Disposant de fortes prérogatives de puissance publiques, la Douane n'en fait pas moins montre d'un degré remarquable d'ouverture sur son environnement, principalement le monde des affaires, en se prêtant à des rencontres avec les opérateurs économiques, que ce soit à l'intérieur du pays ou dans la capitale où s'exerce l'essentiel de l'activité douanière. Est-ce pour cultiver une autre image de marque, ou pour être en phase avec sa nouvelle vocation, celle inspirée par l'entrée en vigueur de la Zone de libre échange entre la Tunisie et l'Union européenne , ou encore parce qu'elle s'apprête à négocier des tournants capitaux , comme celui lié à la parution prochaine du code des Douanes, que l'administration des Douanes développe les mécanismes de proximité avec ses interlocuteurs ? Visiblement tout cela à la fois, mais encore et surtout au motif que les opérateurs économiques concernés par les opérations d'importation et d'exportations et, en général, celle du commerce extérieur, ont bien des choses à dire à l'administration des Douanes. L'occasion leur en a été offerte, hier, à la faveur d'une « Rencontre entre les opérateurs économiques et la Douane tunisienne » organisée par la Chambre de commerce et d'industrie de Tunis et l'Union régionale de l'Utica de l'Ariana. Les commerçants, industriels et prestataires de services se bousculaient au portillon, et la Salle des conférences Bir Belhassen, pourtant vaste, ne l'était pas assez pour contenir une aussi nombreuse assistance, ce qui, en dernière analyse, renseigne amplement sur l'étendue, la fréquence et la complexité des problèmes qui ponctuent les rapports de la Douane avec les opérateurs économiques.
Des dysfonctionnements à répétition Ceux de l'Ariana ne sont manifestement pas en reste, puisque ce gouvernorat contribue à hauteur de 8% au total des exportations de la Tunisie. On comprend dès lors ce qui peut en résulter en termes de problèmes douaniers, somme toute spécifiques à chaque opérateur au vu de la majorité des interventions faites tout au long de cette rencontre. Une observation relevée d'ailleurs par le Directeur général des Douanes Slimane Ourak qui s'est déclaré très disposé ainsi que ses services à examiner toutes les requêtes et surtout à y répondre, le cas échéant, au travers des structures représentatives des intervenants. Il n'empêche que dans l'éventail des difficultés soulevées, « l'arrêt momentané du système » revient comme un leitmotiv repris par la majorité des orateurs et auquel le DG des Douanes a promis d'apporter une solution radicale et définitive à partir de l'année prochaine, assurant que ce dysfonctionnement dont il n'a pu nier la fréquence « relèvera désormais des désagréments de 2008 ». Le « système » dont il est question, c'est le fameux SINDA (Système d'information douanière automatisé) qui est pourtant censé faciliter électroniquement les opérations de dédouanement. Et chaque intervenant y allé de son problème avec ce dispositif lui imputant, qui un manque à gagner auprès d'un fournisseur, qui un retard allant jusqu'à l'arrêt de la chaine de production, qui une lenteur qui l'aurait frustré de la conquête d'un marché... Tout en reconnaissant l'occurrence de dysfonctionnements, M Ourak a tenu à distinguer ceux se rapportant à la programmation et qui relèvent de l'administration des Douanes et ceux tombant sous la responsabilité de l'opérateur des télécommunications, essentiellement, les ruptures de réseau. En tout cas, il a été convenu de mettre en place une commission groupant les représentants de l'administration des Douanes, du ministère du Commerce et des entreprises à l'effet d'identifier avec précision la totalité des problèmes rencontrés et d'y trouver les solutions appropriés, et ce, en attendant la mise en œuvre de mécanismes performants et définitifs à la faveur desquels tous ces dysfonctionnements ne seront que de désagréables souvenirs. Ce sera chose faite à partir de 2009, a affirmé péremptoirement de Directeur général des Douanes. Dans une première étape, il sera créé davantage de permanences pour traiter diligemment et pratiquement à toute heure de la journée tous les problème de dédouanement que les usagers pourraient rencontrer dans la gestion des prestations. Dans la même lignée, tous les services administratifs seront liés les uns aux autres par le biais d'un dispositif adéquat.
En attendant le nouveau « SINDA » Surtout, une refonte totale du système SINDA sera engagée avec l'introduction de nouvelles technologies et l'adoption d'une nouvelle vision, elle-même génératrice d'une nouvelle culture dont les agents de la Douane vont devoir s'imprégner. Cela concernera naturellement et au premier chef les ressources humaines avec le lancement d'un nouveau programme de formation continue pour améliorer le rendement des préposés au dédouanement. A cette fin, un cabinet d'étude tunisien a été sollicité pour la conduite d'un programme de changement. Et puis, dans le dessein de réduire les délais des prestations, l'administration des Douanes va se doter d'un laboratoire d'analyse qui lui est propre, de même qu'elle va recruter, comme elle a commencé à le faire, des techniciens spécialisés , ce qui épargnera aux entreprises industrielles et autres la fastidieuse et longue collecte de la documentation exigée par les agents pour déterminer les spécifications des marchandises à dédouaner. Enfin, il est beaucoup attendu du nouveau code des Douanes et des textes d'application qui seront prêts bientôt et qui accélèreront le dématérialisation de l'activité douanière et des transactions s'y rapportant afin que la Douane soit dans son rôle d'accompagnateur des entreprises et, à son échelle, de levier de compétitivité.