Le Temps-Agences - Quelque 300.000 Libanais se sont rassemblés dans le centre de Beyrouth pour célébrer le deuxième anniversaire de l'assassinat de Rafic Hariri et soutenir leur gouvernement hostile à la Syrie, malgré l'attentat meurtrier d 'avant-hier au nord de la capitale, interprété comme un acte d'intimidation. Les forces de l'ordre avaient été déployées en nombre autour de la tombe de l'ancien Premier ministre, sur la place des Martyrs, où un compteur affiche le chiffre 730, qui correspond au nombre de jours que ses assassins ont passé dans l'impunité. Barricades et clôtures barbelées ont été mises en place pour séparer les partisans de la majorité de ceux de l'opposition, qui campent depuis le premier décembre devant le Grand Sérail, siège du gouvernement, pour réclamer sa démission. Milliardaire sunnite étroitement lié à la France et à l'Arabie saoudite, Hariri a été l'artisan de la reconstruction d'un Liban dévasté par la guerre civile de 1975-1900. L'ancien chef du gouvernement s'était dressé contre la Syrie, alors puissance tutélaire, quelques mois avant sa mort. "Nous sommes maintenant à l'heure de vérité, au dernier stade de la mise sur pied du tribunal international, dont l'avènement est pour bientôt, très bientôt", a déclaré son fils Saad, chef de file de la majorité anti-syrienne, s'adressant à une marée humaine mouchetée de drapeaux libanais et de ballons bleus, couleur de son Courant du futur. Le gouvernement libanais et le Conseil de sécurité des Nations unies ont donné leur feu vert à la mise sur pied de cette juridiction spécifiquement chargée de juger les assassins d'Hariri, faisant fi des objections du président pro-syrien Emile Lahoud et d'une opposition emmenée par le Hezbollah. Jugeant l'exécutif illégitime depuis la démission de cinq ministres chiites et d'un chrétien, elle réclame sa destitution ou l'attribution d'une minorité de blocage. La majorité l'accuse quant à elle de faire obstruction à la mise sur pied du tribunal international, qui requiert encore l'approbation du Parlement. "Nous sommes prêts à toutes les décisions courageuses pour le bien du Liban (...), mais le tribunal international est l'unique moyen de parvenir à une solution", a poursuivi Saad Hariri, s'exprimant derrière une vitre blindée. Les ténors de la majorité se sont succédé à la tribune pour fustiger le régime syrien auquel ils imputent l'assassinat de Rafic Hariri et les nombreux attentats commis depuis. Le chrétien Samir Geagea, leader des Forces libanaises, a quant à lui garanti que les criminels seraient "poursuivis dans le monde entier et jusqu'à la fin des temps", tout en assurant que Beyrouth saurait résister à la pression syrienne. L'Alliance du 14 mars, coalition antisyrienne qui a remporté les législatives de 2005, en a une fois de plus imputé la responsabilité à la Syrie. Damas a toujours démenti toute implication dans l'assassinat de Hariri, qui a suscité l'indignation de la communauté internationale et précipité le départ des forces syriennes en 2005, au terme de 29 ans de présence. Commerces, écoles et entreprises sont restés portes closes, hier, décrété jour férié par le Premier ministre Fouad Siniora.