Tunis - Le Temps : La ville de Moknine a été ébranlée il y a deux semaines par le meurtre d'une dame âgée, et mère de famille. Elle fut abattue de la façon la plus cruelle et la plus barbare, par ce jeune homme qui n'était autre que son gendre, et qui lui porta trois coups à la tête avec le manche d'une binette. Le plus original dans toute cette affaire fut que ce jeune sorti de ses gonds n'hésita pas à commettre cet acte barbare devant le commissariat de police de la ville. Mais qu'est-ce qui l'a incité à agir de la sorte ? La cause principale de ce crime étaient les différends qu'il avait constamment avec son épouse et par voie de conséquence avec toute la famille de celle-ci. La sœur de la victime abattue et étranglée par les sanglots expliqua que les relations entre la défunte et son époux s'étaient gâtées depuis plusieurs années. Cela faisait presque vingt ans que le meurtrier était marié, avec la fille de la victime qui lui donna deux enfants dont le handicap de l'un d'eux n'était pas pour faciliter les choses. L'époux originaire de Kairouan, travaillait comme chauffeur dans une institution universitaire. Pendant le Ramadan de l'année dernière il changea d'emploi et les relations avec son épouse furent davantage affectées. Il devint de plus en plus violent n'hésitant pas à la battre à la moindre broutille et pour n'importe quel motif futile. Il y a trois mois il l'avait violemment agressée au point de lui causer de profondes blessures nécessitant plusieurs points de suture. Elle se trouva dans l'obligation de porter plainte contre lui, certificat médical à l'appui. Il quitta alors le domicile conjugal et alla s'installer chez un cousin à lui, tandis que ma sœur alla chez mes parents. Entretemps il fit intervenir des membres de la famille afin d'amener ma sœur à retirer sa plainte et les réconcilier. Ma pauvre sœur posa alors une condition pour regagner le domicile conjugal : lui léguer la moitié de ses biens. Elle voulait par là l'empêcher de les dilapider en les vendant à des tiers moyennant un prix dérisoire. Elle demanda en outre qu'il lui restitue les affaires lui appartenant qu'il lui avait confisqués, en les transportant du domicile conjugal, à un endroit inconnu. L'époux donna un accord de principe qui amena ma sœur à rejoindre le domicile conjugal. Mais à son grand étonnement, elle apprit que son époux qui ne manqua de la rejoindre, avait cependant vendu tous ses biens. La réaction de l'épouse ne se fit pas attendre. Aidée de sa sœur elle récupéra une partie de ses affaires, que son époux avait finalement déposés chez ses parents à Kairouan. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. L'époux ayant appris qu'elle avait repris ses affaires s'empressa de lui téléphoner en lui disant mot à mot : si je t'avais rattrapée je t'aurais égorgée ! Il alla par la suite déposer une plainte pour vol contre son épouse au commissariat de Moknine. Celle-ci reçut une convocation pour se présenter au dit commissariat afin d'être entendue sur les faits que son époux lui reprochait. Elle se dirigea sans tarder vers le lieu indiqué, où elle fit sa déposition en ne manquant pas de révéler aux agents de la brigade judiciaire l'attitude violente de son époux à son égard. Sa mère s'inquiétant décida d'aller au commissariat de Moknine afin de s'enquérir de ce qu'il advint de sa fille. Mais elle fut surprise, en arrivant devant le poste de police, par son gendre qui était dans tous ses états. Il ne lui laissa même pas le temps de réaliser ce qui se passait. Il alla chercher un manche de binette qu'il avait mis sur le porte-bagage de sa mobylette et brusquement il lui porta trois coups sur la tête. La pauvre dame s'affaissa sur le sol, gisant inanimée dans son sang. Les agents de l'ordre accoururent pour l'arrêter séance tenante. Secourue la victime succomba hélas à ses blessures le lendemain à l'hôpital de Monastir. Quant au forcené, il ne put que reconnaître son forfait, déclarant toutefois qu'il avait agi sous l'emprise de la colère et qu'il n'avait pas l'intention de tuer. Il fut inculpé d'homicide volontaire et fit l'objet d'un mandat de dépôt par le juge d'instruction du tribunal de première instance de Sousse, qui poursuit l'enquête afin de déterminer les tenants et les aboutissants de ce fâcheux drame familial. D'après notre confrère de Dar Assabah "Al Ousbouii"