. La partie basse est flanquée de quatre colonnettes en marbre noir qui repose sur des socles et des bases du type « turc», ces colonnettes sont coiffées de chapiteaux du type hafcide. La niche en demi-cercle lambrissée de marbre qui forme les arcatures garnies de plâtre sculpté avec un encorbellement faisant saillie sur la façade du mur de la qibla en front de mer et qui repose sur quatre corbeaux. Le man bar richement ornée en harmonie avec le minaret a plan octogonal, unique dans la région et qui constitue l'élément architectural le plus marquant de la grande mosquée, comme la salle de prière qui peut accueillir plus de 600 fidèles. Quant à l'opération de mise en valeur de ce monument, entreprise dès l'année dernière après la commémoration de la nuit du destin, elle est actuellement au stade de la finition et probablement cette restauration prendra fin en décembre 2008 prochain. Par ailleurs, les travaux se poursuivent actuellement avec célérité sous la conduite d'experts de l'Institut National de l'Archéologie et du Patrimoine, en collaboration avec l'Association de sauvegarde de la médina de Bizerte. Notons qu'une commission de collecte des fonds présidée par M.Ahmed Kéfi, parallèlement au budget réservé par le gouvernorat, supervise le volet financier de cette opération à laquelle le ministère des Affaires religieuses accorde un intérêt particulier pour la préservation des lieus du culte et leur lifting toujours renouvelés. L'enveloppe globale de cette action se situe, après réévaluation autour de deux cent quatre vingt mille dinars. Il est cependant à signaler que l'exécution des travaux sont entièrement exécutés par les artisans de la ville de Bizerte (maçon, forgeron, menuisier, lustrerie, ébéniste..) qui déploient tout leur savoir faire pour ressusciter ce lieux saint de grande portée historique qui consolidera le riche patrimoine de la capitale du nord.