A l'instar de toutes les fêtes religieuses et des grands évènements de la vie individuelle et collective, la Nuit du destin, célébrée ce soir et demain 26 et 27 ramadan, à travers toutes sortes de cérémonies solennelles, reste, aussi, dans les esprits, une précieuse occasion pour formuler des vœux et des souhaits de bonheur, d'autant plus ardents que les chances de les voir se réaliser sont sûres et certaines. Au cours de cette Nuit, dit-on, la très haute porte du Trône divin s'ouvre, au fin fond des cieux et se laisse voir sous la forme d'une lumière intense, à certains hommes en particulier, leur donnant, par la même circonstance, le moyen de formuler des vœux et des souhaits qu'ils sont sûrs de voir s'accomplir sur le champ.
Cupidité, bêtise et ignorance Bien que des citoyens interrogés pensent trouver dans cette croyance ''sacrée'' une transposition de l'habitude de formuler des vœux à la vue des étoiles filantes, beaucoup demeurent religieusement convaincus de sa véracité, en sublimant sa signification. L'un d'eux signale, à cet égard, que le Coran a magnifié cette nuit plus spécialement et affirmé en substance que Dieu et ses anges y « descendent », c'est-à-dire qu'ils « se rapprochent » davantage du monde matériel des hommes. Cependant, a ajouté un autre, les humains se sont montrés, jusqu'à présent, indignes et incapables de profiter, comme il se doit, de cette générosité divine, à cause de leur cupidité et de leur bêtise, à en juger par les nombreuses histoires racontées par les différents peuples de la terre concernant les situations en question. Dans tous les cas rapportés par ces histoires, la personne « désignée » à recevoir les dons divins est portée par la cupidité et l'ignorance humaines, à formuler un vœu extravagant dont la réalisation immédiate l'éclaire subitement sur sa bêtise et alors cette personne se trouve obligée de prier humblement son bienfaiteur de la ramener à son état antérieur, en renonçant, avec soulagement, au bien « empoisonné » qu'elle avait demandé. Un autre citoyen estime plus vrai de comprendre les vœux et les souhaits que les personnes désignées peuvent formuler, dans ces cas, comme des engagements solennels qu'on fait sur le chemin de la vie, plutôt que de les comprendre dans le sens de dons et de présents matériels, encore que, même compris dans ce sens, a-t-il dit, il faille savoir mériter les dons et les présents qu'on vous offre généreusement. Le mois de Ramadan constitue, aussi, pour les fidèles, le mois idéal pour offrir des cadeaux et des présents aux autres. Or, souligne notre interlocuteur, sur ce plan, également, l'homme a tendance, soit à en redemander davantage, soit à se montrer ingrat, soit encore à faire mauvais usage de ce qu'on lui donne, comme en témoigne le massacre qu'il fait subir à la Nature, malgré les dons incroyables qu'elle ne cesse d'offrir, sans compter, à tous les habitants de la terre. D'ailleurs, nous a dit un commentateur, dans les diverses représentations et les images que les hommes se sont forgés d'eux-mêmes, durant leur longue histoire, ils reconnaissent volontiers être les auteurs de tous les maux qui les frappent, précisément à cause de la cupidité et de l'ignorance dont ils font preuve en pareilles occasions, et cet aveu représente, peut-être, l'unique qualité qu'ils ont pu acquérir, jusqu'à ce jour.