"Deux coups percent le tambour" disait l'adage populaire. Que dire d'un troisième coup ? Pour le citoyen ; le premier coup fut ressenti au début de ce mois saint. Le deuxième à l'occasion de la rentrée scolaire. Le troisième, il est en train de l'assumer à l'occasion des préparatifs de l'Aïd. Salariés, retraités, chômeurs, déjà endettés jusqu'au cou, ils ne savent plus à quel saint se vouer. N'arrivant plus à joindre les deux bouts, ils finirent par obtempérer à l'injonction. C'est-à-dire répondre favorablement à tout ce que leur demandent les enfants.... Et l'épouse, quitte à emprunter encore de l'argent... à un moment où les prêteurs se font de plus en plus rares. Slah, un chauffeur dans une usine de confection, semble porter toute la misère du monde dans son regard. A peine sorti d'une situation pécuniaire difficile, que les dépenses de la fête de l'Aïd lui tombèrent sur la tête. Slah parlait seul dans la cabine de la camionnette qu'il conduisait depuis une dizaine d'années. Un one man show sans public ! ! ! ! (imaginé bien sûr). -Qui payer le premier et qui attendra le salaire de la fin du mois d'octobre prochain ? -L'épicier, qui m'a approvisionné tout le long du moins sacré ? -Le volailleur, qui m'a fourni poulets escalopes de dinde... ? -Le fruitier, qui ne m'a jamais refusé le dessert indispensable en ce mois saint ? Et si je paye tout ce beau monde... que me reste-t-il alors pour faire face aux dépenses de l'Aïd, à savoir l'achat des vêtements de luxe pour les enfants devenus adolescents qui savent quoi acheter et répondre au désir de leur mère à savoir préparer les gâteaux de l'Aïd comme toutes ses voisines du quartier. Slah a enfin décidé de payer ses dettes, mais il a également décidé d'emprunter de l'argent ; à savoir la somme de quatre cents dinars qui est la totalité de son salaire du mois d'octobre prochain.... Pour faire plaisir à tout le monde. Othman, fonctionnaire dans une administration disait de son côté : "Un prêt CNR de quelque 800 dinars... un autre emprunt de chez un ami et mon salaire du mois de septembre soit 1700 dinars environ n'ont pas suffi pour répondre aux besoins de ma famille durant le mois de Ramadan (Nourriture - Location d'un studio à Monastir pour l'un de mes fils, étudiant... fournitures scolaires etc...), Othman comme Slah compte emprunter de l'argent pour la fête de l'Aïd.
Shopping coloré : Entre l'exorbitant... et l'abordable Dans les rues commerçantes de la ville, qui grouillent de monde ces derniers jours du ramadan. Les vitrines clinquantes attirent les chalandes... les prix des vêtements s'envolent dans les endroits dits huppés de la ville... mais abordables dans d'autres loisirs. "Quand on a des enfants, on ne compte plus, même si toutes les dépenses érodent mon pouvoir d'achat" retroquait Falah S. un rond-de cuir, père de quatre enfants, qui prépare déjà sa retraite. Dans d'autres endroits des échoppes et des étals prirent place à même le trottoir pour proposer vêtements confectionnés à Ksar Helal ou importés de Turquie et des pays asiatiques à des prix à la portée de toutes les bourses. Amina, une femme au foyer trouve ses comptes en ce genre d'endroits. "Je suis mère d'une fille de cinq ans et d'un garçon de trois ans... ces derniers ne savent rien de la vie acceptent tout ce que je leur achète" souriait-elle en embrassant les joues de sa progéniture qu'elle tenait entre ses bras.
Seul le Makroudh est prisé Contrairement aux autres grandes villes, et à l'exception de quelques étalages de fortune installés près des gares routières de la ville, à Kairouan, il n'y a pas de ruée devant les pâtisseries. Les familles préfèrent préparer leurs propres gâteaux, à savoir Makroudh. Ghraïba - Baklaoua... chez eux. D'ailleurs une grande activité est remarquée ces derniers jours devant les boulangeries qui ne ferment qu'à une heure tardive de la nuit. Seules les boutiques du Makroudh continuent à attirer les acheteurs principalement des voyageurs se dirigeant vers le nord ou le sud du pays, ces derniers, à queue attendent leur tour pour acheter de grandes quantités de ce gâteau qui caresse l'œil et excite l'appétit... pour la famille et pour les amis. Elan de solidarité 700 mille dinars distribués aux familles démunies L'élan de solidarité, s'est du nouveau concrétisé durant ce mois saint avec notamment l'ouverture des resto du cœur la distribution de produits alimentaires, de vêtements et des fournitures scolaires. A ce propos plus de 700 mille dinars ont été distribués aux familles nécessiteuses. Des cérémonies seront également organisées à l'occasion de la fête de l'Aïd pour la circoncision d'un bon nombre d'enfants issus de familles pauvres.
Faire comme Harpagon Vendredi prochain, la vie reprendra son cours normal. Il n'y aura ni surconsommation, ni dépenses excessives ni veillées ramadanesques. Il faut faire comme Harpagon, afin de parvenir à rembourser les crédits accumulés au cours de mois saint.