Le Temps-Agences - Confrontées à une nouvelle journée noire sur les places financières mondiales, les grandes banques centrales ont annoncé hier une baisse concertée de leurs taux directeurs, une mesure choc qui n'a toutefois pas suffi à enrayer la spirale baissière des Bourses. Les Bourses européennes, en chute à l'ouverture dans le sillage de la Bourse de Tokyo qui a dégringolé de 9,38%, se sont reprises en fin de matinée, rassérénées par l'annonce des baisses des taux, avant de replonger dans le rouge dans l'après-midi. La nouvelle a dopé l'euro qui s'est affiché en nette hausse face au dollar en milieu d'échanges européens, valant 1,3604 dollar, contre 1,3599 dollar mardi soir. Six banques centrales mondiales dont la BCE et la Fed ont frappé un grand coup en abaissant de manière inattendue leurs taux directeurs, alors que la crise financière enfle et menace de plus en plus la croissance. La Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale américaine (Fed), et leurs homologues suédoise, britannique, canadienne et suisse ont toutes baissé leurs taux respectifs d'un demi-point. Et au même moment la Chine a elle aussi annoncé une baisse des taux des prêts à un an. Il faut remonter à 2001, après les attentats du 11 septembre, pour retrouver un exemple comparable d'action concertée, mais de moindre ampleur. En zone euro, le taux de refinancement passe désormais à 3,75%, aux Etats-Unis à 1,5%. La thérapie de choc des banques centrales a été immédiatement saluée par le président français Nicolas Sarkozy, qui y voit une "décision très importante". La chancelière allemande Angela Merkel a jugé que cette action pouvait "aider à restaurer la confiance.". Le Fonds monétaire international (FMI) a toutefois douché les espoirs d'une prochaine sortie de crise en estimant dans son rapport semestriel que "beaucoup de pays européens entrent ou s'approchent de la récession". L'organisme a encore abaissé sa prévision de croissance pour la zone euro à 1,3% cette année contre 1,4% auparavant, et table sur seulement 0,2% de croissance l'an prochain. La zone euro devrait faire moins bien que les Etats-Unis cette année, pour lesquels le Fonds table sur 1,6%, et guère mieux l'an prochain, puisque le rapport prévoit 0,1% de croissance outre-Atlantique. Ces prévisions ont pesé sur les Bourses européennes, qui sont repassées dans le rouge. A Paris, après une baisse supérieure à 2% à l'ouverture, puis une dégringolade à -8,18% dans la matinée, le CAC 40 revenait à l'équilibre à 12H00 GMT(14h00HT), avant de rechuter nettement pour abandonner 4,80% à 13H15 GMT (15h00 HT). L'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort s'enfonçait à nouveau mercredi en milieu de séance, perdant 4,68%, après avoir plongé de 6,82% dans la matinée. La Bourse de Londres était en nette baisse hier vers 13h15 GMT malgré l'adoption d'un plan de sauvetage des banques, le Footsie-100 cédant 4,50%. Les principales bourses européennes avaient ouvert en forte baisse dans le sillage d'une chute historique à Tokyo, sans considération pour l'annonce à Londres en tout début de matinée d'un plan massif de soutien au secteur bancaire britannique. Londres a annoncé un plan de sauvetage qui comprend une nationalisation partielle des premières banques du pays, via des prises de participation pouvant aller jusqu'à 50 milliards de livres (65 milliards d'euros). Le gouvernement britannique compte proposer une réforme de la régulation du système financier, demain lors d'une réunion à Washington des ministres des Finances et banquiers centraux des pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni). A Rome, le gouvernement italien a prévu l'adoption hier soir de "mesures urgentes pour garantir la stabilité des banques et de l'épargne", tandis qu'à Madrid, l'exécutif espagnol avait annoncé mardi la création d'un fonds de soutien au système financier de 30 milliards d'euros. La France a annoncé la mise en place d'une "structure juridique" qui permettra à l'Etat d'"intervenir financièrement" en faveur des banques. Mais les initiatives gouvernementales qui se sont multipliées depuis l'adoption du Plan Paulson, doté de 700 milliards de dollars, vendredi aux Etats-Unis, n'ont pas suffi à enrayer la spirale baissière sur les marchés. A Moscou, les deux Bourses RTS et Micex ont interrompu les échanges 35 minutes après l'ouverture après avoir enregistré des baisses de 11,25% et 14,35%. Bucarest a suspendu ses transactions jusqu'à aujourd'hui. A Tokyo, l'indice Nikkei a clôturé hier sur une chute de 9,38%, la pire depuis le "lundi noir" de 1987. La déconfiture a gagné toute l'Asie: en clôture, Hong Kong a perdu 8,2%, Bangkok 6,88%, Singapour 6,61%, Séoul 5,81%, Sydney 5% et Shanghai 3,04%. A Jakarta, la séance a été suspendue après une chute de plus de 10%. Mardi, Wall Street était tombé à son plus bas niveau depuis cinq ans après une chute de 5,11% du Dow Jones et de 5,80% du Nasdaq. hier, le Dow Jones a ouvert en baisse de 2,12% et le Nasdaq de 2,52%.