Ce que les passagers des trains en direction de Ghardimaou ont vécu Vendredi dernier (3 octobre) relève tout simplement du cauchemar. A l'aller comme au retour, chaque voyage ressemblait à un périple infernal. Nous avons nous-mêmes été témoins de deux épisodes du terrible calvaire de plusieurs centaines de voyageurs dont une bonne partie a fini par désespérer de la possibilité qu'un jour les lignes du Nord connaissent de réelles améliorations comparables à celles entreprises régulièrement sur les autres lignes. Le supplice commença donc à bord du train de 6h 35 du matin qui mit une heure pour atteindre Jedaida, c'est-à-dire pour parcourir moins de 30 kms. A ladite gare, le véhicule s'arrêta net pendant une bonne heure pour une panne constatée dans la locomotive. C'est seulement à 8h35 que le train se remit en marche pour arriver à Ghardimaou aux environs de midi. Quelques voyageurs n'ont pas manqué de protester auprès du chef de la gare de Jedaida, mais celui-ci finit, après plusieurs tergiversations, par avouer son impuissance face à de telles défaillances techniques. A bord du train, nous avons interrogé un jeune inspecteur commercial sur les raisons de la fréquence des pannes sur cette ligne en particulier. Il précisa d'abord que la réponse à nos questions n'était pas de son ressort puis voulut bien nous fournir quelques éclairages sur la situation, déplorant notamment le manque de moyens et la difficulté d'entreprendre de profondes transformations sur les voies du Nord parce que, dit-il, elles répondent aux normes internationales (un mètre 40 cm de largeur) alors que les lignes vers Sousse, Sfax et Gabès sont larges de seulement un mètre !! En fait, notre interlocuteur répondait par des faux-fuyants à toutes nos questions. A la fin, il détourna la conversation sur d'autres sujets tels la resquille et le vandalisme dans les trains du Nord. Il n'a cependant pas omis de nous dire qu'il avait rédigé son rapport et qu'il le transmettrait en temps opportun à ses supérieurs. Il parla aussi d'une pétition qu'il joindrait à ce rapport, pétition signée, précisa-t-il, par... trois ou quatre passagers. Le train transportait ce jour- là près de mille voyageurs !!
Rebelote l'après midi L'après-midi, nous attendions à la gare de Jendouba le train de 17h12 (appréciez la précision des horaires affichés), quand un agent local de la S.N.C.F.T. informa les voyageurs que le train enregistrerait un retard d'une heure au moins ; quelque temps plus tard on apprit par une note affichée sur les guichets que le départ n'aurait lieu que vers 19h 15. En fait, le train n'entra à la gare qu'à 20h10 et la vitesse à laquelle roulait le véhicule laissait craindre un retard supplémentaire. M. le contrôleur eut pourtant assez d'effronterie pour prétendre qu'on gagnerait la gare de Tunis en deux heures seulement ! Une telle performance fait désormais partie des rêves impossibles des usagers de la ligne Tunis-Ghardimaou qui, soit dit en passant, se conduisent parfois avec une passivité et un fatalisme irritants devant les négligences répétées de la compagnie ferroviaire nationale. D'aucuns rappellent qu'ils ont maintes fois protesté et qu'à chaque fois leurs doléances ne trouvaient pas d'écho auprès des hauts responsables. Certains voyageurs habitués aux défaillances techniques des trains circulant sur cette voie ont appris à en rire et à en tirer profit : nous en avons vu qui révisaient leurs cours, remplissaient trois ou quatre grilles de mots croisés ou rattrapaient leurs heures de sommeil perdues. Ils sont maintenant sûrs que dans dix ou vingt ans, leurs descendants constateront les mêmes lacunes et après moult vaines plaintes et récriminations, finiront par suivre leur exemple et observer le silence des « agneaux » ! Ce qu'est navrant c'est que la SNCFT, patrimoine national, entreprise pérenne et internationalement bien cotée, mérite de meilleurs égards de la part de ses propres...employés.